Chapitre 8

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Elle était dans la cabane, et appréhendait le moment où elle allait devoir tout lui raconter. Elle avait la boule au ventre. Ce sentiment lui était devenu familier depuis ce jour, ce fameux jour. Des flashs lui revinrent en mémoire. Le sang, les armes pointées vers elle, ce corps étendu au sol. Stop ! Elle devait arrêter d'y penser. « Concentre-toi sur autre chose. » Les voix de Senkuu et Taiju dans le labo.

    - Et voilà encore un bon vieux cliché sur la science.  Pourquoi tu    crois qu'on passe le plus clair de notre temps à faire des    expériences ? La science demande de la patience et du temps. Si seulement on avait de l'alcool... Notre meilleure option serait    de mélanger un peu d'acide nitrique avec de l'éthanol pur. Et on pourrait fabriquer du Nital, c'est un décapant industriel hyper    corrosif...

- Ah ?    Répète ce que t'as dit ?!    

- J'ai    dit qu'il nous faudrait du Nital. Ça grignoterait les particules de    ferrite, et ...    

- Pas    ça ! Je pige rien à tous ces mots compliqués ! Mais, tu    as dit : « si seulement on avait de l'alcool ».    Est-ce qu'on pourrait pas fabriquer du vin à partir de ce raisin ?       

- ... Bien    joué grand dadais ! Bien joué !    

Natsuki ne put s'empêcher de sourire, ces deux là étaient malgré eux devrais génies.

À la nuit tombée, Taiju s'endormit comme une souche : il avait passé la journée à faire des allers-retours entre les vignes et le campement. Natsuki sentait la pression monter en elle au fur et à mesure que le moment arrivait. Senkuu était de plus en plus impatient de savoir qui était Natsuki. Il était conscient de l'importance de cette discussion.

Ils étaient tous les deux assis l'un en face de l'autre, le feu entre eux. Natsuki se leva et prit Senkuu par la main et le tira vers la plage. Même s'il y faisait froid de nuit, elle préférait se confronter à la mer plutôt qu'au feu. L'immensité bleue se tenait devant eux, Natsuki la contemplait. Elle prit une très longue inspiration avant de se lancer :

    - Jusqu'à    mes neufs ans, la seule personne à qui je me confiais était mon    père. On avait une relation fusionnelle, on faisait tout ensemble.    Je lui partageait mes doutes, lui ses problèmes au travail, à la    rédaction d'un shônen. On avait regardé Fairy tail ensemble,    c'était mon animé préféré, jusqu'à mes neufs ans. J'avais un    caractère explosif, je réfléchissait jamais. Alors mon père    avait commencé à m'appeler Natsu, parce qu'il trouvait que je    lui ressemblais.    

- C'est    pour ça que tu m'as demandé de répéter comment je t'avais    appelée ? Tu n'aimes pas que je t'appelles comme ça ?    

Elle réfléchit.

    - En    fait, je crois que sur le coup, j'ai plus été surprise par le    surnom. Le souvenir de mon père est revenu d'un coup. Mais t'en    fait pas, tu peux continuer à m'appeler comme ça si tu veux.    

Elle n'avais pas lâché la main de Senkuu. Il l'invita à s'asseoir et elle poursuivit son récit.

    - J'avais    neuf ans quand ça c'est produit. J'étais en retard pour aller à    l'école, j'en avais rien à cirer. Mais mon père m'a crié dessus.    C'était un jour important pour son travail, il était stressé. Le    dernier mot que je lui ai dit était que je le détestais lui et son    travail. J'ai tellement regretté.    

Sa voix commençait à trembler. Senkuu avait deviné la fin tragique de son récit. Il la prit dans ses bras. Il ne se savait pas capable d'un geste aussi affectueux envers quelqu'un. Elle se laissa faire.

    - Quand    je suis rentrée, je voulais m'excuser. Masato a huit ans de plus    que moi, il était au lycée et finissait les cours plus tard. Ma    mère était encore au travail. Le rendez-vous de mon père s'était    bien passé, il avait pu rentrer directement, il en avait profité    pour commencer à faire un goûter pour se faire pardonner,    probablement.  Mais j'ai trouvé la porte de la maison ouverte. Je    suis rentrée et j'ai trouvé mon père en sang, étendu au sol.    

La voix de Natsuki se perdait dans ses sanglots. Elle se blottit sans même s'en rendre compte, contre Senkuu. Elle appréciait la chaleur qu'il dégageait.

