Chapitre 12

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"L'inconnu releva la tête de sa console de jeux. Sans faire attention aux lettres pixelisées GAME OVER qui s'affichaient à l'écran, il tendit l'oreille et écouta. Il ne s'était pas trompé : à force de l'espionner, et de se concentrer au maximum pour entendre ses conversations, il avait un peu développé son ouïe. Ces pas, il les aurait reconnus n'importe où :

-Seiko ! appela-t-il

L'autre fit son apparition dans le petit salon miteux, à moitié plongé dans l'obscurité, l'air frustré d'avoir été interrompu dans sa tâche.

Cigarette à la main, il se laissa choir, plus qu'il ne s'appuya contre l'encadrement de la porte :

-Mmmh ? Quoi ? demanda-t-il d'une voix rauque, les yeux vitreux

Visiblement, il pensait à autre chose. Habitué à ce comportement, l'inconnu lâcha :

-Elle est sortie.

Cette simple phrase fit sursauter ledit Seiko. Sans jeter le moindre regard à l'inconnu, il se précipita dans l'entrée.

Alors que la porte claquait, faisant trembler tous les murs de l'appartement, l'inconnu appuya sur un des boutons de sa console, et recommença à jouer.

*

Le petit trou fumant dans la moquette témoignait de la stupeur de Seiko.

Comme à son habitude, il s'était levé à midi moins le quart, et avait laissé tomber la masse de devoirs d'été qu'il avait à faire pour la rentrée, pour s'installer à son bureau, ordinateur allumé, une cigarette dans la main droite et un bon roman calé sur les jambes. Les heures avaient ainsi défilé : il n'avait fait qu'une pause pour manger un peu, sans faire vraiment attention à ce qu'il avait dans son assiette. Après ça, il laissa à nouveau l'inconnu seul, avec pour mission de le prévenir si jamais elle sortait. Jusqu'à vingt heure moins cinq, rien de très intéressant ne s'était passé.

Du moins, jusqu'à ce qu'il relève la tête du livre (pas très passionnant) qu'il venait à peine de commencer : à ce moment-là, il avait presque finit son paquet de cigarette, et il venait de jeter un énième coup d'œil à l'écran de son ordinateur. Ce qu'il vit l'avait fait lâcher la cigarette qu'il tenait entre ses doigts, provocant un petit début d'incendie. Il se dépêcha de l'éteindre en l'écrasant sous son pied, puis redirigea brusquement son regard vers l'écran.

Elle était retournée dans sa chambre et s'affairait à chercher quelque chose dans son armoire. De là elle en sortit un uniforme de Bosozoku et commença à l'enfiler précipitamment. A ce moment-là, le jeune homme s'était rincé l'œil, presque au sens propre du terme : son regard s'était attardé sur les courbes de son corps musclé , puis sur ses abdominaux , avant de ne plus pouvoir se contrôler et de remonter son regard un peu plus haut.

Sans s'en rendre compte, Seiko avait commencé à transpirer à grosses gouttes et, tandis que ses sourcils se fronçaient sous l'effet de l'effort qu'il faisait pour se contrôler, la même veine que la dernière fois se mit à ressortir peu à peu sur sa tempe.

Alors qu'elle disparaissait, à son grand regret, de son champ de vision, la voix de l'inconnu le fit revenir brusquement à la réalité :

-Seiko !

Lorsqu'il l'arriva dans le salon, encore un peu dans les vapes à cause de ce qu'il venait de voir, mais aussi et surtout, à cause de la drogue, son petit frère, son cadet de 2 ans, l'informa qu'elle était sortie. Il n'en fallut pas plus pour qu'il claque la porte de leur appartement à son tour.

Will u be my bad boy ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant