Chapitre 13 :

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Enfin !


Je franchis le seuil de la chambre et pars en courant à gauche. Je me dirige à l'aveuglette. Je peux enfin bouger ! Mes membres sont tout bizarres, comme engourdis, je ne sens plus autant leur force qu'avant. Ces deux semaines enfermée dans la chambre m'ont affaiblis plus que je le pensais. Je vais devoir reprendre leur contrôle rapidement. J'ouvre grand mes narines et aspire goulument ce nouvel air qui rempli mes poumons. Ce n'est pas le grand air, mais c'est mieux que l'atmosphère étouffante entre ces quatre murs.

Je me sens à nouveau pleine et vivante !

L'euphorie éclate de rire dans mes veines. Mes pieds nus martèlent le sol et font tourner toutes les têtes sur mon passage. Je me dirige tout droit. Je ne connais le bunker que par des dessins qu'on était tenu de mémoriser en tant que Rafales, mais la réalité est beaucoup plus frappante. Les murs sont d'un blanc éclatant qui fait mal aux yeux, sans doute pour essayer de rendre l'endroit plus lumineux. 

Les couloirs sont étroits et hauts, semblant vouloir percer la terre pour sortir de terre. Des lampes déversent une lumière crue tous les deux mètres. Les seules touches de couleurs dans ces couloirs sont les vêtements verts des gens que je croise. De leur tenue, j'en déduis que cette aile doit être affectée aux soins.

Bien qu'on ait tout aménagé pour que l'endroit soit plus humain, je sens sur nos têtes le poids de milliers de tonnes de terre. Les bunkers sont construits en long et en large, établis seulement sur un niveau pour être le plus loin possible de la surface. Quatre ailes composent le bâtiment. La plus proche de l'entrée est l'infirmerie pour des raisons pratiques, séparée en deux parties : une grande salle où sont soignées toutes les victimes légères et des petites salles individuelles comme celle dans laquelle j'étais pour les cas qui requièrent plus d'attention.

Si je me souviens bien, on débouche ensuite sur un grand hall. L'aile à sa droite est là où sont installés les générateurs et les matériels techniques essentiels à faire fonctionner le bunker. L'aile à gauche sert à stocker toutes les réserves de vivres et d'eau, de matériel de secours et de biens essentiels. Enfin, derrière le hall se trouvent les dortoirs, mais vu le nombre de personnes que le bunker a dû accueillir, le hall lui-même doit servir de dortoir.

Je me perds dans les couloirs et finis par demander le chemin à un jeune homme. Il tille en me voyant et me donne des instructions précises. J'ai l'impression de sentir son regard entre mes omoplates jusqu'à ce que j'ai tourné dans un autre couloir.

Je finis par déboucher sur le hall. Le Foyer, le nom de cette énorme galerie qui grouille de gens, a été vraiment bien trouvé. On dirait le feu d'une cheminée, constituée de milliers de flammèches qui bougent et se déplacent. De l'estrade où je suis, je le surplombe de quelques mètres. L'endroit est empli de l'écho de plusieurs centaines de conversations. Le volume baisse petit à petit.

Je m'apprête à descendre les escaliers quand j'aperçois que tout le monde tourne la tête vers moi. Je m'immobilise. Les chuchotis se répandent de plus en plus vite, et bientôt une rumeur soulève la foule toute entière. Je m'apprête à me glisser parmi les gens et disparaître quand la foule se fend en deux.

Un groupe d'une vingtaine de personnes se rapproche de moi, dont toutes les femmes ont les cheveux courts. Je fronce les sourcils. Elles aussi sont passées au grille... oh ! Oui... elles l'ont même fait avec moi ; c'est le groupe que j'ai guidé dans l'incendie.

Cet enfant, je le reconnais, je l'ai porté. Une petite fille se détache du groupe et court vers moi, les yeux brillants. Elle me serre les jambes de ses bras, et je reconnais ces bras fins. C'est celle que j'ai sauvée à l'Atrium. Elle est encore plus maigre qu'avant et mes yeux perçoivent la trace de brûlures sur ses bras, mais elle semble aller mieux.

Le regard du Lion - Double-âme [2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant