Chapitre 12

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Voldemort acheva le dernier sortilège de protection avant de consentir à se détendre. Un peu. Il y avait peu de chance que ses ennemis viennent le chercher ici, encore plus que ceux-ci soient capable de le menacer réellement. Mais désormais, sa tranquillité d'esprit passait aussi par la sécurité de son lié et malheureusement pour lui, celui-ci n'était pas des plus dociles. Cet après-midi, alors qu'il semblait heureux, il s'était soudainement mis en colère après qu'il lui eût dit qu'il n'avait pas besoin d'apprendre à combattre. Il n'avait même pas compris la raison de son changement d'humeur. Il l'avait simplement laissé bouder tout le reste de l'après-midi et finalement ça avait été la meilleure chose à faire. Touché dans sa fierté, l'Oméga avait refusé de lui adresser la parole ne serait-ce que pour lui réclamer une pause, et ils avaient volé jusqu'à leur destination sans s'arrêter une seule fois.

Bien évidemment, le Survivant avait faim et était épuisé et frigorifié, il le sentait parfaitement à travers le lien, cependant il ne s'était pas plaint pour autant. C'était au moins quelque chose qu'il respectait chez lui : il assumait ses choix. Il l'avait suivi sans un mot et désormais il attendait simplement derrière lui qu'il l'autorise à manger.

Il rangea sa baguette dans sa manche et se retourna, découvrant un sorcier profondément endormi. Harry n'avait même pas retiré ses chaussures, il s'était simplement allongé sur le rebord du lit, les pieds dans le vide. Il avait même laissé intacte la nourriture sur la table, malgré sa faim.

Il envisagea un instant de le réveiller avant de finalement jeter un sort de stase sur le sac de beignets. Le jeune sorcier n'était pas si affamé que ça et il lui semblait plus important qu'il se repose convenablement. Il lui retira ses chaussures et quelques couches de vêtements avant de le soulever doucement pour rabattre la couette sur lui. Ce dernier ne sourcilla même pas, son instinct totalement anesthésié par le lien. C'était toujours aussi aberrant à son sens, mais il avait été forcé de constater, à son grand déplaisir, qu'il en était de même pour lui.

Lui qui se targuait d'antan de ne pouvoir être surpris par qui que ce soit, s'était récemment aperçu que son Oméga passait allègrement outre ses détecteurs magiques. Comme s'il était devenu une extension de lui-même. La veille encore, alors qu'il était occupé avec les préparatifs du départ, il avait trouvé le Survivant juste derrière lui, lui provoquant une sensation désagréable le long de la colonne vertébrale. Il faut dire que Harry pouvait se montrer particulièrement discret, loin de l'adolescent m'as-tu-vu et agité que Severus lui avait dépeint. Il avait dans sa manière de se déplacer la capacité de ne faire presque aucun bruit.

Maintenant qu'il le connaissait un peu mieux, il était évident à travers l'adulte qu'il était aujourd'hui des maltraitances qu'il avait subies étant enfant. On avait dû tant de fois lui répéter qu'il était une gêne qu'il s'était longtemps efforcé de se rendre invisible. La plupart des gens étaient incapables de se montrer parfaitement silencieux, même sous la menace, mais heureusement, ce n'était pas le cas de Harry. Lien ou pas, il doutait fortement qu'il aurait pu supporter quelqu'un de bruyant pour l'éternité à ses côtés...

Voldemort sortit un livre de son sac et avisa le second lit de la pièce. Il ne comptait pas fermer les yeux de la nuit, mais cela serait sans doute plus confortable qu'une chaise en bois. Cependant, alors qu'il allait s'asseoir sur le matelas, son regard tomba sur le jeune sorcier face à lui. Désormais, seule la tête de Harry dépassait de la couette, et le désir de le prendre dans ses bras le traversa. C'était une pensée fugace, une simple pulsion. Il voulait simplement avoir son Oméga contre lui, ce n'était en rien nécessaire, et il préféra tout d'abord y résister.

Pour lui qui s'était toujours contenté d'un confort minimal, c'était totalement irrationnel, pourtant la tentation ne le quitta pas, l'empêchant de se concentrer pleinement sur sa lecture. Son esprit revenait sans cesse sur cette silhouette endormie, chaque fois associé à l'idée qu'il serait sans doute fort agréable de l'avoir contre lui... de sentir sa chaleur, son odeur... de pouvoir glisser ses doigts entre ses cheveux.

Trahis-moi pour survivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant