Chapitre 26

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Chapitre 26

J'avais proposé à Mme Marquez, la CPE, de l'aider à organiser la salle où aurait lieu la collecte de sang. Les infirmières de l'établissement du sang étaient arrivées quelques heures avant le début des dons puis les rendez-vous avaient débutés. Même si je détestais les piqures, comme beaucoup de personnes, je trouvais ce geste important car après tout, il pouvait contribuer à sauver des vies sans être une contrainte pour la nôtre.

J'avais réussi à convaincre Abby de donner son sang avec moi et Elena nous avait accompagnée elle aussi. Une fois l'entretien avec le médecin effectué, j'allais m'installer sur un des fauteuils puis une infirmière planta l'aiguille dans mon bras. Mme Marquez me fit un grand sourire, ravie qu'autant de monde se soit mobilisé mais j'étais trop concentrée pour ne pas tomber dans les pommes. Lorsque le don fut fini, je sorti avec Abby qui était devenue pâle et nous allâmes prendre une collation pour lui redonner ses couleurs habituelles.

—Tu te rends compte de ce que tu viens de me faire-faire ? dit-elle en buvant une grande gorgée de jus de fruits.

—Tu es très courageuse. Dis-je pour la réconforter.

—C'est horrible.

—Arrête, pense aux personnes qui en ont besoin.

—C'est partit de mon corps...pour aller dans quelqu'un d'autre...dit-elle décontenancée par ce qu'elle venait de faire.

Elena, qui elle aussi avait perdu de ses couleurs malgré son teint mate, se mit à rire.

—Un petit pas pour l'homme mais un grand pas pour Abby ! S'exclama-t-elle.

Malgré elle, Abby se mit à rire elle aussi.

Je mis un point final à ma dissertation de philosophie lorsque mon portable sonna.

—Allo?

—On peut se voir? Demanda Gregory au bout du fil.

—Tu veux passer?

—Non, on peut se retrouver au bar près de chez toi?

—Si tu veux. Dans environ 15 minutes?

—A tout à l'heure.

Étrange cet appel. Qu'est-ce qui lui était arrivé? Je pris mon sac et, après avoir prévenue ma mère que je sortais une petite heure, partis à pied au bar. Sur le trajet, je me retournai plusieurs fois, habitée par l'étrange sentiment que quelqu'un me suivait. La nuit noire devait jouer des tours à mon esprit car je ne vis aucune personne ni aucune ombre. Grégory était déjà là, assis à une table au fond de la salle.

—Salut. Dis-je en m'asseyant face à lui.

—Salut.

La serveuse arriva pour prendre notre commande.

—Un café.

—Deux. Rectifia-t-il.

La femme blonde parti puis revint avec nos deux tasses.

—Merci. Dit Gregory en buvant une gorgée.

—Tu as une sale tête. Constatais-je en désignant ses yeux cernés.

—C'est à propos de ça que je voulais te voir. J'ai...un problème.

—De quel genre?

J'attendais en l'observant.

—Tu sais, le don du sang d'aujourd'hui...

—Tu ne l'as pas fait? Demandais-je face à son silence.

—Il baissa les yeux sur sa tasse.

—Si, justement. C'est bien ça le problème.

—Pourquoi?

—Il ne faut pas qu'ils analysent mon sang sinon, ils préviendront le lycée et je serais renvoyé.

—Prévenir le lycée de quoi? Je ne comprends pas.

Il inspira longuement et releva les yeux vers moi.

—Je...j'ai repris des pilules.

Je le regardais, perplexe. Alors c'était ça, les raisons de ses cernes.

—Donc, plus de règles c'est ça? Demandais-je.

—Franck me l'a demandé ce matin, je n'en ai pas repris avant.

—Demandé? Repris-je interpellée pas la manière dont il l'avait dit.

—Il m'y a forcé.

—Tu ne pouvais pas simplement refuser?

Je sentais l'incompréhension et la colère monter en moi.

—Ce n'est pas si simple! Dit-il en haussant la voix. June, reprit-il plus calmement, il faut que tu m'aide.

—Et comment je peux le faire? Qu'est-ce que tu veux que je fasse Grégory? Tu veux que je braque la banque du sang?! Demandais-je en me sentant rougir.

Les personnes assises à quelques tables de nous se retournèrent et je me rendis compte que j'avais peut-être parlé un peu trop fort.

—Non, c'est impossible ça. Je ne sais pas, tu ne saurais pas comment faire pour qu'ils jettent mon prélèvement?

Je secouai la tête et m'assis au fond de ma chaise. Il m'observait, attendant une réponse.

—Tu ne pouvais pas y penser avant de donner ton sang?

—Je n'étais pas tellement en mesure de réfléchir. Fit-il remarquer.

—Ça va finir par être une habitude.

Je regrettai immédiatement ma remarque.

—Désolée, je ne voulais pas dire ça...

—Tu sais, tu ne peux pas vouloir me changer sans arrêt June. Je suis comme ça, avec mes défauts et mes addictions. Je ne peux pas changer du jour au lendemain juste parce que tu me le demande!

Je le parcourrai du regard, abasourdie par ce qu'il venait de me dire. Le souffle court, je vis que lui aussi regrettait la claque de mots qu'il venait de me mettre. Néanmoins, il les pensait et ces mots avaient été nécessaires pour lui comme pour moi.

—Je ne m'étais pas rendue compte de ça, que tu avais l'impression que je voulais te changer.

Il y eu un nouveau silence.

—Je t'adore comme tu es mais parfois...tu es vraiment con. Finis-je par dire calmement avant de me lever.

—Attends...

—Appel le don du sang et dis-leur que tu as la grippe, ils ne se serviront pas de ton sang. Dis-je en me tournant face à lui.

—Tu es fâchée?

—Non. Non, je suis juste déçue. On se voit demain.

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