Chapitre 33

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Jia

Le bruit sourd que produisit la barre de fer contre le crâne de Kisaki sembla résonner plusieurs fois à mes oreilles. Le nouveau chef de la troisième brigade sembla voler lorsqu'il  tomba au bas de la montagne de ferraille sur laquelle étaient perchés lui,son bras droit, Baji, ainsi que quelques membres du Toman et du Valhalla.

Le champ de bataille n'aurait pas pu mieux porter son nom qu'à ce moment là : d'un côté, il y avait Mikey, affaiblit, le visage en sang, les genoux à terre. 

A terre.

Mikey l'invincible avait ployé le genoux.

De l'autre côté, il y avait les membres de chaque gang, répartit sur toute la surface de l'amoncellement de vieilles voitures sur laquelle ils étaient. 

Tout se passa vite, très vite, trop vite : les cris de joie des membres du Valhalla se turent aussitôt qu'il fut envoyé mordre la poussière par le bras droit de Kisaki, qui l'avait attrapé par l'arrière du col. Pendant ce temps, Kisaki avait eu le temps de se relever et, le haut du front sanglant, il s'adressa à Baji en des termes que je ne parvins pas à entendre à cause de la distance. Là, ce fut au tour de Baji de lui répliquer quelque chose que je n'entendit pas mieux.

Et alors qu'il s'apprêtait à se diriger vers son adversaire, apparut devant lui...

Oh, merde.

On se serait crus chez les romains, dans la Rome antique. Les spectateurs étaient le peuple, excités à l'idée de savoir s'ils allaient remporter leur pari quant à la victoire de leur camp favori, saisis par une fièvre folle dans l'attente de l'issue du combat, et nous, nous étions les gladiateurs, menant un combat à la mort, suant sang et eau pour que ce soit notre camp qui remporte la victoire.

-Tu te laisse déconcentrer, ma belle... 

Un poing atterrit en plein dans mon visage, sans que je puisse y faire quoi que ce soit. L'impact me fit chanceler, saigner du nez, mais je me ressaisit aussitôt. 

Mon combat avec Seiko reprit dans la seconde : ma rage plus décuplée que jamais, je lui rendis ses coups de bonne grâce, enchaînant les coups de poings en pleine mâchoire et les coups de pieds à l'arrière du genoux. Je frappais, il me rendait les coups, je faisais de même, il y allait encore plus fort. Haletante, je parvint à articuler entre deux respirations saccadées : 

-Tu me soûles... Finissons-en !

Il m'adressa un sourire carnassier : 

-T'es sûre ? J'ai plutôt l'impression que t'as besoin d'une pause...

De la même manière que j'avais écrasé son frère, et bien d'autre gars avant eux, je l'attrapais par le haut de son uniforme, l'envoyait valdinguer à terre d'un mouvement rotatif du bras et n'avait d'yeux et d'oreilles que pour le sang qui giclait de sa bouche et pour le craquement sonore de ses os. Une fois de plus je laissais mon poids s'écraser sur son ventre :

-J'aurais dû commencer par là, marmonnai-je plus pour moi que pour lui

-Mais tu ne l'as pas fait, souligna Seiko, la respiration sifflante, et tu sais pourquoi ma belle ? Parce que...

-Ta gueule.

Mon poing s'écrasa contre son visage, et toutes les parties de son corps que je pouvais atteindre de là où j'étais. Ce n'était pas assez. Ça ne sera jamais assez.

-Quatre ans, dis-je en cognant de plus en plus rageusement à mesure que les mots sortaient de ma bouche, quatre putain d'années de ma pauvre vie à me remettre en question, tu m'entends ?!

Will u be my bad boy ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant