Là où tout commence

Chapitre 34

Chapitre 34

Le chemin du lycée fut éprouvant, beaucoup plus que d'ordinaire. Un silence inhabituel régnait tout autour, c'était comme si personne n'osait parler trop fort, de peur de rompre ce silence le premier. Arrivant aux portes d'entrée, les personnes s'arrêtaient et déposait une fleur, allumaient une bougie, laissaient un mot ou regardaient simplement, perdues dans leurs pensées. Poussant les portes, j'avançai dans le hall qui, à cette heure plutôt avancée, était pratiquement vide. L'intérieur sentait la javel et les produits d'entretien, qui avaient dû être utilisés abondamment pour faire partir le sang. Même s'il ne restait plus de traces au sol, les murs portaient encore les marques des coups de feu. Tentant de m'arracher à ces images, j'allai rejoindre les filles qui devaient être devant leur salle de cours. Nous nous efforçâmes toutes de sourire, par politesse car le cœur n'y était vraiment pas. La sonnerie retentie mais le bruit qui suivait habituellement ne vint pas.

-On peut parler à midi ? demandais-je à Abby.

-Bien sûr. On ira manger quelque chose dehors. A tout à l'heure.

La laissant derrière moi, j'allai rejoindre ma classe. Une fois tout le monde installé, la prof de management fit l'appel, dans le silence, et pris soin de ne pas prononcer le prénom de Clara. Elle commença son cours, chuchotant presque.

Assise au fond de la classe, je regardai la place vide à côté de moi, m'imaginant Clara prendre ses notes avec ses cheveux devant les yeux, se retourner vers moi et me sourire... un sanglot m'échappa et je sorti de la classe, ne pouvant pas rester plus longtemps.

La gorge serrée, je me laissai glisser au sol dans le couloir. Je luttais pour retenir mes larmes mais mon souffle ne voulait plus sortir de mes poumons. La porte de la salle s'ouvrit de nouveau et quelqu'un en sorti, s'approchant vers moi. Relevant la tête, je vis Grégory qui s'assit à côté de moi.

-Je n'ai même pas tenu 10 minutes ! dis-je alors qu'une larme roulait sur ma joue. Comment je vais faire ?

-Calme-toi. Dit-il en prenant ma main entre les siennes. N'essaye pas de lutter, pleure si tu en a besoin, prend ton temps, je suis là.

Les larmes se mirent alors à rouler et il passa un bras autour de mes épaules, restant silencieux jusqu'à ce que je ne me sois calmée. Des tremblements parcouraient mon corps mais mon souffle était enfin revenu dans mes poumons et je me sentais un peu mieux.

-Si tu ne veux pas y retourner, la prof comprendra tu sais.

Je secouai la tête et me levai.

-Si je n'y retourne pas maintenant, je n'arriverais jamais à le faire.

-Tu es sûre que ça va aller ?

J'acquiesçai et nous retournâmes en cours. Ella et d'autres me lancèrent des regards noirs mais je n'avais pas envie de répliquer. Le reste de la matinée fut tout aussi calme et je n'avais aucune idée de ce dont les profs avaient pu parler pendant ces quatre heures.

Sortant du lycée, j'allai rejoindre les filles dehors. Elles étaient silencieuses et Abby se leva pour que nous soyons plus tranquilles pour parler, à l'écart du reste du groupe.

-Qu'est-ce que tu voulais me dire ?

-Je pense qu'il y a un moment où il faut arrêter de jouer un jeu et expliquer certaines choses.

Elle acquiesça.

-Le garçon avec qui je suis depuis des mois, c'est... je pris une grande inspiration. C'est Grégory.

Je la vis écarquiller les yeux.

-Grégory, celui de l'élite ?

-Oui.

-Tu es sérieuse ?!

-Plus que sérieuse.

-Si je m'attendais à ça ! Je ne sais même pas quoi te demander après ça... Comment ? Pourquoi ?

-C'est lui qui m'a proposé ce marché, au début de l'année ; sortir ensemble sans que personne ne sache. Je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai accepté, peut-être parce que c'était excitant et que je voulais m'amuser un peu. Quoi qu'il en soit, maintenant tu sais.

-Barbie va te faire souffrir. Dit-elle un léger sourire aux lèvres.

-Justement, garde du corps ça te dis ? demandais-je soulagée qu'elle ne m'en veuille pas.

-Je vais y réfléchir !

Nous allâmes rejoindre notre groupe, tout en essayant de ne pas commettre d'impairs à propos des récents évènements.