    - Deux    hommes avaient cambriolé la maison. Ils étaient armés. L'un deux    m'a tiré dessus, j'ai perdu connaissance. Quand je me suis    réveillée, j'étais branchée de partout. L'endroit où la balle    m'avait transpercée me faisait tellement mal. J'étais en état de    choc, la vision de ces deux hommes cagoulés, leurs armes, le sang    de mon père... toutes ces images m'ont traumatisée, elles m'ont    hantée et elles me hantent encore.    

Senkuu se souvenait l'avoir déjà entendue pleurer dans son sommeil et appeler son père.

    - J'ai    appris plus tard que mon père était mort pendant qu'il appelait    les secours, il avait le téléphone en main. Une infirmière m'a    rapporté ses derniers mots... il a dit... il a dit « Je    t'aime... Natsu ».    

Elle avait fondu en larmes en prononçant cette dernière phrase. Elle ne se retenait plus, la douleur état trop forte. Senkuu la serrait fort dans ses bras. Il voulait qu'elle sache qu'il partageait sa douleur, même s'il n'avait pas partagé cet événement et n'avait pas connu le père de Natsu. Il la serrait dans ses bras, sa tête était nichée dans son cou. Il pouvait sentir les larmes couler dans son dos. Ils restèrent comme ça un long moment avant que Natsuki ne sèche ses larmes et termine son récit.

    - Pendant    six ans, j'ai tenté de faire mon deuil, mais c'était impossible.    Mon père me manquait trop. Je me suis isolée dans la musique et la    littérature. Je lisait de tout, de histoires vraies à la science    fiction en passant par les mangas. En six ans, j'ai dû lire environ    cinq mille ouvrages par an et j'en ai écrit huit. Toutes basées    sur la vie idéale que j'ai eu jusqu'à la mort de mon père. Je    faisait qu'écrire, tout le temps, même en cours. J'écoutais pas,    et une fois au lycée, j'ai commencé à sécher.    

Elle se détacha de Senkuu et le regarda dans les yeux.

    - Le    jour où j'ai été pétrifiée, j'avais séché les cours. Je    m'étais adossé contre un tilleul, cherchant l'inspiration pour    écrire, mais rien ne me venait. J'ai fermé les yeux, pour    réfléchir. Quand l'inspiration est venue, je pouvais plus les    ouvrir, ni bouger. Pendant tout ce temps, je n'ai pas arrêté de me    raconter les histoires que j'ai lues. En y repensant, se raconter    les mêmes histoires encore et encore, je pourrais passer pour une    folle. Bref, à chaque fois que je finissait une histoire,    j'essayais de bouger, ne serait-ce que d'un tout petit millimètre.    Jusqu'à ce que finalement, la pierre érodée lâche et que je sois    enfin libre de mes mouvements. La suite, tu la connais.    

Senkuu était stupéfait. Cette fille avait réussi à se libérer par sa simple volonté, c'est parce qu'elle voulait briser sa coquille de pierre qu'elle y est parvenue. Elle ne se rendait pas compte du temps qui passait.

    - Merci    Natsu. De m'avoir raconté tout ça. Je sais qu'évoquer ça a été    dur pour toi. Est-ce que tu te sens mieux maintenant ?    

Elle se rapprocha de Senkuu et passa ses bras autour de lui.

    - Oui,    je me sens mieux. Depuis sa mort, je ne me suis jamais sentie aussi    bien. Merci de m'avoir écoutée Senkuu. Merci de t'être occupé de    moi.    

Il la serra contre lui. Il ne s'était jamais senti aussi bien qu'à ce moment précis. Son cœur était léger, sa tête était vide de réflexions, mais pleine d'émotions. Il partageait toute la peine de Natsu. Il voulait être le confident qu'elle n'avait plus.

    - Natsu,    commença-t-il, tu dors ? Natsu ? Putain elle dort.

Il la prit dans ses bras et se dirigea vers le campement. Une fois arrivé, il remarqua qu'il ne pouvait pas la faire monter dans la cabane. Il la déposa au pied de l'arbre, monta dans la cabane pour chercher une couverture et s'endormit avec elle au pied de la cabane, le cœur léger. Il fut réveillé une ou deux fois à cause d'elle, elle appelait son père.

Coucou ... voilà vous en savez plus sur Natsu, Natsuki ... ( au choix ) .

Respire ( Senkuu x oc )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant