Chapitre 30

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Chifuyu

Ignorant les regards de travers, choqués ou inquiets des passants, les quelques chuchotements qui se faisaient rapidement entendre sur mon passage ou même certains doigts indiscrets qui se pointaient sur moi, je traçais mon chemin.

La réaction, ou plutôt les différentes réactions des Tokyoïtes étaient compréhensibles quand on savait que on visage était littéralement couvert de sang, que j'avais un œil au beurre noir, le nez éclaté et des traces de coup partout sur ma figure.

Finalement, un peu à bout de souffle à force d'avoir marché aussi rapidement tout en étant forcé de respirer par la bouche, j'arrivais à destination : à l'autre bout de la rue, le sac sur une épaule, comme à son habitude, se tenait Jia, debout face à un distributeur de boisson qui était appuyé contre la façade de son immeuble.

"Ouf."

Parce que ce que j'avais à lui dire et vu mon état, je préférais avoir la conversation qui allait s'ensuivre à l'extérieur, plutôt que de prendre le risque de me retrouver face aux darons ou à la petite sœur en ayant sonné. 

Alors que la blonde vénitienne se redressait et ouvrait sa canette de soda, je passais derrière elle et posais doucement mes mains sur ses yeux : 

-C'est qui ?

-Mmmh... Laisse-moi réfléchir... Le plus grand sécheur de cours de tout Tokyo ? Excepté Mikey, lui c'est carrément au niveau national.

Interloqué, j'enlevais mes mains de son visage : 

-C'est comme ça que tu me définis ?

Elle porta sa canette à ses lèvres, le dos toujours tourné :

-Et comment tu voudrais que je te définisses ?

-Je sais pas, euh... Le meilleur petit ami du monde, en toute modestie ?

Cette remarque arracha enfin un rire à Jia qui se décida à se retourner. Mais son hilarité fut de courte durée : lorsqu'elle me fit face, elle faillit s'étrangler avec son Coca et elle écarquilla les yeux :

-C'est moi ou tu saignes ?!!

-Finement observé, m'amusai-je

Jia, elle, n'avait pas l'air de s'amuser du tout : 

-Oh, ça va... Ça aurait pu être le sang de quelqu'un d'autre. Allez, viens.

-Quoi ?

Elle attrapa ma main et me tira derrière elle en direction de son appartement :

-Tu crois vraiment que je vais te laisser te balader peinard, avec la gueule en sang ? On vas soigner ça et tu vas tout me raconter !

Une fois arrivés au troisième étage, elle introduit la clé dans la serrure et se permis d'ajouter :

-Ensuite j'irai crever lentement le tocard qui t'a fait ça, et s'ils sont plusieurs, je m'en cogne !

Je me mordis la langue afin d'éviter de lui faire remarquer que c'était un programme bien chargé qu'elle avait là, mais qu'au vu des circonstances, elle n'allait malheureusement pas pouvoir le mettre à exécution : je savais qu'elle était sérieuse, or, pour la conversation qui allait s'ensuivre, j'allais avoir besoin de toute son attention. Je lui pris les bandages des mains et commença à appliquer le désinfectant sur mes plaies.

-Je sais me soigner comme un grand, Jia, dis-je en voyant celle-ci ouvrir la bouche pour protester, mais merci, mon cœur. 

Elle s'assit sur le canapé à côté de moi, et tenta tout de même de panser une blessure. Peine perdue, j'éloignais aussitôt sa main. Si le geste la vexa, elle n'en montra rien, préférant poser la question fatidique.

Will u be my bad boy ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant