Des coups frappés à la porte arrachèrent Seren à ses réminiscences. Il se redressa d'un coup et balbutia un « Entrez » qu'il regretta aussitôt. Il aurait dû feindre le sommeil en attendant d'en apprendre davantage sur sa situation.
La porte s'ouvrit sur un homme d'âge mûr, vêtu d'une élégante tenue de majordome. Il entra d'un pas alerte et s'arrêta à un mètre du lit.
— Bonjour, M. Hyong. Je m'appelle Lyam Hugues, le majordome. J'ai le plaisir de veiller au bien-être de M. Alioth et j'ai la charge d'organiser le service des employés de cette demeure. Je serai donc votre référent, à compter de ce jour.
Seren ne savait que faire de toutes ses informations. Il n'avait pas le souvenir d'avoir été engagé comme domestique, mais plutôt d'avoir été vendu comme esclave. Il se demanda si le majordome était au courant de sa condition et comment il se comporterait s'il l'apprenait.
— Bonjour, M. Hugues, salua-t-il.
Il ramena la couverture à lui pour dissimuler son embarras et remarqua qu'il portait une veste de costume noir, confortable et bien trop grande pour lui.
— Vous étiez si fatigué hier, que le maître n'a pas eu le cœur de vous le reprendre. C'est lui qui vous a porté jusqu'à votre chambre.
M. Hugues était manifestement très observateur et plus perspicace qu'il ne le qu'il ne le laissait paraître. Il semblait également particulièrement dévoué à son maître. Il n'avait peut-être pas évoqué son statut par devoir de réserve.
Seren sentit la chaleur monter à ses joues. Il était bien trop tard pour le dissimuler. Il fit mine d'observer le paysage par-delà les rideaux qui lui masquaient la vue.
— Où sommes-nous ?
— Au manoir, répondit évasivement M. Hugues. Le maître m'a prévenu que vous seriez légèrement désorienté à votre réveil. Il m'a demandé de vous aider à vous familiariser avec votre nouvel environnement. Préférez-vous que je repasse un peu plus tard ?
— Euh... Non. Ça ira.
— Cette chambre vous appartient. Dans l'armoire, vous y découvrirez votre uniforme et quelques vêtements de rechange. La salle de bain se trouve sur votre droite en sortant d'ici. Vous y trouverez des serviettes propres et un nécessaire de toilette. Quand vous serez prêt, je vous introduirai auprès du personnel.
— Quelle sera... ma fonction ? demanda Seren après avoir cherché ses mots.
— Principalement le nettoyage. Cette demeure est vaste et nous sommes peu nombreux. Vos repas et vos frais d'installation sont pris en charge par le maître. Vos gages vous seront versés chaque fin de mois à partir de la date de la signature de votre contrat.
Seren tiqua. Avait-il bien prononcé le mot « gages » ? Pourquoi se donner la peine de payer un esclave ? A moins qu'il ne s'agisse d'un leurre pour tromper son monde ou donner une forme de « légalité » à sa présence. Seul le temps le dirait.
— Quand dois-je commencer ?
— Demain. Si cela vous convient.
— Demain, c'est très bien, s'empressa-t-il de répondre sous son regard inquisiteur.
— Reposez-vous. Je vous ferai porter un brunch en fin de matinée.
— Merci.
— Je vous en prie.
Une fois seul, Seren se ramassa sur lui-même et enfouit sa tête dans ses genoux. Il resta prostré ainsi de longues minutes, s'interrogeant sur la conduite à adopter. La veille, sa tentative de rébellion lui avait procuré coups, entraves et injection de narcotiques. La confrontation directe ne s'avérait pas la meilleure solution. Demeurer esclave jusqu'à la fin de ses jours non plus. Mais, jusque-là, son impulsivité ne lui avait pas vraiment réussi.
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Highness
Science FictionAlioth est le seul survivant de sa constellation. Il vit reclus, loin des hommes et du Firmament qui ont causé son malheur. Lorsqu'il rencontre Seren, l'image vivante de celui qui l'a trahi, Alioth n'aspire qu'à se venger. Il est déterminé à prouver...