Chapitre 43

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Tokyo, année 2017

"Jia se souvenait de cette question, comme si elle lui avait été posée hier. En réalité, cela faisait 12 ans, mais la voix de Chifuyu résonnait toujours très distinctement dans ses oreilles. D'ailleurs, elle se souvenait de toute la conversation qui s'était ensuivie. C'était simple : quand elle lui avait demandé le pourquoi de cette question, son copain lui avait simplement répondu de laisser tomber, que de toute façon, sa question était débile.

Aujourd'hui encore, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il y avait une autre raison. Il y avait quelque chose. Quelque chose qu'il savait et qu'elle, ne savait pas. "

Jia

Je comptais trois spirales avant que le fumée ne s'évapore pour de bon. Puis je redirigeai mon attention sur l'écran de mon portable.

"MORT DE TAKASHI MITSUYA

Le coupable reste encore à identifier.

voir plus. "

Le cœur serré, je finit par éteindre l'objet, le mit dans ma poche arrière et me laissa glisser le long de la rambarde du balcon, dos à la rue, les yeux clos.

C'est dur d'extérioriser quand on n'a personne à qui s'adresser, à part le vieux chat de votre mari. Mari qui, soit dit en passant, s'est fait shooté d'une balle dans la tête par le chef du gang duquel vous faisiez partie étant adolescente.

Ca fais 2 mois maintenant. Ou 3. Je ne sais plus.

Bien, sûr, le téléphone restait une solution. Mais ce n'était pas pareil que d'avoir une présence humaine à côté de soit.

Ajoutez à tout ça le risque que le mort vous chope à chaque coin de rue, et vous êtes bons pour l'hôpital psychiatrique. Je n'étais même pas sûr d'être en sécurité dans ma propre baraque, quand on voyait ce qui étais arrivé à Hakkai ! Mikey pouvais à tout moment décider de faire sauter ma baraque en y mettant le feu. Je supporte très mal la chaleur, en plus.

"J'ai besoin d'une clope" me dis-je en ouvrant les yeux.

Ou d'alcool. Une bonne bière ferait aussi l'affaire.

Je me levai tant bien que mal, le coxis endolori à force de rester assise sur le sol dur du balcon. Enjambant et slalomant parmi le bordel qui jonchait le sol, je réussis tout de même à me frayer un chemin jusqu'à la cuisine, sans tomber cette fois. Et sans m'endormir à même la moquette du salon. Pas comme hier soir. Foutu alcool. Mais il faut bien reconnaître qu'il est super utile pour oublier ses problèmes.

J'ouvris la porte du frigo d'un coup sec, et resta plantée devant pendant quelques instants.

Toutes ces saloperies que je m'enfilait commençaient sérieusement à me brouiller les idées. Qu'est-ce que je venais foutre là, déjà ? Ah oui. L'alcool. Meilleur remède.

Je fouillais entre les restes de repas avant d'y dénicher la sainte bouteille. Ca puait sérieusement dans ce frigo. Je sais pas ce que j'y ai laissé moisir, mais c'est à deux doigts de prendre vie. Faudra que je pense à faire des course aussi. A force de manger des nouilles, j'allais finir par en devenir une moi-même.

J'avalais cul sec les trois premières gorgées de bière.

Ca doit être la belle vie d'être une nouille. Les seules questions que t'as à te poser c'est quand est-ce que tu vas te faire bouffer, et si la personne qui te déchiquètera avec ses dents a une haleine potable.

En parlant d'haleine, penser à acheter du dentifrice. A la menthe. Pas à la fraise. Ils sont dégueulasses, et en plus, ça lave rien du tout.

-Mais qu'est-ce que je raconte, moi ?! m'exclamai-je en posant bruyamment la bouteille sur le plan de travail.

Will u be my bad boy ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant