Notre Bordel d'Amour

-Luc-

Luc, mon p'tit Luc,

Ne t'énerve pas tout de suite et attend avant de me faire un doigt d'honneur, tu risquerais d'être surpris.

Je sais, je ne te donnerai pas cette lettre, mais que veux-tu, l'écrire m'aide à ranger mes pensées en place.

Tu as vraiment été un ouragan dans ma vie, tu sais ? Non, tu ne sais pas ahah.

Que ce soit de l'amour ou non, je suis cependant obligé de l'admettre : tu n'as jamais été comme les autres.

Tu as toujours été plus que les autres.

Quand je suis avec toi, je me sens vivant. Je sens que je suis moi, Lucas, pas le fils d'untel, ou le voisin de machin. Non, je suis moi, quelqu'un. Et c'est incroyable.

Quand je te parle, mon anxiété sociale se tait, parce qu'elle sait que je ne l'écouterai pas, que je me sens bien avec toi, que je m'aimerais presque.

Quand je te touche, il y a comme une montée de chaleur, un souffle brulant qui monte en moi, qui me fait ressentir des trucs que je n'avais jamais senti avant.

Luc, je crois que sans toi je ne suis rien.

Est-ce une bonne chose ? Je n'en sais rien. Et je crois que je m'en fiche, en toute honnêteté.

Luc tu sais, il y a beaucoup de choses que j'aimerais comprendre à ton sujet. Tu es un véritable mystère. Une énigme, entourée de faux-semblant et de doutes.

J'ai longtemps pensé que tu étais devenu un connard.

Puis je me suis dit que ce n'était pas de ta faute, si tu allais mal. Que tu avais besoin d'aide, que je pouvais t'en procurer, ne serait-ce qu'un peu.

Puis que je devais réfréner mes envies envers toi.

Je suis vraiment passé par tout un stade de réflexion, juste à ton sujet tu sais. Parce que je veux tellement de choses contradictoires !

Enfin, il y a bien des choses qui demeurent.

Tu sais Luc, je dis ça comme ça, mais si tu veux encore m'embrasser, tu peux, hein. Ça ne me dérange pas, ne t'inquiète pas. Et puis aussi, n'hésite pas à faire ce que tu proposais l'autre jour. Moi je ne trouve pas ça bizarre ou ridicule, qu'on me prenne sur les genoux. Donc si tu veux quelqu'un pour tester tout ça, je suis disponible.

Luc, est-ce que tu me détesterais si tu savais que j'espère de tout mon cœur que tu ne seras jamais en couple, ou que tu n'embrasseras personne durant tes soirées ?

Est-ce que tu m'aimerais toujours si je te disais la vérité, ou que je tente de faire des choses avec toi ?

Luc, je suis tellement égoïste avec toi. Je suis désolé.

Mais ce n'est pas ma faute ! Dès que je te vois regarder quelqu'un, je veux te prendre le visage de force pour te forcer à me regarder, moi. Je veux que tu ne touches et n'embrasses que moi. Que tu me traite différemment des autres. Que tu sois possessif et fusilles du regard n'importe quelle personne me parlant. La liste est tellement longue !

Luc, j'ai beaucoup réfléchi à ton sujet tu sais.

J'ai mis beaucoup de choses au point dans ma tête. Alors voilà ce à quoi j'en suis arrivé.

Luc, ton état m'importe plus que tu ne le penses. Je veux que tu sois heureux et sortes de toute cette merde.

Mais je ne veux pas te faire passer avant moi.

Enfin, si, j'en crève d'envie. Mais là est tout le problème.

Comment puis-je aider quelqu'un qui va aussi mal que toi, lorsque personne n'est là pour moi ?

Non. Le mieux dans une relation de ce genre, c'est de prendre la fuite avant qu'il ne soit trop tard, avant que cela ne dégénère et qu'on se retrouve mal tous les deux.

Avant que je ne me mette à aimer quelqu'un, je dois d'abord apprendre à m'aimer.

Alors, même si c'est compliqué, voilà ce que je vais faire Luc.

Nous allons avoir une longue conversation. Tu ne pourras pas y échapper, que tu le veuilles ou non.

Nous allons voir que faire de cette relation. La réponse ne sera peut-être pas plaisante. Mais tu sais tout autant que moi que, dans la vie, il vaut mieux qu'on nous dise ce que l'on doit entendre que ce que l'on ne veut entendre.

Luc, il va sûrement falloir qu'on se laisse du temps. Nous ne pouvons pas rallumer un feu à partir de braise en rajoutant simplement des bûches. Il faut souffler dessus, mettre d'abord du papier, puis du petit bois, et ensuite seulement les bûches.

Luc, je veux que tu saches que je fais ça pour notre bien. Même si ça fait, mal, c'est sûrement le mieux à long terme, crois-moi. Un jour, nous regarderons le passé, et on se demandera comment on a pu être aussi angoissé pour rien.

Luc, ne t'inquiète pas, et sois juste honnête avec toi et moi. Ne te mens pas, une vie sans aucune pluie n'est pas complète, alors oui, c'est normal que tu te sentes mal. Mais tu vas y arriver, un jour, je te le promets.

Luc,

Quand, un jour, nous serons guéris,

Qu'on s'aimera autant qu'on aime la vie,

Alors on pourra essayer.

Et on essayera.

Et même que ça marchera.

Je t'aime.