Chapitre 45

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"Jia n'était pas la seule à avoir remarqué la présence du camp ennemi à la fête.

 Damian, qui avait un don pour voir quand quelque chose n'allait pas chez quelqu'un rien qu'en observant son corps, ne tarda pas à remarquer un changement chez la blonde vénitienne. Le body language, comme on dit. Tandis que son grand frère observait les stands avec un ennui palpable, le jeune garçon ne quitta pas le petit groupe des yeux, même pendant le compte à rebours. 

Ce n'est que quand il vit le jeune couple s'éloigner derrière le sanctuaire qu'il se décida à attirer l'attention de Seiko.

-Suivons-les, décida simplement celui-ci.

Pour une fois, sa voix était déteinte de toute menace. Cela effraya Damian plus qu'autre chose."



Chifuyu

Jia vérifia de tous les côtés si nous étions bel et bien seuls, et ce, une bonne dizaine de fois.

-Il n'y a personne, la rassurai-je.

Elle acquiesça en fronçant le nez.

-J'ai une impression bizarre me confia-t-elle, mais ça doit être mon imagination.

-Sûrement.

Quelques instants s'écoulèrent, sans qu'aucun de nous deux ne prononce un seul mot. Puis, je lançais le sujet, le plus délicatement possible :

-Qu'est-ce qui t'inquiète autant ?

Comme s'il s'agissait d'une ampoule, les yeux de Jia se mirent soudainement à briller, quittant le vide qu'ils fixaient depuis tout ce temps. Dans le fond, cette lueur avait quelque chose d'inexplicablement inquiétant. Peut-être parce qu'elle n'avait rien de l'halo joyeux qui se manifestait si rarement dans ses pupilles. 

Elle fouilla dans le petit sac dont elle avait enroulé la bandoulière autour de son poignet, et en extirpa une feuille de papier un peu froissée. 

-Tiens, dit-elle en me la tendant, c'est... une sorte de pièce à conviction.

Je la pris, tout en scrutant le visage de ma petite amie. Elle avait déjà commencé à dresser une barrière le monde extérieur et ses émotions.

Elle tremble, constatai-je.

Je dépliai la feuille. Malgré la présence de mot scientifiques beaucoup trop compliqués pour les trois neurones qui se battaient en duel dans ma tête, je parvins à saisir l'idée générale. Mon cœur se serra à cette simple idée.

-Donc, si je comprend bien, tu...

-... es adoptée, compléta Jia.

Elle avait dit ça d'un ton tellement détaché que ma mâchoire faillit se décrocher sous l'effet de la surprise. 

Ce n'était, comme d'habitude, qu'une mascarade pour cacher ses véritables sentiments : à l'instant même où ses paroles avaient franchies la barrière de ses lèvres, une larme roula sur sa joue. Puis une autre. Bientôt, elle fut secouée du haut en bas de son corps par un torrent de larmes. 

Elle laissa aller son chagrin contre moi, la tête posée sur mon torse, tandis que je la serrai contre moi, en attendant que la tempête qui l'agitait se calme un minimum. 

Je sentais que le nœud qui s'était logé au creux de mon estomac grossissait de plus en plus au fur et à mesure que son corps sursautait. Je sais que cette histoire ne me concernait pas, mais, à mon avis, ce n'était pas un prétexte valable pour me défiler. Je n'avais pas le droit de l'abandonner dans une lutte aussi pénible. Elle n'était qu'en début de chemin, et sa quête pour des réponses n'allait pas être facile, loin de là. Alors, en attendant de pouvoir faire quelque chose pour elle, je me contentais d'être triste avec Jia. 

Will u be my bad boy ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant