Chapitre 11

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Lorsque je me réveille, je sens un mal de tête m'assaillir. Oh bordel, ça ne va pas recommencer...
J'ai souvent des migraines carabinées, le matin, sans raisons apparentes. D'après papy, c'est dû à ma chute, quand j'étais petit. Possible.

Lorsque j'ouvre les yeux je me rappelle que je ne suis pas chez moi, mais chez Andrew... Oh ! Merde ! Samy et Steve ! Je dois les retrouver à Sacramento pour midi ! Quelle merde.

Lorsque je regarde l'heure, je m'aperçois qu'il est neuf heure trente. Pas de quoi m'affoler. Ouf. Mais je ne sais pas si j'ai vraiment envie d'y aller, vu le mal de crâne que j'ai.

Je pense que je vais les prévenir que je ne viens pas.

Lorsque je me lève pour aller à la douche, je m'aperçois d'un petit problème en bas. Ah ouais... C'est vrai que c'est chiant d'être un gars. Bon, bah, douche froide, pas le choix. Je me dirige vers la salle de bain attenante, et fais couler le jet d'eau. Je me mets sous le jet et me savonne vite fait.

Hier soir, je ne suis pas rentré chez moi, parce que tout le monde avait trop picolé et que personne ne pouvait me ramener chez moi, et comme je n'avais pas ma voiture, donc je suis resté ici. J'avoue que passer la nuit dans cette maison n'était pas désagréable. Le lit est bien plus confortable que mon vieux clic-clac que j'avais chopé à mon arrivée ici, il y a trois ans.

Andrew m'a informé du fait que nous n'étions pas les seuls à être partis de la maison, parce qu'il y avait affaires dans le Kansas, dû aux rixes qu'il y a eu récemment. Celles dont m'a parlé Daniel. Il semblerait que d'habitude, ils soient une vingtaine à dormir et à vivre dans la maison. Tu m'étonnes qu'elle soit si grande !

Lorsque je me sèche, je noue la serviette autour de mes hanche et m'observe dans le miroir.

Des yeux d'un marron caramel, cernés naturellement, des cheveux fins, lisses et noirs à la manières des plumes d'un corbeau, un nez de guingois dû à un combat musclé avec une succube, des pommettes saillantes, une fine musculature, résultat d'un rude travail à la salle, parce que normalement, je suis maigre comme un clou.
Puis, il y'a ces cicatrices, qui me débectent. Affreuses, moches et immondes. Je hais tellement celui qui m'a fait ça, je pourrais le tuer. Elles recouvrent une grande partie de mon ventre, de mes bras, remontent dans mon cou et terminent sur mes mains.

Bref, pas de quoi séduire grand monde. Je ne sais pas ce qu'il me trouve, mais il a dû sacrément chercher pour trouver quoi que ce soit. Je parle de Andrew, hein.

Au moment où je sors de la salle de bain, je m'aperçois que des habits ont étés posés sur une chaise, juste à côté du lit. C'est Amy qui a dû y penser, et je trouve ça adorable, il faudra que je pense à la remercier. Andrew avait raison, elle est tout à fait charmante, hier soir elle a été divine.

Lorsque je descends, le bruit des vagues m'entoure, parce que la bée-vitrée est ouverte et que Amy fume une clope sur la terrasse, un verre de jus d'orange à la main.

Je la salue, lui claque un bisous sur la joue, et elle me propose une cigarette, que j'accepte, bien évidemment. Je l'allume (la cigarette, pas Amy) et m'assoie à côté d'elle, sans parler, dans le calme le plus total, ce qui fait du bien, parce que j'ai toujours mal au crâne.

Je contemple l'étendue de mer qui s'étend jusqu'à perte de vue et me fait la réflexion, comme à chaque fois que je passe devant, que c'est magnifique.

Une fois fini ma cigarette, je prends mon téléphone et préviens les gars que je ne pourrais pas les rejoindre pour déjeuner, à midi, parce que je ne me sens pas très bien. Ils répondent tout les deux par l'affirmative et je demande à Amy où est Andrew. Elle me répond :

- Il est dans son bureau, pourquoi ?

- Parce que je vais rentrer chez moi, et comme je n'ai pas de voiture, j'aimerais qu'il me ramène.

- Quoi ? Pas déjà, il n'est que dix heures, ronchonne-t-elle.

- Et si, je dois y aller, j'ai mal à la tête. D'ailleurs, me rappelé-je, merci pour les habits, ce matin.

- Quels habits ? Me demande-t-elle en fronçant les sourcils.

- Bah tu sais, ceux qui étaient dans ma chambre. Y en avait, sur une chaise, après ma douche.

- Ah, ça, c'est pas moi, déclare-t-elle, surprise.

- Alors c'est qui ? Demandé-je.

- Sûrement Scott, ou Andrew. Logan et James ne font pas tellement dans les gestes d'affection. Et Jacie, elle ne te connaît pas assez, donc il ne faut compter là-dessus.

- Scott, ça m'étonnerait, mais Andrew, y a a de grandes chances. Tu l'as vu, matin ?

- Nan, parce qu'il est cloîtré dans son bureau depuis quatre heures du matin, heure où il a commencé à décuver.

- Si tôt ?!

- Oui, tu sais même s'il ne le montre pas, il a été très touché par la mort de Aaron et avec son boulot d'avocat, il est très occupé.

- Il est avocat ?

Et rien que ce détail me rappelle que je ne le connais pas vraiment. Je ne connais même pas sa couleur préférée !

- Oui. Juge des affaires familiales. Tu ne savais pas ?

- Non, tu sais on n'a pas vraiment eu l'occasion de faire vraiment connaissance. Même si lui, il se rappelle de moi il y a dix ans, j'ai beaucoup changé, expliqué-je.

- Oui, normal, quoi, élude-t-elle. Bon, je dois aller préparer à manger pour tout le monde. Je fais un grand repas, comme y a du monde qui revient, ce midi.

- Ok. D'ailleurs, merci pour le repas d'hier, c'était excellent.

Et tourne le dos et vais vers le bureau de Andrew, espérant ne pas me perdre dans cette baraque immense.

Lorsque j'arrive à son bureau - que j'ai mis dix minutes à trouver sur les trois grands étages de cette maison - je toque. Personne ne répond, alors je décide d'entrer.

Il est plongé dans des dossiers en tout genre et lit quelque chose que je ne peux pas voir. Il semble presque tourmenté par ce document. C'est étrange, je n'avais jamais vu quelque chose de similaire dans ses yeux. Je m'approche doucement de lui, et je crois qu'il ne m'a pas entendu. Il doit vraiment être concentré sur ce qu'il fait pour ne pas encore m'avoir calculé.

Je regarde ce qu'il feuillette, parce qu'il semble vraiment absorbé et que ça m'intrigue. Mais... Je reconnais cette photo ! Et ce nom.

C'est une photo de moi, gamin, juste à côté de mon véritable prénom. Alexander Keller.

La Lune RousseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant