Chapitre 25

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Jia

-J'suis rentrée !

Seul le silence me répondit. J'haussais un sourcil, surprise : d'habitude à cette heure-ci, mes parents étaient de retour, du moins, ma mère l'étais.

-Maman ? Papa ?

-Ils font des heures sup'.

Je me retournais vivement et me retrouva face à face avec Myia, laquelle me souriait de toutes ses dents (celles qui avaient déjà rebouché les petits trous qui peuplaient sa bouche )depuis la table basse où elle faisait ses devoirs.

-Maman et papa aident aux cours de rattrapage, poursuivit ma petite sœur, du coup ils rentreront plus tard.

Elle brandit une petite feuille de papier signée "Papa", qui m'expliqua comment elle était au courant. Lorsque je m'assis à côté d'elle, elle me sauta dans les bras, abandonnant ses exercices de japonais :

-Myia. Lève la tête, deux secondes.

Elle s'exécuta l'air interrogateur : je palpais son cou, les sourcils froncés. Ignorant ses protestations à propos de mes doigts froids, je déclarais :

-Tu saignes. Comment tu t'es débrouillée pour saigner du cou ?

Ma petite sœur se retourna alors, fouilla dans son cartable, et en ressortit un cahier à la couverture cartonnée poussiéreuse qu'elle me tendit :

-C'est un garçon qui m'a demandé de te le donner. Pour ton anniversaire. Il m'a dit qu'il te connaissait

Je me figeais :

-Comment il s'appelait, ce type ?

Elle se gratta le bout du nez, signe de réflexion chez elle :

Quelque chose dans le genre do... non... da... Damian ! C'est ça ! Il s'appelait Damian Tanake.

Sans que je m'en rende compte, mes mains se crispèrent sur les épaules de Myia .

"C'est pas vrai..."

*

"-Eh, gamine !

Les mains dans les poches, Myia Suzuki se retourna d'un bloc. C'était la quatrième fois que cette voix masculine résonnait dans son dos : les trois premières fois, elle l'avait ignoré. Les deux premières, c'était facile, elle discutait avec une de ses camarades de classe . Mais dès qu'elle s'étaient séparées, le jeune homme avait recommencé à la harceler, et malheureusement, aucun passant n'était là pour l'aider. La petite fille avait alors allongé le pas, et sentit l'inconnu faire de même.

La quatrième fois était celle de trop. Myia pivota sur place, et se repassa en mémoire les conseils que lui avait donné sa sœur dans ce genre de situation. D'après celle-ci, le Japon avait beau être un pays extrêmement sécurisé, le risque zéro n'existait pas, et dans ce cas précis, Myia ne pouvait que lui donner raison : vise les couilles, avait dit Jia, et après tu te casses en courant.

La petite fille pris son air le plus impassible possible, mais c'était beaucoup plus difficile pour elle que pour sa sœur. Tant pis, l'essentiel c'était de ne pas montrer à l'inconnu qu'elle avait peur.

-Quoi ?

Elle soupira intérieurement de soulagement, voyant que sa voix ne tremblait pas tant que ça. Lorsque l'inconnu s'approcha d'elle, elle se prépara à décocher son meilleur coup de pied, mais il n'en fut rien. Il resta à distance raisonnable d'elle, et lui tendit un mystérieux cahier à spirales qui n'avait pas dût voir la lumière du jour depuis longtemps, si la petite fille en croyait la poussière et autres saletés qui tapissaient la couverture :

Will u be my bad boy ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant