La robe d'Aran, une merveille en dentelle qui s'évaporait en corolle jusqu'au sol, étincelait comme une fleur blanche sous le soleil. Tam paraissait légèrement mal à l'aise dans son costume gris perle. Il lui seyait comme un gant. Lyam y avait veillé. Le résultat était saisissant de perfection.
Les mariés avaient choisi d'organiser une cérémonie intime dans le jardin du manoir. Ils optèrent pour un mariage moderne. Ni l'un ni l'autre ne se devait de respecter les traditions locales. Personne ne se sentirait froissé. Ils étaient « orphelins » et avaient tous deux grandis à l'étranger. Ils ne convièrent que les membres de la maisonnée et leurs amis, une vingtaine de convives.
Sur les conseils de M. Hugues, ils firent appel aux services d'un organisateur de mariage. Tam élabora néanmoins le menu et confectionna lui-même leur gâteau.
Alioth, qui avait pris en charge les frais d'organisation, leur offrit un mois de congés payés et deux billets pour une île paradisiaque, dans un hôtel qui respectait des normes strictes de protection de l'environnement.
Aran ne plaisantait guère quand il s'agissait de préservation de la biodiversité. Certes, son intérêt pour les plantes s'inscrivait dans son code génétique. Cependant, il n'en allait pas de même de son engagement pour la sauvegarde de la planète.
Alioth appréciait son évolution, autant que celle de ses autres créations. Elle lui semblait aussi parfaite que Marjory, Tam et Lyam.
Il leur manifestait généralement peu d'attention et se montrait assez distant à leur égard. Pourtant, il avait veillé sur eux dans chacune de leurs existences et s'était toujours assuré qu'ils ne manquent de rien.
Peut-être sauraient-ils un jour à quel point ils comptaient pour lui. Aujourd'hui, il acceptait cet attachement pour ce qu'il était, un lien que nul ne pouvait défaire. C'était bien assez.
Alioth ne savait pas quand son cœur gelé avait commencé à fondre. Était-ce le jour où Rhys l'avait conduit dans cette ruelle, ou plus tard, aux enchères illégales, quand il avait croisé ces yeux couleur de pluie qui suppliaient qu'on lui vienne en aide ?
Il s'aperçut avec ironie que celui qui avait été sauvé ce soir-là n'était pas Seren, mais lui-même. Il l'avait appelé maître. Il lui avait souri de toute son âme. Il avait accepté de lui appartenir.
Il ne se déferait peut-être jamais de ce sentiment de possessivité à son égard. Il souhaitait seulement le contrôler suffisamment pour ne plus le blesser. Seren lui était précieux. Au point qu'il ne saurait l'exprimer avec de simples mots.
Il lui jeta un coup d'œil. Assis à côté de lui, immobile, il écoutait attentivement les vœux de mariage d'Aran et de Tam. Ses yeux miroitaient d'une émotion à peine contenue et ses lèvres tremblaient légèrement.
Le « Chant des Étoiles » avait exacerbé son empathie naturelle et accru son émotivité, une composante essentielle à l'utilisation de son singulier pouvoir de guérison.
Seren s'était plié de mauvaise grâce à la série d'examens qu'il lui avait fait subir à leur retour. Alioth en chercha la cause. Il insista pour que Seren lui explique ses raisons. Il finit par céder et Alioth regretta d'avoir épargné Rigel d'Orion.
Seren avait développé un Don d'Étoile. Comme le supposait Alioth, il lui permettait d'agir sur le temps afin de restaurer la matière. Mais au contraire des étoiles, Seren ne disposait pas d'une inépuisable source d'énergie. Il ne pouvait l'utiliser que quelques minutes par jour sans en souffrir, au-delà, il risquait sa santé, voire sa vie.
Alioth lui fit promettre d'en user avec prudence. Seren ne se montra pas difficile à convaincre. Le processus l'épuisait. Il lui fallait plusieurs heures de repos pour récupérer.
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Highness
Science FictionAlioth est le seul survivant de sa constellation. Il vit reclus, loin des hommes et du Firmament qui ont causé son malheur. Lorsqu'il rencontre Seren, l'image vivante de celui qui l'a trahi, Alioth n'aspire qu'à se venger. Il est déterminé à prouver...