Chapitre 7 : Nouvel environnement

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M. Hugues toqua à la porte avant l'aube.

— Le SUV de M. Alioth est tombé en panne, informa-t-il.

A moitié endormi, Seren ne voyait pas où il voulait en venir. Le majordome poursuivit avec un sourire bienveillant.

— Les employés l'utilisent généralement pour faire la navette entre le village et le manoir. Les transports réguliers sont assez rares par ici. Je vais les récupérer. Cela vous plairait-il de m'accompagner ?

— Avec plaisir ! accepta immédiatement Seren, réveillé par sa proposition.

Un peu d'air frais lui ferait le plus grand bien et il pourrait se familiariser avec les environs.

Après une douche rapide, il enfila son nouvel uniforme : un costume rayé noir et des richelieus en cuir, parfaitement cirées. M. Hugues lui montra comment nouer sa cravate. En voyant son reflet dans le miroir, le jeune homme dut bien avouer qu'il avait fière allure.

— Devrais-je les couper ? s'inquiéta-t-il.

Il désigna ses cheveux. M. Hugues eut un sourire rassurant.

— Les attacher devrait suffire.

M. Hugues lui expliqua que le code vestimentaire était assez souple, même concernant l'uniforme. En cas de forte chaleur ou de gros travaux, ils étaient autorisés à ôter leur veste, à enlever leur cravate et à retrousser leurs manches. Seren acheva de se coiffer et ils se mirent en route.

Le trajet dura une demi-heure, ponctué par le crissement des cailloux sous les pneus. Il faisait encore sombre. Seren ne voyait que la route éclairée par les phares de la berline.

Arrivés au village, ils embarquèrent rapidement les autres domestiques. M. Hugues lui présenta Aran Saetang, l'architecte paysagiste et Tam Minh, le cuisinier. Il ne s'attarda pas sur Marjory, avec qui Seren avait sympathisé la veille.

— Aran, ça veut dire forêt, n'est-ce pas ? C'est un joli nom, apprécia Seren. Il vous va bien.

— Marjory avait raison. Tu es adorable ! s'exclama-t-elle.

Elle le gratifia d'un large sourire. Ses yeux bridés, aux pupilles de jais, s'animèrent d'une joie presque enfantine à son compliment. Ses cheveux, coupés au carré, encadraient son visage ovale comme un rideau de soie noire. Seren la trouva incroyablement jolie. Il comprit rapidement qu'il n'était pas le seul.

— Tu es doué, gamin, observa Tam.

Le cuisinier, un gars bien bâti aux cheveux châtain et aux yeux marron, frotta son bouc d'un air satisfait avant d'ajouter : « Tu as raison, Aran lui va à ravir. C'est un prénom de garçon. »

A peine eut-il achevé sa pique, qu'Aran lui décocha un coup de coude dans les côtes. Il protesta bruyamment, surjouant légèrement la douleur. Impitoyable, l'architecte paysagiste commença à le pincer. Coincé entre elle et Marjory, il n'avait guère de retraite possible. Il se tortillait dans tous les sens.

Marjory riait à gorge déployée. Seren se tourna vers la fenêtre pour essayer de dissimuler son hilarité. La voiture se mit à tanguer et M. Hugues les rappela calmement à l'ordre. Le soleil pointait à peine à l'horizon.


L'horloge sonna treize heures. En cuisine, Seren savourait son déjeuner. Il écoutait d'une oreille distraite les bavardages des autres domestiques. Il retraçait le circuit du matin et visualisait les endroits que M. Hugues lui avait fait visiter.

Il avait soigneusement mémorisé chaque détail des informations qu'il avait récoltées et qui pouvaient lui être d'une quelconque utilité, au cas où il déciderait de s'enfuir.

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