Chapitre 29

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- Ne m'appelle pas comme ça, Romy, proteste Andrew d'une voix menaçante.

Je suis impressionné par son ton menaçant, parce qu'il n'a jamais élevé la voix devant moi. Alors le gars en face de nous s'appelle Romy ? Intéressant.

- Oh, arrête Andy', proteste Romy d'une voix moqueuse. Ne fais pas comme s'il ne s'était rien passé entre nous...

J'ai tout à coup un pincement au cœur en visualisant le fait qu'ils aient pu être ensembles.

- Tais-toi Romy ! Rien que de t'imaginer me donne la gerbe, réplique fortement Andy'.

- Alors quoi, tu fais le fier devant ton nouveau petit-ami juste parce que je suis là ? Dit niaisement le fameux Romy.

Andrew s'approche dangereusement de Romy et lui dit :

- On doit régler nos comptes avec cette course, c'est ce qui était prévu, alors ne commence pas, sinon je te mets plus bas que terre et tu vas le regretter.

Je reste en arrière de la scène, attendant de voir ce qu'il va se passer. Les réflexions de Romy sur le fait qu'ils soient sortis ensembles me taraude l'esprit et me chiffonne. Quelque chose ne colle pas avec ce qu'il m'a dit précédemment. Il ne serait jamais sorti avec quelqu'un. Mais peut-être a-t-il eu des aventures... Ça, il ne me l'a pas précisé.

Cette fois, c'est une douleur sourde qui se manifeste dans mon cœur. Après tout, je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'il soit encore puceaux et de toutes manières, il ne me doit rien. Nous ne sortons pas ensemble, comme je l'ai déjà dit.

Quand je regarde la scène, ils sont tout les deux montés dans une voiture et sont sur le point de démarrer. Les voitures vrombissent et c'est parti.

Je ne m'y connais pas bien en courses de voitures ni en bolides, mais je suis impressionné par les virages qu'ils font tout les deux. Andrew est dans la voiture noire et Romy, dans la rouge. Ils sont juste à côté l'un de l'autre, ce qui rend le tout plus ahurissant encore.

La course doit durer à peu près une dizaine de minutes pendant lesquelles je me ronge les ongles et stress de savoir qui va gagner. Andrew ne m'a pas expliqué qui était Romy ni ce qu'il représentait pour lui, mais j'ai senti que les enjeux sont grands. Je ne sais pas si c'est l'alpha d'une autre meute en concurrence avec la Lune Rousse, mais ça a l'air très important pour Andy' de gagner. Comme s'il devait régler des choses du passé. Il y a tellement de choses que j'ignore sur la Lune Rousse ! Je pousse un soupir lorsque je m'en rends compte.

Lorsqu'ils arrivent devant la ligne d'arrivée, je vois la voiture rouge avoir un peu d'avance et tout d'un coup, Andrew dépasse Romy et finit la course d'une manière magistrate.

Andy' a gagné mais lorsque je regarde autour de moi, personne ne saute de joie, pas même ceux du camp adverse.

Tout d'un coup, Melvyn accourt et me prend par le bras pour me tirer en arrière. Je ne comprend pas ce qu'il se passe ; les loups ont pris chacun un air féroce et Melvyn me dis de courir. Il crie sans cesse :

- Court ! Court !

Alors c'est ce que je fais. Je le suis parmi la foule, c'est alors que je sens quelqu'un essayer de m'attraper par l'épaule et je redouble d'effort pour accélérer. J'ai bien compris qu'il ne faut pas que l'on m'attrape, alors j'augmente encore la cadence. Melvyn n'a aucun mal à circuler plus vite que moi.

Tout à coup, un coup de feu se fait entendre et c'est la panique parmi les spectateurs du concert. Oh mince !

On me bouscule car il y a un immense mouvement de foule. Je suis ballotté dans tout les sens et je n'arrive plus à progresser. Alors, Melvyn me prend par le poignet et me tire en avant. Je pousse des gens sur mon passage et d'autres coups de feux se font entendre. C'est l'effroi parmi l'assistance ; les gens sont affolés, ils ont tous peur de se faire tirer dessus.

