Chapitre 44 (fin du tome) :

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Je fais quelques pas pour dégourdir mes jambes.

Ça fait trois jours que je suis enfermée dans l'infirmerie. Je n'en peux plus ! L'air est si statique dans cette pièce que j'ai l'impression de m'enraciner sans pouvoir rien faire. Je n'ai pu recevoir aucune visite, ni aller voir les autres. Je tourne folle !

Un épais bandage m'empêche de trop bouger l'épaule. Lana a procédé à un traitement de fond puis m'a recousu avec des points de suture. Je me suis réveillée avec un mal de tête et ces fils hier matin. Le foyer brûlant et piquant s'est petit à petit atténué depuis et la blessure semble être en assez bonne voie de guérison, puisque je peux sortir de l'infirmerie ce matin. Je suis propre comme un sou neuf et toutes mes blessures sont toutes protégées sous un pansement stérile marron clair. Je crois que même à L'Atrium, je n'ai jamais été aussi propre.

Mais l'important, c'est que la cage s'ouvre enfin : je le sais, car ce matin, on m'a donné des habits confortables et propres comme seules les personnes aisées de Braçalia pouvaient se procurer. Je ne sais pas où sont passés les miens, mais à la place j'ai ces vêtements lourds et étouffant et des chaussures rigides comme de la viande trop cuite.

Kaïcha me fait un signe de son lit. 

- Chanceuse !

Keylan l'a soigné, mais son infection était plus importante que la mienne et elle doit rester au lit plus longtemps. Elle s'est réveillée avant-hier avec une grosse faim et on lui a même apporté à manger dans son lit. Moi aussi. À profusion ! Nous avons étés servis de la viande avec du maïs blanc et des pommes de terre baigné dans de la sauce qui ont étés engloutis en quelques minutes, mais nos estomac n'ont pas tenu dix minutes avant de tout rendre...

Depuis, dès le jour suivant, c'était une pomme et un yaourt. Le pire ? C'était encore trop.

Je regarde vers la porte et je capte mon image dans le miroir. Je m'approche. J'ai l'impression de voir mon reflet enfant, quand j'étais dans la savane... mes os se dessinent sur la peau de mon torse et de mes hanches et mes pommettes semblent sur le point de transpercer mon visage. Depuis que je me suis allongée, je sens moins la faim, néanmoins. Je n'ai plus de vertiges, plus de tournis, je me repose à longueur de journée et je dors beaucoup, ça fait un bien fou. C'est principalement du au fait qu'on mange trois fois par jour, mais j'espère me remplumer rapidement, j'ai perdu énormément de muscles.

Je n'ai pas confiance en leur institution, mais au moins nous avons pu reprendre des forces, manger et nous soigner. Maintenant, la priorité est de sortir d'ici pour trouver des gens qui pourraient secourir Braçalia. Mais pour cela, nous devons sortir d'ici ! Dès que Kaïcha sera d'aplomb, n...

Lana ouvre les portes et je me retourne. Elle sourit et me tend mes trois dagues, propres et plus effilées que jamais. On les a chouchoutés durant mon séjour ici, apparemment. Je les récupère avec soulagement et les glisse dans mes fourreaux, seule chose qu'on m'a autorisé à garder de mes anciens vêtements. J'avais peur qu'ils ne nous les rendent jamais quand ils les avais sortis de l'infirmerie. I

- Profite pour deux ! Me lance Kaïcha.

Je souris.

- Compte sur moi, hé hé !

Je lui lance un baiser et ouvre la porte. Je me fige. Un éclat de verre se brise dans ma poitrine. Je referme d'un coup la porte et reste immobile. Leinor hausse un sourcil.

- Shari, ça va ?

Je me tourne vers elle et mon cerveau tourne à mille à l'heure. Le sang se glace et se fissure dans mes veines. Je dois tenir. Je dois tenir jusqu'à ce que je sois dehors. Dehors !

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 04, 2023 ⏰

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