Chapitre 18

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Lorsque j'arrive en bas, je vois du monde posé sur le canapé et sur les chaises de la terrasse. Je fais un signe de main à Melvin et lui demande où est Andrew.

- Il est dans son bureau, mais ne le dérange pas, il a beaucoup de travail, me répond Logan qui est juste à côté, et qui regarde la télé. Tu viens ? Me demande-t-il en tapotant la place vide à ses côtés.

Je hoche la tête et vais m'asseoir à côté de lui, laissant le silence s'installer. C'est James, qui est à l'autre bout du canapé, qui brise ce mutisme :

- Qui est Mathilde ?

Je me tends à l'entente de ce prénom. Je ne dis rien pendant quelques secondes, ramène mes jambes et les entoure des mes bras. En cet instant, je ne sais pas quoi dire et, brièvement, je lui lâche une info :

- Une amie.

- C'est tout ? S'exclame Scott depuis la cuisine, ce qui me fait sursauter, parce que je ne l'avais pas vu.

- Euh... Oui ? Enfin, je suppose, dis-je, pas certain de la vraie nature de cette question.

Logan soupire et grogne :

- Bon, laissez-le, vous voyez bien qu'elle n'est rien de plus pour lui. Et puis ça crève les yeux, non ? Il crève d'amour pour Andrew, mais il ne veut pas se l'avouer, c'est tout.

J'écarquille les yeux en grand et m'exclame :

- Moi ?

Melvin, devant ma réponse spontanée, éclate de rire et dit :

- Qui d'autre ?

Je hoche doucement la tête en déglutissant, essayant de digérer l'analyse de Logan. Je fronce les sourcils et me rends compte de quelque chose :

- Comment vous connaissez Mathilde ?

- On t'a entendu, quand tu étais au téléphone avec elle, tout à l'heure.

Je hausse un sourcil, parce qu'il était tôt et que je ne les aient pas entendus se lever.

La conversation s'arrête là, et plus personne ne parle, plongé dans ses propres pensées ou même en train de regarder les feuilleton à l'eau de rose débile qui passe en ce moment même si la télé.

Moi, de mon côté, je réfléchis à ce qu'à dit Logan. Serait-il possible que je sois amoureux de Andrew ? Oui, totalement, mais je pense que c'est trop tôt pour me dire « oui, je suis amoureux de lui ». Ce n'est encore rien qu'un prémisse. Ayant le blues de ces pensées maladroites, j'enfouis ma tête dans les bras.

Et j'attends.

***

Il y a quelques années dans le Sud de la France :

Je sens le regard de ces gars peser sur moi. C'est oppressant comme sensation. Surtout celui de Marley.

- Bon, tu nous donnes le colis ou tu restes planté là ? Me demande Marley sur un ton féroce.

Je tremble de la tête aux pieds lorsque je sors le cabas de mon sac à dos. Je ne sais pas ce que c'est, mais ça a l'air vraiment important. C'est lourd, j'ai du mal à le porter. Je trimballe le cabas jusqu'au vieux grincheux et lui tend le sac. C'est l'un de ses chiens de garde qui prend le sac brusquement de mes mains. Quel rustre.

C'est alors que Marley commence à me poser des questions :

- Pourquoi Albert et Killian ne sont pas ici, en personne ?

Ayant trop peur de ce qu'il va me faire si je réponds mal, je ne dis rien. Pas content, il claque des doigts et deux de ses malabars me prennent par les bras sans que je n'ai le temps de me dégager. J'ai toujours été maigre, donc impossible pour moi de m'échapper.

Mon Dieu, viens-moi en aide...

***

Je suis toujours sur le canapé à me remémorer les vieux souvenirs que j'ai de cette fameuse journée.

Scott semble faire la cuisine pour ce midi, et vu l'odeur, ça a l'air bon. Cette émission débile passe en boucle et il semblerait que ça intéresse les filles, parce qu'elle nous rejoignent sur le canapé. De toutes façons, dehors, il ne fait pas beau, et il commence à pleuvoir.

C'est alors qu'une petite fille apparaît dans le salon, et, intrigué, je relève la tête lorsqu'elle me pointe du doigt.

- C'est qui ? Demande-t-elle.

- On ne pointe pas les gens du doigt, la rabroue gentiment Logan. Et il s'appelle Alex, c'est un ami de Andrew, et de la meute.

Elle hoche la tête d'un air fatigué, comme si elle venait de se réveiller, ce qui est sûrement le cas. Elle se frotte les yeux et va faire un bisous sur la joue de Scott, dans la cuisine, qui la prend dans ses bras en disant :

- Salut, princesse, bien dormi ?

Elle secoue positivement la tête et sourie toutes ses dents :

- Oui Tonton, mais j'ai encore fait des cauchemars, répond-t-elle, soudain chagrinée.

Scott semble tout à coup soucieux et laisse en plan ce qu'il était entrain de faire, pour se diriger vers l'étage supérieur, sûrement pour en parler à l'alpha.

Je lance un regard interrogateur à Melvyn, qui me dit :

- C'est la petite sœur de Alice et Aaron, Diana, elle fait souvent des cauchemars depuis que son frère est aux cieux.

- Il n'y a pas un moyen de faire disparaître ses cauchemars ? Demandé-je.

- Il y en a un, mais notre guérisseur est parti au Texas pour régler des choses avec sa famille, me dit James. Il n'aurait pas été capable de les soigner complètement, mais au moins de les apaiser.

Me rendant compte que ça sent les cramé, je me lève en sursaut pour accourir vers les plats de Scott. Oh merde ! Y a plus rien de bon à manger ! Avec dépit, j'éteins le feu du gaz et réfléchis à ce que nous pourrions manger en regardant dans les placards. Je demande alors à l'assemblée qui se trouve sur le canapé :

- Vous aimez les courgettes et le riz ?

Tout le monde me dit que oui, donc je me lance dans la confection d'un gratin riz-courgettes-paprika. C'est la recette de ma grand-mère, celle qui vit dans le sud de la France.

Le temps que le gratin cuise, je me pose sur le canapé sous les regards curieux de tout le monde. Je leur répond pour mettre fin à leurs interrogations :

- Bah, c'était cramé. Fallait bien qu'on mange quelque chose, dis-je en haussant les épaules.

- Ah, mais on a rien dit, répond Logan avec un sourire taquin.

- Mais vous le pensiez tellement fort que je l'ai entendu.

Alice rigole, ce qui confirme ce que je disais à l'instant.

La Lune RousseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant