Chapitre 13

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Chapitre 13

Le premier week-end des vacances ressembla plus à deux longs jours d’hibernation. C’était comme si je m’étais couchée le vendredi soir, pour me réveiller le dimanche matin, l’esprit encore un peu brumeux.

Le samedi, ma mère était sortie – la première fois depuis des mois – et était revenue les bras chargés de cartons et de sacs. Visiblement, elle était bien décidée à fêter Noel, avec son sapin et sa traditionnelle dinde aux marrons. «Tu devrais proposer à notre voisin de venir diner avec nous » m’avait-elle dit juste avant que je ne retourne me coucher. Le fait qu’elle souhaite inviter Nathan m’étonna mais ce n’était pas une mauvaise idée.

Je lui avais justement proposé de passer boire un café, le dimanche après-midi.

—J’aurais quelque chose à te proposer. Dis-je en lui apportant sa tasse de café. Non enfaite, ça ressemble plus à une requête.

—Ca à l’air horrible ! dit-il en souriant.

—Tu voudrais venir dîner demain soir, pour le repas de noël ?

—Une invitation ?

—Une requête. Insistais-je.

En réalité, sa présence aurait rendu l’atmosphère moins lourde que si je m’étais retrouvée seule avec ma mère.

—C’est d’accord, je viendrais avec le dessert alors.

—Merci !

 Face à lui, je l’observais se ronger les ongles.

—Qu'est-ce qui t'arrive? Demandais-je.

—Rien.

Il posa ses mains sur la table et pris sa tasse à café.

—Ne dis pas "rien". Tu es une vraie boule de nerf depuis que tu es arrivé. Je devrais te priver de café!

Il soupira et avala une gorgée.

—Je plaisantais Nathan. Qu’est-ce qui te travail ?

—C'est juste que j'ai une envie qui me torture l'esprit depuis des jours!

—Qu'est-ce que c'est? Demandais-je en buvant une gorgée de ma mixture.

Il me fixa.

—C’est idiot comme idée.

—Ah non Nathan, dis-le moi!

Il souffla et reprit une grande inspiration.

—J'ai envie de demander Marie en mariage.

Je failli m'étrangler.

—Sérieusement!?

—Oui. Tu penses que c'est trop tôt?

—Je pense que c'est génial!

—En tant qu'amie, tu ne penses pas que je vais trop vite?

Je réfléchis un court instant, me sentant plus réveillée que je ne l’avais été de tout le week-end.

—Je pense que si tu es sûr que c'est la bonne et que tu l'aime, alors ça ne vaut pas la peine d'attendre. Trop de gens passent leur vie à attendre et finalement, il ne leur arrive pas grand-chose alors, fonce.

—En réalité, j'ai peur.

—Peur de quoi?

—Qu'elle dise non.

—Pourquoi elle le ferait? Tu n'as qu'à la convaincre.

—Et comment?

—Dis-lui ce que tu ressens, ce qu'elle représente pour toi. Tiens, entraîne-toi avec moi. Dis-je en me rapprochant de lui. Imagine que je suis Marie, qu'est-ce que tu me dirais?

Il sembla réfléchir.

—Je lui dirais...

—Parle-moi comme si j'étais elle, ça t'aideras.

J'avais au moins retenu ça des jeux de rôles que nous avions fait l'année passée en communication.

—D'accord, alors je me lance. Tu es entré dans ma vie avec ton sourire et un matin, je me suis réveillé et tu étais là, allongée près de moi, tes cheveux blonds sur l'oreiller. En te regardant dormir, je me suis rendu compte que j'étais heureux et que c'était vrai. Ce jour-là, tu t'es réveillée et tu m'as regardé avec tes yeux verts et alors j'ai compris que je t'aimais. A partir de ce jour, j'ai sus que je te voulais tous les jours, de ma vie auprès de moi. Alors, tu veux m'épouser?

Je l'observai et senti une larme rouler sur ma joue.

—C'était trop direct? Demanda-t-il.

—Tu plaisantes? C'était parfait!

—Je dois m'attendre à ce qu'elle pleure aussi?

J'acquiesçai en riant.

—Oh oui je pense! Dis-je en essuyant ma larme. Tu comptes lui demander quand?

—Je pensais dans la semaine, au restaurant.

—Tu devrais éviter le restaurant. Marie va se sentir gênée. Choisi plutôt un lieu plus tranquil, plus intime.

Il se leva.

—Comme ça, ça m'évitera de me ridiculiser si elle dit non.

Je me levai à mon tour et l'accompagnai à la porte.

—Elle ne dira pas non. Reste confiant, si tu dis ce que tu viens de me dire, elle va craquer!

—Je viens te voir dès que j'ai une réponse.

—J'espère bien! Bonne soirée.

—Merci. Toi aussi June.

Je refermai la porte en me rendant compte que je souriais bêtement. Cette nouvelle m'avait requinqué!

Comme promis, Nathan était venu pour fêter le réveillon. Il s’était mis sur son 31 et portait un costume qui lui allait plutôt bien.

Dans l’après-midi, j’avais aidé ma mère à préparer le repas qui avait l’air plutôt réussit. Nathan coupa la dinde, ma mère servit les légumes puis, j’apportai le dessert. L’humeur de ma mère avait été positive et je dois dire que cela faisait des mois qu’elle n’avait pas été aussi éveillée et normale. Durant la soirée, j’étais même parvenue à oublier le fait qu’elle soit malade, la regardant plaisanter, sourire, parler et rire. Cela faisait un bien fou de la voir heureuse, même si ce n’était peut-être que pour quelques heures.

Nous n’avions pas prévu de cadeau car pour nous, le cadeau était de pouvoir partager un repas avec les gens auxquels nous tenions et être réunis le temps d’une soirée. Je pense que ma mère avait tenu à inviter Nathan car, même si elle n’était pas très présente, elle voyait que, quelque part, il veillait sur moi et elle lui était reconnaissante de le faire.

Tôt dans la matinée, je raccompagnai Nathan à la porte.

—Merci d’être venu.

—Merci de m’avoir invité, j’ai passé une super soirée.

—Au fait, tu as parlé à Marie ?

—Non, pas encore. Ses joues s’empourprèrent. Je préfère attendre la fin des fêtes, qu’on soit plus tranquilles et plus posés.

—Tu me tiens au courant hein ?

—Tu seras la première au courant

Je voyais l’étincelle dans ses yeux.

—J’ai hâte ! Bonne nuit alors.

—Encore merci pour la soirée. Bonne nuit.

Même s’il préférait attendre, son envie de la veille n’avait pas changé et il mourrait d’impatience de faire sa demande à Marie. J’avais remarqué qu’il était surexcité mais aussi qu’il avait peur de ce qu’elle pourrait répondre. Mais ce sentiment était tout ce qu’il y a de plus humain car après tout, il s’agissait du reste de sa vie.

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