Ma vie, ma foi et toi... (Tome 2) (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)

Chapitre 64

Noah

La maison de Marya va bientôt être vendue. Du moins, elle attend qu'Axel parte s'installer à Washington DC pour commencer les démarches. Cette maison va me laisser un petit sentiment de vide. Elle va me manquer. Quelque part, c'est aussi un des objets de mon enfance, un certain refuge affectif que m'octroyait quelquefois Marya.

Assis sur le canapé, je roule mon joint avec un léger sentiment de culpabilité. Je déteste être dépendant, mais je reste accroché à cette échappatoire. À chaque coup bas, j'ai besoin de ma dose.

Lorsque je pense être assez solide pour ne plus tomber bien bas, je me rends compte que je n'ai pas un quart de force mental en moi. Je suis littéralement un homme faible qui se cache derrière une montagne de glace et qui camoufle un milliard de peurs et d'angoisse.

-Où tu as trouvé ce joint ? Me demande Axel en branchant sa console à la télé.

-Tu me poses vraiment cette question ?

J'ai vendu pendant de longues années, tout comme lui. Je connais par coeur les endroits et les personnes et le goût des joints qui diffèrent. Chez Tucker, ses joints sont beaucoup trop forts, coupés avec d'autres substances psychotropes, tandis que les joints d'Aaron sont plus doux, coupés au tabac. Je sais ce que je veux, quand je le veux et aujourd'hui, je ne veux pas planer à côtoyer mes démons. Je veux seulement me détendre.

-Tu régresses, mec. Qu'est-ce qui se passe ? C'est à cause de la proposition de ton père ?

Il me tend une manette et je garde mon joint en bouche sans l'allumer.

-Je ne sais pas si je vais accepter..

C'est sans doute au-dessus de mes forces d'accepter de diriger l'entreprise pour laquelle mon père a négligé mon enfance. J'en souffrirais sûrement, mais le salaire m'appelle. Je pourrais être à l'abri et aider Alaina.

-Et l'école d'art ? Je croyais que tu étais accepté.

Je laisse mon dos rencontrer le dossier du canapé.

-Je dois passer des examens d'entrée..

-Et alors ? Tu te fous de moi ? Tu réussis tous tes examens.

-C'est à Seattle. Soufflais-je.

-Et alors ?

Il observe l'écran de la télévision pour cliquer sur plusieurs endroits et mettre un jeu de combat.

-Noah. Soupire-t-il. Je pars pour Washington DC pour deux ans. Je vais être loin de ma famille, loin de Sam, loin de mes amis, mais j'y vais quand même parce que c'est mon avenir qui se joue. On a toujours dit qu'on voulait quitter Denver pour sortir de l'entrepôt et réussir nos vies. Tu perds tes couilles quand il s'agit de partir pour Seattle alors que ça fait des années que tu tentes d'entrer en école d'art.

Je grogne et allume nerveusement mon joint.

-Ce n'est pas pareil. Je ne peux pas partir d'ici sans...

-Sans qui ? Alaina ? Vous avez déjà vécu la distance.

-Seulement quelques mois. Tu sais bien que ce n'est pas pareil.

-Ok, je le reconnais que la distance ça fait peur et que ça ne donne pas envie. J'ai même voulu rompre avec Sam pour ne pas souffrir de la distance, mais ça ne sert à rien. Si votre couple est assez solide, ça marchera. Elle pourrait venir te voir, ou se faire transférer à Seattle si elle a vraiment peur de te perdre. Et puis, tu pourras la voir chaque vacance. Il suffit d'être patient.

Impossible. Son discours est bien trop utopique. Si je pars pour cette école d'art, je ne sais même pas encore comment je la payerais, alors comment être certain que j'aurais de quoi payer un billet d'avion pour venir voir Alaina à chaque occasion ?