Chapitre 11 :

536 75 90
                                    

Mon cœur tombe dans mon ventre. Nous sommes piégés. Plus aucun moyen de rejoindre le bunker Est et les autres bunker sont trop éloignés, la moitié d'entre nous mourrons d'intoxication avant d'avoir pu l'atteindre. Ma langue rapeuse déglutie difficilement le peu de salive qu'il me reste. Je recule avec la petite fille dans mon dos. Que faire ? Que faire ?

Les hommes et les femmes se pressent contre moi.

- Qu'allons-nous faire ?

- La trappe est encerclé par le feu !

- Où allons-nous aller ?

Je me retourne vers la foule qui s'agglutine autour de mon corps et je panique.

- S'il-vous-plait, reculez ! 

Je détache les mains qui s'accrochent à mes jambes et mes bras et prends assez de distance pour pouvoir respirer. Je respire par-à-coups. Les flammes avancent derrière nous, je ne sais pas quoi faire ! La terreur se propage dans leurs yeux, les parents serrent leurs enfants contre eux, des larmes de fatalité roulent sur les joues, les sanglots se répandent. Les uns se recroquevillent sur eux-même, les autres sont trop apeurés pour bouger. Mon souffle accélère. Je ne peux pas nous abandonner. Je ne peux pas... mais que faire ? La panique bloque ma gorge. Une goutte de sueur coule le long de ma nuque. Nous sommes piégés.

Le crépitement du feu l'odeur de brûlé dans l'air m'empêche de réfléchir. j'essuie mes mains sur mes cuisses. On ne peut pas passer ni devant, ni derrière. On peut toujours aller sur les côtés, mais ça ne nous avancerait à rien. La seule issue de tout ce merdier, c'est droit devant : la trappe. Ce qui nous ramène à notre position de départ. Mes yeux se rouvrent et je me redresse d'un coup.

- Approchez-vous tous ! Je cris.

Il n'y a pas le choix : il faut traverser le feu.

- Combien sommes-nous ? Je demande.

- V... vingt-six ! Me répond une fille aux cheveux bruns tréssés.

Je serre les dents. La chaleur ardente trempe mes habits de sueur. J'ai l'impression que ma peau fond.

- Et combien d'enfants et de vieillards ?

- Cinq enfants et trois veilles personnes, me répond un autre.

Il est plus poli que moi. Je me retourne et hurle à la cantonade :

- Tous les enfants et les veilles personne, regroupez-vous autour de moi !

Ils y a des mouvements désordonnés et précipités dans le groupe. 

- A mon signal, tous les autres, vous me suivrez ! Il va nous falloir traverser le feu pour atteindre la trappe. Une fois à la trappe, vous serez en sécurité, mais si vous restez ici, vous allez vous faire prendre en tenaille par le feu devant et derrière nous !

Je m'essuie rapidement le front d'un bras. Je rassemble mon courage et prends dans mes bras un garçon et une fille. Ils n'auront pas la force de traverser seul, je dois les amener de l'autre côté.

- Accrochez-vous à moi ! j'ordonne. Si vous me lâchez, vous êtes morts.

Ils hochent la tête, terrorisés.

Mon rythme cardiaque s'accélère. Je fixe le feu. Et je compte dans ma tête.

3...

2...

- Maintenant !

Je plonge en avant dans le feu. Les flammes enflent d'un coup avec un "woof". un hurlement s'échappe de ma gorge. Je tombe de l'autre côté en roulant au sol pour éteindre les flammèches qui s'accrochent à mes vêtements. De la fumée s'élève de ma peau contusionnée. Je grimace et tambourine contre la trappe. Elle s'ouvre et des mains m'attrapent, mais je les repousse.

Le regard du Lion - Double-âme [2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant