Chapitre 1

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Première partie

Jia

Le Soleil caressait agréablement ma peau, en ce début d'après midi printanier. Assise en haut de la colline escarpée, le dos appuyé contre un arbre, je laissais mes yeux se fermer lentement. Rien ni personne ne pouvait désormais m'empêcher de rêver. Sauf, peut-être....

-Eh, Jia, tu m'écoutes ?

J'ouvris brusquement les yeux, et me rendis compte que j'étais sur le point de m'endormir lorsque cette voix m'avait arrachée à mes pensées. Je tournai la tête et me trouvais presque nez à nez avec Maï-Linh, une grande brune aux cheveux frisés et bruns et à la peau mate.

Je repris un peu de ramen, et, la bouche pleine demandais :

-'scuse, tu disais ?

Maï-Linh soupira et leva ses grands yeux bruns au ciel, visiblement agacée. Une voix douce me fit à nouveau tourner la tête.

-On voulait savoir si ça te disais de venir ce soir à la maison pour réviser, expliqua Mirei, la sœur jumelle de Maï-Linh.

Les deux filles étaient des copies conformes, comme si on avait voulu faire un copié collé de l'une pour créer l'autre : pourtant, intérieurement, elles étaient très différentes. Mirei était plutôt timide et souvent en retrait, alors que Maï-Linh se mettait facilement en avant, et était plutôt populaire parmi les garçons, comme les filles. Malgré ça, on les confondait facilement.

Je baissais la tête et chipotais dans ma boîte bento. Honnêtement, non, je n'avais pas envie du tout de sortir de chez moi pour réviser. Pour ça, je suis très bien toute seule. En soit, je n'ai jamais vraiment voulut que les jumelles se tapent l'incruste dans ma vie : elles sont venues me voir, un matin, quelques jours après la rentrée, et depuis, elles me suivent partout, comme si on formait une jolie petite bande d'amies. Je vais le dire franchement, je ne les considère même pas comme des amies, mais leur balancer ça à la figure aurait été pire que mieux.

-Ici la Terre, Jia, tu me reçois ?

La voix de Maï-Linh me ramena à nouveau à la réalité. Je relevais la tête et répondis négativement à l'invitation :

-C'est gentil, mais, je pense pas que je serai libre ce soir. J'ai encore plein de trucs à faire.

« Menteuse. », me susurra une voix dans ma tête, « tu sais parfaitement que ce soir tu ne vas rien faire d'autre que boucler tes devoirs à la va-vite, puis glander dans le canapé, ou sortir chercher à te taper contre quelqu'un. Comme d'habitude, en fait. »

Je chassais cette pensée, comme si c'était un vulgaire moucheron. Inutile de culpabiliser pour rien, je n'ai pas à m'excuser. Enfin, je crois... Un grand bruit sourd, suivit de plusieurs cris se firent soudain entendre.

Je me levai, et les deux autres suivirent le mouvement.

-Qu'est-ce que... ? commençai-je .

Ma voix fut couverte par un bruit de succion, puis par de nouveaux cris. A en croire le grand rassemblement qui s'était formé au centre de la cour, une grosse baston était en train de se dérouler.

-On va voir ? proposai-je aux deux autres.

Sans attendre leur réponse, je m'élançais en direction de l'énorme groupe d'élèves qui continuaient d'hurler.

Une fois dans la foule, je dût jouer des coudes pour me rapprocher du centre. Arrivée là, ma mâchoire se décrocha presque à la vue du spectacle qui se déroulait sous les yeux de pratiquement tout le collège ( sans compter ceux qui n'ont pas bougé) : trois garçons que je ne connaissais pas avaient encerclé une fille dont je n'avais pas retenu le nom, mais qui étais dans ma classe, et prenaient un malin plaisir à la rouer de coups de poings et de pieds. Elle était recroquevillée sur elle-même, les bras et le visage ensanglantés et les suppliait d'arrêter. Au lieu de ça, leur force semblait redoubler d'intensité à chacun de ses cris de douleur.

« Pourquoi ces connards restent plantés là à regarder comme si c'était un spectacle ? »

Je poussais le gars devant moi, et, sans faire attention à ses cris de protestations, m'avançais vers les 3 garçons.

A la distance où j'étais, je pouvais désormais les entendre s'encourager entre eux. L'un d'eux, un grand brun avec une coupe au bol s'adressa à son pote qui continuait de donner des coups de pieds à la fille :

-Vas y mollo, frère, c'est une meuf, faut pas non plus trop l'amocher.

-Ah, parce que si ça avait été un gars, vous vous seriez lâchés ? intervint-je juste assez fort pour couvrir les bruit de la foule d'élèves, soudain devenue silencieuse.

Le pote du brun s'arrêta dans son élan, le poing levé, et tous les 3 tournèrent la tête vers moi :

-Et t'es qui toi ? demanda le troisième mec, un type au crâne rasé.

-Je vous revoie la question à tous les trois. Vous vous prenez pour qui à démonter une meuf qui a rien demandé ?

-Qu'est-ce que t'en sais qu'elle a rien demandé ? fis coupe-au-bol-man avec une grimace de mépris.

« Il commence à me les briser sévère, lui. »

Je m'avançais vers lui et le chopa par le col de l'uniforme :

-Ce que j'en sais, connard, c'est qu'aucune personne censée ne viendrai adresser la parole à un trio de bouffons dans votre genre, et encore moins pour se faire marave la gueule.

-Qu'est-ce que tu fous, lâche moi !

Sans lui laisser le temps de réagir je le soulevais comme s'il ne pesait pas plus lourd qu'un sac de plumes et l'envoyais valdinguer par-dessus mon épaule. Les os du bas de son dos craquèrent et du sang sortit de sa bouche.

La foule, cette fois, resta silencieuse, appart quelques marmonnement dont je ne prêtais pas attention, et observa la suite.

Des bruits de pas se firent entendre dans mon dos et je me retournai juste à temps pour voir le pote du mec à la coupe au bol courir vers moi le poing levé.

J'esquivai juste à temps, et lui plaçai un énorme coup dans la mâchoire. Il était sur le point de tomber en arrière et je le rattrapais par le col, comme son pote quelques secondes plus tôt.

-Qu'est-ce que tu viens faire là, si c'est pas pour te battre sérieusement, sale bâtard ?

Il n'eut même pas le temps de protester que je lui brisais déjà les os du bras pour ensuite le laisser s'écrouler par terre.

Je me tournais alors vers le dernier gars, celui avec le crâne rasé, qui m'observais à présent comme s'il voyait une fille se taper contre des gars pour la première fois.

-C'est à ton tour, je suppose, dis-je en balançant la tête sur le côté.

Il recula un peu, tandis que j'avançais lentement vers lui. Une fois à sa hauteur je levai le poing et déclarai, impassible :

-Tu vas tellement pisser le sang, qu'on verra même plus ton visage.

Je reculais mon poing pour lui faire prendre de l'élan et qu'il atterrisse bien comme il faut dans la face de ce crétin, quand je sentis soudain quelqu'un me choper par le poignet, et une voix masculine déclarer dans mon dos :

-Je crois qu'il a capté la leçon.

Will u be my bad boy ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant