Chapitre 15 : Un jour paisible

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Ce samedi, M. Hugues leur avait donné l'autorisation de pique-niquer dans les jardins. Ils s'étaient installés à l'ombre d'un magnolia pour profiter de la chaleur, sans attraper de coups de soleil.

— Et toi, tu préfères les filles ou les garçons ? interrogea Marjory.

Elle avait les joues roses et trépignait d'impatience à l'idée de profiter d'une semaine de vacances.

— Cela dépend, hésita Seren.

— De quoi ?

— De la personne qui me plaît.

— Tu aimes les deux ?

— Je ne sais pas...

Seren aurait peut-être mieux fait d'éluder la question. Marjory parut décontenancée par sa réponse. Tam fronça les sourcils et Aran éclata de rire.

— Je t'ai rarement vu si perplexe, se moqua-t-elle.

— Avoue qu'il y a de quoi, rétorqua Tam.

— Pourquoi ? questionna Marjory.

— Eh bien, cela signifie que notre adorable Seren est encore plus innocent qu'il n'y parait.

Seren s'empourpra. Les vestiges de son innocence s'étaient envolés après qu'Alioth ait expérimenté sur lui ses récentes acquisitions. Sans l'intervention de M. Rhys, qui sait ce qu'il serait advenu de lui ? Il frissonna.

— Tu es sûr de ne pas vouloir rester quelques jours au village avec nous ? insista Marjory. Tam a une chambre d'amis.

— Non, merci, refusa-t-il poliment.

— Comme tu voudras, céda Marjory qui haussa les épaules.

— Si tu changes d'avis, appelle-moi, ajouta Tam.

— Il faut bien que quelqu'un reste pour s'occuper de notre maître, se justifia Seren, un peu mal à l'aise.

Alioth ne l'autoriserait sûrement pas à quitter le manoir. Il l'évitait depuis cette soirée. Seren supposa qu'il l'avait mécontenté d'une manière ou d'une autre. Il excellait visiblement dans ce domaine.

Il appréhendait de se retrouver seul, sans autre compagnie que les livres, dans cet immense manoir.

— Hey, à quoi tu penses tout seul dans ton coin ? interrompit Marjory.

Il allait répondre lorsque Tam lui enfourna une part de gâteau au chocolat dans la bouche. Seren manqua de s'étouffer, mais réussit à avaler le délicieux dessert.

— Qu'en dis-tu ? sonda Tam, soucieux.

— Excellent !

Seren lui adressa son plus franc sourire. Tam serra le poing avec un sifflement victorieux.

— C'est décidé. Ce sera notre gâteau de mariage, annonça-t-il avec fierté.

Aran blêmit de stupeur.

— Pardon ?

Tam se tourna vers elle et glissa prestement une bague, sertie de diamants, à son annulaire gauche. Sans lui donner le temps de se remettre de sa surprise, il déclara : « Tu ferais de moi l'homme le plus heureux du monde si tu acceptais de m'épouser, Aran Saetang. »

Prise de court, Aran hésitait. Tam blêmit. Marjory et Seren échangèrent des regards inquiets. Autour d'eux, le monde avait cessé d'exister.

— Tam Minh, répondit enfin Aran, je serai heureuse et honorée de devenir ta femme.

Tam recommença à respirer. Seren et Marjory n'attendirent pas leur réaction pour exploser de joie. Ils les félicitèrent chaleureusement. Ils se mirent à rire et à pleurer avec eux, enchantés de ce merveilleux dénouement.

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