Chapitre 26 : Rigel d'Orion

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Violence


Seren frappa la barrière de protection de toute ses forces. Une fois de plus, elle absorba le choc. Il hurla encore le nom d'Alioth sans obtenir aucune réponse. L'écho de sa voix se répercuta sinistrement dans sa prison.

Des larmes de colère et de frustration montèrent à ses yeux alors que Rigel se servait de lui pour contraindre Alioth à lui obéir. Seren cria comme un forcené et s'acharna sur la cloison invisible, dans l'espoir d'être entendu.

Quelques minutes plutôt, Alioth avait fixé sa prison, comme s'il s'était aperçu de sa présence. Hélas, Rigel et son groupe d'intervention avaient fait irruption dans le laboratoire et il s'était détourné de lui. Seren maudit son impuissance alors que ses amis se faisaient malmener par cette étoile pervertie et les astres qui lui obéissaient aveuglément.

Seren s'échina jusqu'à ce qu'Alioth disparaisse de son champ de vision, emmené par les gardes. Il porta un coup rageur au mur transparent et grogna de dépit.

Une fois seul, Rigel s'approcha de lui. Il affichait l'air réjouit d'une personne qui venait d'obtenir tout ce qu'elle souhaitait en un claquement de doigt.

— Si tu continues à me casser les oreilles, tu ne vivras pas assez longtemps pour assister à sa chute, menaça-t-il.

— Tuez-moi si ça vous chante, parce que je continuerai jusqu'à ce qu'Alioth me retrouve. Et soyez sûr qu'il me retrouvera, rétorqua Seren avec aplomb.

Rigel ricana.

— Comment un être aussi fragile, inutile et inconsistant que toi a-t-il pu séduire une étoile ? Cela dépasse l'entendement.

Il ponctua sa remarque d'un claquement de langue. Seren ne releva pas ses provocations. Il exécrait Rigel. De toutes les créatures perfides auxquelles il avait été confronté durant sa courte existence, Rigel remportait la palme.

Il le connaissait depuis moins de vingt-quatre heures et il l'avait vu manipuler, mentir, suborner et menacer avec une déconcertante facilité. Au contraire des Sept Sages, dont il se souvenait clairement, Rigel d'Orion ne possédait pas une once de noblesse en lui. Il lui donnait la nausée.

***

En quittant la boutique d'antiquités, Seren s'était retrouvé nez à nez avec lui. Surpris par son apparence, il mit quelques secondes à se figurer ce qu'il voyait. Marjory arriva au même moment. A peine détourna-t-il son regard de cet étrange visiteur, qu'il se sentit happé avec une violence qui coupa le souffle.

Quand il recommença à respirer, il se trouvait sur une plateforme circulaire, dont l'architecture, déliée et aérienne, rappelait celle du sanctuaire des Sept Sages, entourée d'un espace vide et infini. Avec un mélange d'émerveillement et d'appréhension, il comprit où il avait atterri.

— Seren Hyong ?

Seren considéra l'être singulier qui l'avait conduit jusqu'au Firmament avec circonspection.

— Je suis Rigel d'Orion, se présenta-t-il. Vous resterez mon hôte jusqu'à ce que la cinquième étoile d'Ursae Majoris nous rejoigne.

Seren réalisa dans quelle position il se trouvait. Il chercha une échappatoire. Malheureusement, aussi loin que portait son regard, il ne voyait qu'une immensité noire. Il se risqua vers le bord et se heurta à une barrière invisible.

— Si vous voulez mourir pour lui, laissez-moi choisir le moyen, décréta Rigel, dont le visage affichait une délectation malsaine.

Seren sursauta. L'oxygène s'extirpa brusquement de ses poumons. Il se mit à suffoquer. Il tomba à genoux, cherchant désespérément le souffle qui lui manquait. Son cœur s'accéléra frénétiquement. Une terrible migraine l'assaillit. Ses yeux larmoyèrent. Ils menaçaient de s'extirper de ses orbites. Devant lui, tout devait flou. Et puis, soudain, il respira à nouveau.

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