Trahis-moi pour survivre

Chapitre 22

Lorsqu'il se réveilla le jour suivant, il était prêt. Ne cherchant même pas à se lever de son lit, il resta tranquillement allongé, observant le ciel nuageux par la fenêtre de sa chambre. Aujourd'hui allait être un jour pluvieux...

Il ne tourna même pas la tête lorsque la cohorte entra, ne manifestant une réaction que lorsque l'infirmier lui déposa le gobelet de comprimés sur sa table de nuit. Contrairement à la veille, il s'empressa de s'en saisir pour faire mine de les avaler. Il aurait sans doute besoin de les garder plus longtemps dans la bouche, mais il n'avait pas envie de s'attirer leur suspicion en traînant à nouveau.

Pris dans leur routine, les trois sorciers ne remarquèrent même pas son subterfuge, se contentant d'accomplir leur tâche avant de quitter la pièce. Ils étaient à peine sortis que déjà, Harry recrachait les psychotropes dans sa main. La première étape de la journée était une réussite, restait ensuite à berner Kingsley. Il ignorait à quelle heure il comptait lui rendre visite et il n'était même pas fichu de se souvenir de l'heure qu'il était la dernière fois. Il était tenté de rendre visite à Maximus Malefoy mais il valait mieux rester dans sa chambre au cas où l'Auror arriverait.

Il bailla à s'en décrocher la mâchoire et se leva lentement pour rejoindre la petite table sur laquelle était posé son repas. Son nouvel allié n'avait pas été capable de lui donner la date, ne se préoccupant lui-même plus de ce genre de choses depuis qu'il était sous inhibiteurs. Il allait au moins pouvoir la demander à Kingsley...

Finalement, le "Ministre de la Magie Provisoire" n'arriva qu'à la nuit tombée, et Harry n'eut pas besoin de jouer la comédie puisqu'il était en train de somnoler lorsqu'il entra dans la pièce. Il avait été réveillé par l'ouverture de la porte associée à la brusque lumière dans sa chambre et il jeta immédiatement un regard mauvais au coupable de la situation.

- Kingsley...

- Harry. Je vois que tu as retrouvé tes esprits.

Résistant à l'envie de lui répliquer par un commentaire acide, le jeune sorcier se contenta de bailler ostensiblement.

- De quoi tu parles ? Je ne fais que dormir depuis que je suis ici... Je ne sais même pas quelle date on est... Je vais mourir de lassitude si ça continue...

- On est le 29 septembre, Harry. Cela fait deux semaines que tu es séparé de ton Alpha. Comment te sens-tu ?

- Ce n'est pas... mon Alpha. Je n'ai pas arrêté de le répéter...

Il réajusta son oreiller dans son dos, comme si la conversation était pour lui d'un ennui mortel, mais intérieurement, son esprit tournait à plein régime. Maintenant qu'il prenait conscience de la date, il s'étonnait d'avoir aussi bien vécu ces deux semaines loin de Voldemort. Évidemment, beaucoup de choses étaient différentes. Tous deux avaient désormais pleinement accepté le lien et leur relation était apaisée. De plus, son Alpha avait lui-même ordonné d'attendre, de patienter loin de lui, ce n'était donc pas une punition. Enfin, sa propre maîtrise de l'Occlumencie et les puissantes drogues qu'on lui avait fait ingérer avaient sans doute aussi aidé. Même si désormais, il ne lui restait que sa discipline mentale pour résister...

Ignorant ses pensées, l'Auror s'approcha d'avantage, posant brusquement ses deux mains sur le rebord du lit.

- Je te l'ai dit. Mon instinct d'Alpha me le hurle, chaque fois que je suis en ta présence... Tu continues à nier ! Mais d'ici quelques jours, tu auras tes chaleurs. Et crois bien que je prendrais le temps de venir te voir personnellement pour m'assurer de la véracité de tes allégations.

- Viens donc... Après cela, tu n'auras plus aucune raison de me maintenir enfermé, n'est-ce pas ? Je n'en peux plus, Kingsley, je n'ai pas mérité ça... Je veux être libre.