Chapitre 12

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Je sens une vague de colère se reprendre dans mon crâne puis dans tout mon corps. Cette sensation me noue la gorge, comme si j'étais sur le point de pleurer. Mes mains tremblent et mes pieds se clouent au sol, alors que j'ai besoin de fuir.

Comment a-t-il eu ces documents ?!

Il semble remarquer la présence et une des yeux reflètent une véritable tristesse, ce qui me fout encore plus en rogne, si c'est possible.

Je n'arrive pas à former une véritable phrase alors je décide de tourner les talons et de m'en aller le plus loin possible de ce... Mes pieds se décollent du sol et j'arrive à atteindre la porte en deux temps trois mouvements. Je n'ai même de mots pour le décrire tellement je le hais, à cet instant.

Bon sang ! J'ai tellement envie de tout foutre en l'air ! Dans ce dossier, il y avait des photos de toutes mes cicatrices, comme si j'étais rat de laboratoire.

Je l'entends me courser, il est juste derrière moi et ne va pas tarder à me rattraper alors je presse le pas, n'ayant pas envie d'avoir une conversation avec lui. Andrew arrive à m'attraper le bras mais je me dégage violemment, pris d'une vague de dégoût. Comment a-t-il pu avoir ces documents sans ma permission ?!

Pris de stupeur par mon geste plus que brutal, il reste planté sur place, comme un piquet. Je continue à m'éloigner prestement, et ne regarde pas en arrière.

Une fois devant la grande porte d'entrée, je la claque le plus fort possible et me casse de cette baraque.

***

J'ai fait le chemin du retour à pied, mais je ne crois pas que ça m'ait posé un véritable problème. Ce qui m'a embêté, en revanche, c'est le fait de recevoir au moins dix appels de Andrew.

Il n'a même pas cherché à me rattraper !

Lorsque je suis rentré chez moi, la première chose que j'ai fait c'est de prendre un calmant et d'aller me coucher. Quand je me suis rendu compte que je portais encore les vêtements de la meute, j'ai eu envie de les jeter puis de les brûler, mais je me suis dis que ça pourrait blesser Amy donc je me suis abstenu. J'aurais pu, mais je ne l'ai pas fait. Donc je les ai tout simplement enlevés et envoyés valser à l'autre bout de mon appartement.

Ça fait maintenant trois jours que je dors non-stop et que je ne mange plus, assailli par des cauchemars et des souvenirs que j'aurais aimé oublier. Je ne peux plus me réfugier nul par. C'est comme si cette sensation de colère, de tristesse et ce nœud dans ma gorge ne voulaient plus me quitter.

J'ai l'impression d'être dans les abysses. Les abysses de ma mémoire.

***

C'est un tambourinement à ma porte qui me réveille. Je suis claqué même si je n'ai absolument rien fait de la journée à part dormir. Oh, j'ai la flemme, là !

- Alex, ouvre cette porte ! Ouvre cette putain de porte, bordel ! Crie Andrew depuis l'autre côté de cette fameuse porte.

Tiens, j'ai l'impressions de connaître cette situation. On l'a déjà vécu, non ?

Lorsque je me lève pour ouvrir la porte, je me vois dans un miroir et rien que mon reflet me dégoûte. Je n'ai pas renfilé de t-shirt, alors on voit mes cicatrices, c'est sûrement pour ça que je me donne la nausée.

Voyant qu'il ne s'arrête pas de tambouriner, je gueule :

- C'est bon, j'arrive, tu vas la fermer, ta gueule ?

J'ouvre la porte et je le vois. Il a des cernes qui lui marquent même les joues et il semble épuisé. Qu'est-ce qu'il veut ?

- Tu me laisses entrer ? Il me demande.

- C'est une blague ? Tu viens jusqu'à chez moi pour me demander ça ? Lui fais-je remarquer.

- Oui, écoute, j'aimerais t'expliquer le pourquoi du comment et...

Sans le laisser parler, je lui claque la porte au nez et je vais me recoucher, parce que je suis fatigué de tout. Et que je n'aimerais pas faire une bêtise. Je retourne dans les abysses.

***

Cette fois, lorsque je me réveille, je ne suis pas fatigué. J'ai juste soif. Très soif. Et faim. Très faim.

J'ai l'impression de revivre. Dormir m'a fait du bien. C'est la même chose à chaque fois que j'ai une contrariété, je suis frustré ou même triste. Je dors et je vais mieux. Étrange. Des fois, ça peut durer des semaines avant que je ne daigne sortir de ma piaule. Et le jour d'après, je rayonne de bonheur. Le jour suivant, je me sent euphorique et invincible. Je n'ai jamais compris mes humeurs. C'est imprévisible.

Je bois trois grands verres d'eau et soupire. Putain, ça fait du bien.

Comme je n'ai plus rien dans mes placards, il va falloir que j'aille acheter à manger. Alors, je me dirige vers la douche. J'allume le jet d'eau et me glisse dessous sans me soucier du fait que ce soit froid. Sous la douche, je me brosse les dents, me savonne vite fait et sort en quatrième vitesse, parce que ça caille.

Je m'habille d'un t-shirt à manches longues pour cacher mes cicatrices, d'un jean large et troué, et de mes boots. Je mets mes lunettes pour cacher mes cernes apparentes et prends mon sac à bandoulière en vérifiant qu'il y a bien tout dedans. Je claque la porte de mon appartement et me dirige vers la supérette qui se trouve à quelques rues de chez moi. L'air frais me fait du bien et mes cheveux mis longs s'éparpillent dans le vent.

Qu'est-ce que ça fait du bien.

Lorsque que j'entre dans l'épicerie, je croise le vendeur, qui est un chasseur, et le salue chaleureusement. Il doit avoir la cinquantaine et est un ami à papy.

Je prends des pâtes et quelques autres trucs pour manger.

Au moment de rentrer, j'aperçois une voiture devant mon immeuble et ça me fait soupirer. Bon Dieu, mais il ne peut pas me lâcher la grappe, celui-là ?!

***

Je sais que ce chapitre n'est pas très passionnant mais je fais de mon mieux.

La Lune RousseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant