Certains seront peut-être rebutés par le sujet, disant qu'il n'a rien à faire ici.
Mais vous vous trompez.
Il me semble impossible de parler d'amour sans évoquer le sexe. A moins que les deux personnes ne soient asexuelles, mais ce n'est ici pas le cas.
La question du sexe est omniprésente. Surtout dans un cas d'homosexualité.
Parce qu'à l'école, on ne nous apprend pas à faire l'amour. On apprend à se reproduire. Le sexe masculin dans le féminin. Les spermatozoïdes dans l'ovule. Rien de plus.
On ne nous apprend pas à donner du plaisir à l'autre. On évoque certes une fois sur trois le clitoris, mais rien de plus. Et quand on se retrouve à deux hommes, que faisons-nous ? La prostate est présente, certes, mais comment-voulez-vous qu'on l'atteigne lorsque qu'on ne sait même pas exactement ce que c'est ?
D'accord, je l'avoue, j'ai peur.
Bon, oui, je n'ai pas de raison, parce qu'aux dernières nouvelles, Luc et moi n'avons pas prévu de faire l'amour, mais je continue d'espérer qu'un jour nous irons tous les deux mieux, et qu'on sera un super couple et tout. Enfin, autant qu'on peut l'être.
Je rappelle pour ceux qui ont Alzheimer qu'on s'appelle tous les deux Lucas.
Et donc, si cela arrive un jour.... Comment on fera ?
Je ne suis pas un demeuré, merci, je me doute bien que les couples gays pratiquent la sodomie, et je sais ce en quoi ça consiste.
Je voulais parler en termes de... rôle ?
Oui, je sais, Luc m'a déjà dit qu'il n'y avait généralement pas de « dominants » et « dominés » fixes, mais même : le temps de seulement dix minutes suffirait pour que l'un se retrouve littéralement sous l'autre.
Et ce n'est pas comme avec une fille où la cyprine te sauve un minimum, non, là c'est directement dans le vif du sujet.
Je ne suis toujours pas un demeuré, merci, je connais le rôle des lubrifiants, mais personnellement je mourrais certainement de honte si je me retrouvais à la caisse avec ces articles. Et vous êtes bien mignons, mais je ne sais pas comment faire moi ! J'ai une vague idée du protocole, mais de ce que je sais, les tutos YouTube ne vont pas trop m'aider pour le coup. Alors j'espère que Luc s'y connaîtra un peu mieux que moi.
Quoique, non.
Je n'espère pas.
Parce que ça voudrait dire qu'il l'a pratiqué avec quelqu'un d'autre que moi.
Et ça, je ne le veux pas. Pas du tout même.
Je préfère encore pleurer de douleur que de savoir qu'il l'a fait avec un autre.
Oui, je crève de peur à l'idée qu'on fasse l'amour.
Mais évidemment que j'en meurs d'envie.
Peu importe mon rôle, je m'en fiche après tout. Si je peux le faire avec Luc.
Il y a un truc bizarre dans l'amour que je lui porte. Je l'ai déjà dit, c'est comme une bête. Je veux l'embrasser, oui, mais jusqu'à ce que nos lèvres nous fassent mal. Je veux le câliner, mais aussi le serrer tellement fort que j'en entendrais ses os craquer. Je veux le caresser, mais je veux aussi planter mes ongles dans sa peau pour le griffer.
Parfois, ça me fait peur.
Est-ce que c'est normal de vouloir le mordre, le presser au point de l'étouffer contre moi, le voir à bout, complètement épuisé au point de ne plus pouvoir bouger, me demandant de l'aider ?
J'imagine que, vue que je souhaite la même chose dans le sens inverse, cela n'est pas très grave...
C'est comme si je voulais qu'il sache que j'existe et qu'on était à l'autre, par tous les moyens possibles, même les plus extrêmes. Comme si la douleur était une preuve que j'étais plus important pour lui que sa putain de lame. Qu'elle n'était rien en comparaison de mon amour.
Je veux qu'on passe d'un moment brutal et bestial à un moment niais de bisous sans transition, tout en ayant des moments bizarres que seuls nous pouvons comprendre. Qu'on soit autant amants qu'amis, qu'on soit heureux tout bêtement.
Je veux qu'on fasse l'amour tous les jours, et même plusieurs fois, qu'on profite et qu'on déverse toutes nos passions dans l'autre, au point où il ne tiendra même plus debout, et où il peinera à respirer ou même penser. Qu'on le fasse avec tout notre amour.
Je veux que ce soit un coup doux et lent, tout en sensualité et luxure, puis un coup violent qui en fera mal, mais qu'à la fin, on se soigne ensemble avec toute la délicatesse du monde pour que toute trace de douleur disparaisse pour ne laisser que du bien-être.
Le sexe on s'en fout, ce qui compte c'est de montrer toute la puissance de nos émotions à l'autre, et qu'on le veuille ou non, c'est quand on fait l'amour qu'on y arrive le mieux. Il y a une infinité de façons de faire l'amour, et chaque personne a sa propre manière.
C'est beau je trouve.
Et c'est pour ça en réalité que j'ai peur.
Pas d'être en-dessous et d'avoir mal, non.
J'ai peur de ne pas réussir à lui transmettre tout ce que je ressens pour lui. Il y a tellement, tellement de chose à montrer ! C'est pour ça qu'il faut qu'on le fasse souvent, tout le temps même. Parce que je n'arriverai jamais à lui montrer tout ce que je veux.
Et j'ai aussi surtout peur qu'il n'ait rien à me montrer, lui.

VOUS LISEZ
Notre Bordel d'Amour
RomanceJe ne dis pas que notre histoire d'amour était de base vouée à l'échec. Je dis juste que, si j'avais mis en marche trois neurones, j'aurais un minimum repéré le plan foireux à notre sujet. Je veux dire, vous en connaissez beaucoup, vous, des ados e...