Chapitre 5

914 65 50
                                    


Quatre mois après cet orage, Senkuu et Natsuki n'arrivaient toujours pas à parler du passé de cette dernière. Il essayait toutes sortes de mélanges sur les statues d'hirondelles mais aucun de ses essais n'a été fructueux. Alors qu'il réessayait il entendit un souffle court, rauque, gêné. Il se retourna et vit Natsuki, qui avait les mains posées sur la poitrine.

- Senkuu... je fais... une crise... d'asthme...

Quoi ?Une crise d'asthme ? Il était paniqué.

- Lève les bras !

Elle n'arrivait pas, elle se tenait la gorge.

- Natsu lève les bras ! se répéta-t-il.

Voyant qu'elle ne s'exécutait pas, il prit ses mains et leva les bras de Natsuki. Sa respiration s'améliora doucement, l'air entrait de plus en plus normalement dans ses poumons. Une fois sa respiration entièrement rétablie, l'asthmatique demanda :

- Tu m'as appelée comment ?

Senkuu lâcha brusquement ses mains.

- Là n'est pas la question. Tu ne m'a jamais dit que tu étais asthmatique ! Tu te rends compte de l'état dans lequel tu serais si un jour tu avais une crise plus importante, sans moyen de la soulager ?

Il commençait à hausser le ton. D'accord, elle lui avait caché quelque chose d'important, une maladie difficilement soignable sans inhalateur, mais Natsuki trouvait qu'il exagérait un peu trop.

- Mais calme toi Senkuu.

- Non je ne me calme pas ! Je veux bien que tu ne me parles pas de ton passé, mais l'asthme ne se prends pas à la légère ! Je n'ai aucun moyen de fabriquer un inhalateur, aucun moyen de t'aider si jamais tu ne peut plus respirer !

Il était vraiment énervé et frustré. Il ne savait pas lui-même pourquoi il réagissait de la sorte. Quand à Natsuki, elle commençait à avoir marre qu'il ne l'écoute pas.

- Tu me prends pour un boulet c'est ça ? Cria-t-elle. Tu penses que je tiendrais pas longtemps sans un inhalateur ? Ça fait six mois que je n'ai pas eu de crise, pourquoi je t'en aurais parlé ?

- Mais parce qu'une crise d'asthme peut arriver à tout moment !

Il commençait à manquer d'arguments.

- De toute façon tu ne m'est pas utile. Tu peux toujours crever j'en ai plus rien à foutre.

Il ne regretta ses mots que cinq minutes plus tard, elle était déjà partie en courant les larmes aux yeux. Elle avait besoin de reprendre son calme. Senkuu frappa du poing contre un arbre. Il n'avait jamais parlé comme ça à quelqu'un. Il lui avait vraiment dit qu'elle ne lui était pas utile ? Il secoua la tête. Impossible qu'il dise ça à quelqu'un, surtout sur ce ton. Il se sentit soudain si vide. Il fallait qu'il s'excuse. C'était impératif. Mais il ne pouvait pas. Elle était probablement partie vers la mer à quelques centaines de mètres de leur campement. S'il allait la voir maintenant, l'enverrait-t-elle bouler, ou accepterait-elle ses excuses ? Ses insultes étaient tout-de-même graves et blessantes. Il se laissa tomber sur le sol, adossé à l'arbre. Ce genre de réflexions avaient le don de faire saturer son cerveau. Il savait qu'il n'était pas vraiment doué avec les relations humaines, mais pas à ce point là. Tous les gens qui restaient avec lui le trouvaient intelligent, ils l'enviaient, mais il ne le remarquait pas, c'est pour ça qu'il ne s'était jamais vraiment senti seul jusque là. Ce devait-être la même chose pour Taiju et Yuzuria. Senkuu commençait à se torturer l'esprit plus que d'habitude. Il décida que si au coucher du soleil, c'est à dire dans environs quatre heures, elle n'était pas rentrée, il irait la chercher pour lui présenter ses excuses.

Natsuki de son côté réalisait très bien la gravité des mots prononcés par Senkuu. Elle fut énormément blessée par ces mêmes mots. Son cœur s'était enfui pour ne pas avoir à subir les douleurs des mots. À la place, seul un vide incommensurable régnait en maître. Elle s'était rendue au bord de la mer. Le vent la réconfortait un peu, le bruit de l'écume encore plus. Elle crut apercevoir un instant son cœur qui avait prit des vacances. Elle s'était assise dans le sable, jouant avec les grains chauds. Elle n'avait jamais vu Senkuu dans un état pareil, il s'énervait rarement, du moins pendant les six mois qu'ils se côtoyaient, ce n'était jamais arrivé. Elle passa plusieurs heures seule sur la plage à jouer avec le sable qui se refroidissait. Elle creusait machinalement et retirait les coquillages qu'elle pouvait trouver, pour occuper ses mains. Jusqu'au coucher du soleil.

- Natsuki ? Je voudrais te parler.

Elle ne se retourna pas. Elle reconnaissait bien cette voix, c'était la seule qu'elle avait entendue depuis trois-mille-sept-cent ans. Mais elle ne voulait pas l'entendre.

- Il paraît qu'on ne se sert pas des choses inutiles.

Il fut choqué par ses propos. Il tentait de s'ignorer lui-même et de s'asseoir à côté d'elle.

- Natsuki... je voudrais m'exc...

- Laisse-moi tranquille.

Elle se leva. Non, elle ne pouvait pas accepter ses excuses. Elle avait été franchement blessée et son caractère de carapace qui avait commencé à se fissurer se réparait. Elle rentra au campement et se dépêcha de se coucher. Senkuu fut bloqué sur place pendant un long moment. Il savait que ça allait finir comme ça, pourtant il était allé la voir. Il faisait nuit noire quand il partit vers le campement.

Arrivé dans la cabane, il remarqua que Natsuki avait pleuré. Il s'en voulait encore plus.

Hello ! Vraiment désolée de la taille du chapitre ( 900 mots tout pile ) ... à bientôt j'espère ! 

Respire ( Senkuu x oc )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant