Chapitre 33

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Chapitre 33

La semaine qui suivit ce qu'il s'était passé au lycée fut mouvementée. Toutes les personnes qui avaient assisté de près ou de loin à cette fin d'après-midi, avaient passé des heures au commissariat, répondant aux mêmes questions. Ces interrogatoires étaient épuisants et des plus éprouvants. Pour ma part, je ne faisais que revivre l'horreur de ces quelques heures, le son des coups de feu, les atroces silences et les hurlements. Entre chaque interrogatoire, nous nous retrouvions tous dans une sorte de salle d'attente, ne sachant pas vraiment comment réagir, s'il fallait parler, sourire ou garder le silence. Personne n'osait se regarder, pour ne pas croiser le regard des autres et y voir l'horreur qu'ils avaient vécue eux aussi. Beaucoup pleuraient, surtout des filles et la plupart du temps, les sanglots étaient la seule chose que nous entendions dans cette pièce. Les derniers interrogatoires touchaient à leur fin et ils furent les plus durs à supporter. Les deux hommes en uniforme face à moi me questionnèrent sur la façon dont j'avais pu me cacher aussi longtemps sans que le tueur ne me trouve et bien sûr, ils m'avaient questionné sur la raison des agissements de monsieur Cristante. L'homme avait été tué lors de l'entrée des policiers dans le lycée, en essayant d'abattre certain d'entre eux. Personne ne pouvait expliquer son geste, pour l'instant. Et je pense que pour beaucoup d'entre nous, c'est ce qui était le plus dur à accepter; ne pas savoir. Ces interrogatoires nous avaient occupés toute cette semaine et j'étais la première à vouloir qu'ils cessent enfin. Mais, quelque part, tout cela ne fut pas plus mal car l'esprit occupé, cela nous empêchait de penser à ce qui viendrait après ou plutôt, ce qui viendrait maintenant...

Je fermai les yeux et tentai de faire le vide autour de moi. La porte de ma chambre s'ouvrit et j'ouvris doucement mes yeux qui devaient être gonflés à cause de mes larmes.

—J'ai frappé mais personne n'a répondu. Je savais que tu étais là alors... Se justifia-t-il.

Je me déplaçai sur le lit pour lui faire une place et, enlevant ses chaussures, il se glissa près de moi.

Le soleil de fin d'après-midi emplissait peu à peu la chambre, étirant les ombres des objets sur les murs. Nous ne nous étions pas parlé depuis le moment où les deux policiers nous avaient séparés, à la sortie du lycée. Les seules fois où nous nous étions aperçus étaient au commissariat.

Allongé face à moi, la tête sur son bras replié, il me regardait de ses yeux bleus. Croisant son regard, une larme roula sur ma joue et je la chassai du dos de la main.

—Tu es arrivé à joindre tes parents? Chuchotais-je, incertaine de pouvoir encore parler plus fort.

—Ils ont été contents que je n'ai rien. Murmura-t-il à son tour.

—Ils ne vont pas venir te voir?

—Ils seraient venus si j'avais été tué.

Il leva soudain les yeux.

—Je suis désolé...

Je secouai la tête.

—Ce n'est rien.

—Et ta mère? Je l'ai vu au lycée avec toi.

—Elle est couchée.

Elle m'avait ramenée à la maison après que les médecins lui en aient donné la permission. Pendant quelques heures, elle était restée près de moi, s'assurant que je n'avais besoin de rien puis, sa maladie avait repris le dessus et elle était retournée dans sa chambre.

—Et Bar...Ella? Rectifiais-je.

Il eut un sourire forcé.

—Je suis passé la voir un peu plus tôt dans l'après-midi mais elle était trop préoccupée par la tenue qu'elle allait mettre à la cérémonie...

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