La Lune Rousse

Chapitre 9

- Ok, me souffle-t-il et je relève la tête vers la sienne.

Nos souffles se mêlent doucement et je me coule un peu plus contre lui, comme pour faire fusionner nos corps. Hypnotisé par son regard bleu acier, je remonte ma main qui repose le long sur son torse et lui caresse la joue doucereusement.

Décidant qu'il est trop tôt pour l'embrasser de nouveau, je laisse reposer ma main et ma tête sur son thorax et profite de ce câlin vespéral.

Lorsque je me laisse tomber dans les bras de Morphée, je sens sa main me cajoler doucement les cheveux ainsi que la tête.

***

- Bon, les gars ! Vous bougez vos culs, oui ou non ?! On doit être à la maison pour seize heures, demain ! Amy nous attend, crie Andy' depuis notre chambre pour se faire entendre des autres.

- Qui est Amy ? Je demande, curieux, à l'alpha.

- Amy est une des omégas de la meute, elle vient de m'envoyer un message où elle me dit qu'elle va nous préparer à manger lorsque nous serons de retour. D'ailleurs, tu es convié à notre table, me répond-t-il. Elle fait le Chili con carne comme personne, c'est un vrai cordon bleu, ajoute-t-il avec tendresse.

Voyant que je m'apprête à refuser son offre poliment, il m'arrête :

- Et ce serait très mal venu de refuser son offre, elle a vraiment hâte de te rencontrer. De plus, je suis sûr qu'elle mettra tout son cœur dans ce délicieux repas.

Pour tout réponse, je grommelle dans ma barbe des paroles incompréhensibles. Il faut que j'y réfléchisse.

***

Pendant le retour, nous avons pris la décision que ce serait moi qui conduirait la voiture, et, comme à l'allé, les bêtas prendrons l'autre voiture.

Chacun de notre côté, nous prenons la route.

Pendant le voyage, nous conduisons et nous dormons à tour de rôle, mais nous discutons beaucoup avec Andrew, et je découvre plein de choses sur le fonctionnement de sa meute, comme le fait que Scott, Logan et James, que j'ai rencontré sont les trois bêtas les plus proches de l'alpha. En vérité ils sont beaucoup plus dans la meute à avoir le rang de bêtas.

Au contraire, les omégas, dans la meute, ne doivent être que quatre ou cinq, hommes ou femmes confondus. Amy, l'une des amies proches de l'alpha, en est une.

Amy, a été recueillie dans la meute quand elle avait dix ans, il a six ans, rejetée par ses parents dû à son rang d'oméga. Andrew la définie comme une personne ayant des qualités énormes et il semblerait qu'elle soit d'une infinie douceur.

J'espère l'apprécier, parce que c'est quelqu'un qui a l'air très gentille.

***

Lorsque nous arrivons à proximité de mon domicile, je remarque que Andrew ne s'arrête pas dans la ville où j'habite et passe devant, l'air de rien. Je fronce les sourcils et lui demande ce qu'il fait.

- Je t'emmène chez moi. J'ai vraiment envie que tu découvre mon univers... Et j'ai déjà dit à Amy que tu venais manger avec nous.

- Quoi ?! M'exclamais-je sous la surprise, pas sûr d'avoir tout bien compris dans sa phrase.

- Je lui ai dit que tu venais manger avec nous, répète-t-il, sûr de lui.

- C'est une blague, j'espère ?! Gueulais-je.

Il ne répond rien, bien moins confiant d'un coup. C'est vrai que je n'ai jamais crié, ou ne me suis que rarement énervé devant lui. M'énerver réellement, ça ne m'arrive pas souvent. Le reste du temps, c'est plus... De l'agacement. Par contre, quand ça pète... Vaut mieux ne pas être dans les parages.

- Quoi ? C'est si dérangeant que ça ? Me demande-t-il.

- Beh oui, bien sûr que c'est dérangeant, bordel de merde ! Il y a bien une chose, que tu dois savoir sur moi, c'est que je n'aime pas qu'on me fasse faire des choses quand j'ai dit "non". Et là, toi, tu fais exactement le contraire ! Je n'ai plus cinq ans pour que l'on m'oblige à aller à un repas où je n'ai pas décidé de me rendre ! Finissais-je ma tirade en gueulant de plus belle.

Le silence règne dans l'habitacle et un mutisme mal à l'aise se met en place. Clairement, je fais la gueule. Et il n'a pas de chances, parce qu'avec moi, ça peut durer des jours.

Lorsque nous arrivons, nous ralentissons à l'orée d'un portail immense en fer forgé, gardé par deux malabars énormes, armés jusqu'aux dents, des couteaux aux cuisses, tout en muscles - le contraire de moi, en somme, parce que je suis plutôt maigre.

La propriété est entouré d'une clôture en ferraille ainsi que d'une énorme forêt de pins. Nous roulons sur un chemin de petits cailloux blancs qui mène à une immense bâtisse, tout entourée d'arbres fruitiers magnifiques et de palmiers encore plus beaux. La maison est moderne est blanche. De grandes bées-vitrées font voire l'intérieur de la maison, qui est très éclairée. Elle s'étend sur une plus d'une centaine de mètre et compte trois étages. Eh bah. C'est une dinguerie, cette baraque.

Nous descendons du pickup de Andrew, et deux femmes sortent de la demeure. Une blonde et une métissée, qui sont toutes les deux magnifiques, apprêtées et tirées à quatre épingles de tailleurs et de talons aiguilles. Heureusement que je suis habillé d'un chino ainsi que d'une chemise, tout les deux noirs, sinon je me serais senti miteux. Chemise qui recouvre mes bras et mon cou. Je ne sais pas ce que j'aurais fait, sinon. Malheureusement, je n'ai pas de quoi recourir mes mains.

Les garçons se garent près de la voiture de Andrew et en descendent. La jeune femme blonde accoure vers Logan et l'étreint dans une accolade, pendant que la deuxième jeune femme reste sur le pas de la porte. Ah ? Serait-ce sa sœur ?

La jeune femme métissée s'avance vers moi et me salue :

- Bonjour, tu dois être Alex ?

- Oui, et tu es ? Lui réponds-je, un grand sourire aux lèvres parce qu'elle a l'air vraiment gentille.

- Amy, me dit-elle en me tendant une main délicatement manucurée.

Je la lui sers doucement, ayant presque peur de la briser. Lorsque la blonde se dirige vers moi, elle se présente à son tour comme étant Jacie. Elle me dit :

- Je suis heureuse d'enfin te rencontrer, Andrew m'a tellement parlé de toi, ces dix dernières années !

Et je le fixe, un sourcil haussé, en mode "Ah ouais ?". C'est quoi ce binz ? Pourquoi il parlait de moi ? Pour ne pas paraître impoli, je lui répond :

- Ah ouais ? Je savais pas, mais sinon, enchanté !

- De même !

Puis, juste après, nous nous dirigeons vers la porte d'entrée de la maison, tous ensemble.