Je réussi à me propulser hors de la foule et nous continuons de courir. Melvyn n'a pas lâché mon poignet et s'assure toujours que je le suive. Nous ne diminuons pas la cadence et lorsque je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule, je vois quelqu'un nous suivre. Mon cœur s'accélère et je pousse encore plus sur mes jambes.

Lorsque nous arrivons enfin à la voiture, nous ouvrons vite les portières et nous nous réfugions à l'intérieur et nous nous enfermons. Je n'ai jamais vu quelqu'un démarrer aussi vite que cela ! J'attache ma ceinture et nous sommes enfin partis.

Le début du trajet se fait dans un silence pesant. Je craque au bout d'une demi-heure et demande à Melvyn :

- Où allons-nous ? Et qui est Romy ? Pourquoi y a t-il eu une course de voitures ? Et comment se fait-il que personne n'ait été content lorsque Andrew a gagné la course ? Et pourquoi...

- Attends, me coupe le loup. Nous te dirons une fois arrivés. Patience.

***

J'ai dormi sur une partie du trajet, puis nous nous sommes arrêtés à un dîner pour manger une petite collation. Puis, j'ai pris le volant pendant que Melvyn m'indiquait la route à suivre. Nous avons beaucoup discuté du quotidien à la meute.

Au bout d'un moment, j'ai reconnu New York. Les buildings grands et imposants, l'agitation de Manhattan... Alors, j'ai compris. Nous allons voire Lindsay Williams, l'alpha de New York.

Mais... Pourquoi ? J'ai compris qu'il y avait des problèmes en Californie avec Romy, mais de là à aller me cacher sur le territoire de New York ?

Nous arrivons au bout de deux jours de voyage devant un immeuble immense, tout en pierres. Je crois que c'est à côté de Central Park, mais comme je n'y suis jamais allé, je n'en sais rien.

Lindsay vient nous accueillir en catastrophe devant la bâtisse et nous serre chacun dans ses bras en vitesse, plus nous dit :

- Venez, il faut faire vite.

Lorsque je crois que nous allons aller dans l'immeuble, elle prend la direction opposée et va dans une voiture similaire à la mienne, c'est-à-dire en mauvais état. Bon, tant que ça roule, ça n'a pas d'importance.

Nous montons tout les deux à bord, Melvyn et moi, et Lindsay met le moteur en marche puis commence à rouler. Les rues de Manhattan défilent et nous nous retrouvons un certain temps plus tard hors de la ville.

Le temps est long, nous ne discutons pas beaucoup, la tension est palpable dans l'habitacle. À plusieurs reprises Lindsay reçoit des coups de fils auxquelles elle ne décroche pas, ce qui rend le tout encore plus électrique.

Au bout d'un certain moment qui m'a paru une éternité, nous arrivons dans une petite ville de campagne dont je ne connais même pas le nom. C'est alors que nous débarquons devant une maison au style victorien. C'est la maison typiquement américaine qui se tient devant nos yeux.

Lorsque nous sortons de la voiture, une petite dame haute comme trois pommes déboule de la maison en furie, un fusil à la main en vociférant des insultes comme « chenapans », « vauriens » et une phrase qui ressemble à « Vous n'avez rien à faire ici, déguerpissez ! ». Je sursaute et par réflexe, cherche un couteau à l'une de mes chevilles pour m'apercevoir que je n'en ai pas. Puis, la petite dame réajuste ses lunettes, plisse les yeux et nous fixe. Ensuite, après quelques secondes de latence, elle nous affiche un grand sourire en reconnaissant Lindsay. Elle lui dit sur un ton adorable qui contraste avec la personnalité qu'elle nous a montré tout à l'heure :

- Oh ! Ma chérie ! Je ne t'avais pas reconnu !

La Lune RousseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant