Chapitre 43 :

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Liban se racle la gorge :

- Je dois partir, je vous laisse entre les mains de mon frère, Namak. Si vous avez n'importe quelle question, c'est lui qui aura toutes les questions. Sur ce, je vous souhaites un bon rétablissement, je vous reverrai bientôt. 

Son frère ? Je m'en tape. L'impatience et la nervosité me donnent l'impression d'être comme sur des charbons ardents. Je veux juste qu'il nous emmène à l'infirmerie et qu'on dégage après. Liban serre l'épaule de l'arbitre et s'éloigne au pas de course, encadré de quatre soldats. Les deux duellistes viennent vers nous alors que le dénommé Namak se tourne devant nous.

- Bienvenu au Pavillon, votre route n'a pas eu  l'air de tout repos, laissez-nous vous donner de quoi vous reposer. Voilà Analya et Keylan, (Je plisse les yeux. La fille a un couteau caché sous sa manche.) ils vont vous guider jusqu'à l'infirmerie avec moi.

Le jeune homme pâle aux cheveux châtains frisés qui vient d'arriver tends le bras en direction d'Ash.

- Je suis Keylan. Je vais vous aider pour la porter, passe-moi la niña.

Ash lève lentement le regard sur lui. Je lui serre plus fort le poignet. Sa tête se tourne légèrement de mon côté et il serre les dents, mais il n'arrête pas de le fixer et consent finalement à lui passer Kaïcha. Je le lâche et son regard se relève intensément sur moi, puis il baisse la tête.

Analaya prends la tête de la délégation. Je déteste la façon dont on se fait trimballer d'une personne à l'autre, comme si on n'avait pas notre mot à dire dessus. Ils sont déjà en train de prendre le dessus, ils ne nous laissent aucune place pour penser, ils prévoient tout à notre place. Mes mâchoires se crispent.

Je ne me sens pas très stable sur mes pieds et je me force à fixer un point devant pour ne pas vaciller devant Namak.

- Pourquoi est-ce qu'ils nous regardent comme ça ? Chuchote Laaja.

Je tourne la tête avec une lenteur douloureuse. Un groupe d'enfant nous dévisage avec hostilité.

Mes mâchoires se crispent. Un sentiment intense me poinçonne les tripes. Que leur a-t-on mis dans la tête pour qu'ils aient cette haine dans leur regard ? On dirait des chiens sur le point de claquer des dents !

Ce qui me choque, c'est qu'ils possèdent tous un corps fin et musclé comme des félins, adultes comme enfant et même les vieux - bien que je n'en ai pas vu beaucoup. Ils portent aussi tous des protections en cuir aux avant-bras, aux épaules ou aux chevilles, et j'ai vu l'éclat d'une lame dans les plis de la veste de plus d'un enfant. En plus, pas un seul ne déroge à ces yeux verts si intenses, ces traits gracieux et fins et c'est peut-être l'uniforme en règle, mais ils ont tous un bonnet. Quand Liban parlait d'une grande famille, était-il possible qu'il voulait dire que toutes les personnes ici sont vraiment de la même famille ? Cela me parait pourtant impossible...

Nous entrons dans le plus grand et le plus imposant des bâtiments à la suite d'Analya. Il a l'air si gros qu'il peut sans doute abriter des réceptions de plusieurs centaine de personnes à lui tout seul et semble surprenamment neuf comme s'il avait été construit il y a peu, mais les fenêtres sont surprenamment peu nombreuse pour un manoir aussi imposant. Quelques-unes par étage, tout au plus. Pas beaucoup de luminosité, dans les couloirs...

Partout, les yeux s'attardent sur nos épaules à notre passage. Ils sont dans une supériorité numérique écrasante et sont tous des combattants. Mes muscles sont plus tendus qu'un arc. Je détourne la tête, mal à l'aise. Où que nous passons, nous laissons de la méfiance et de l'hostilité derrière nous. Liban est tout le contraire, comment peut-il être leur leadeur ?

Le regard du Lion - Double-âme [2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant