27.Daddy issues

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TW⚠️: Violence

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Je sens qu'on m'entraine vers un endroit chaud. Je peine à ouvrir mes yeux et ce sont des fragments visuels que je perçois. Des voix me parviennent de loin et pourtant je suis certaine qu'elles sont près de moi.

"J'en... à faire!"

Mon sang se glace pendant mon réveil. Il faudrait que je ne me réveille jamais. Parce que la voix étouffée de mon père est bien trop réelle pour que ça ne soit qu'un rêve. Je ne respire plus mais la douleur me porte préjudice quand je sens ma tête glisser sur un sol frais et que je grogne.

Mes sens refont surface. Tout devient plus vrai que jamais. Les voix deviennent plus fortes. Elles se confrontent pendant que l'on me traine comme une vulgaire serpillère.

"... Une putain... trainée!"

Mon cœur se brise. Il se contracte et me fait mal. Je sais qu'une fois que j'ouvrirais les yeux, ce sera fini pour moi. Moi qui pensais être seule quelques jours. Je me contiens si fort pour ne pas pleurer mais la peur est plus forte que tout. 

Pourquoi sont-ils déjà rentrés?

Pourquoi fallait-il que cela arrive aujourd'hui?

Je sais dorénavant que les mains qui me tirent ne sont autres que les siennes. Ses mains, salies par mon sang de ces dernières années. Il les a peut-être nettoyées entre temps mais mon sang est encré en lui comme la sensation de ses coups l'est en moi.

Sa force disparait aussitôt. Je ne bouge plus. Lui non plus. Il n'y a plus les cris précédents. Il n'y a plus rien. J'ose ouvrir les yeux parce que ne rien voir est oppressant. Ne pas avoir connaissance de ce qui se passe est angoissant. 

Alors oui, j'ose ouvrir ces paupières. 

Sur le coup, je vois trouble puis plus les secondes passent plus ma vu redevient nette. J'aurais préféré ne jamais les ouvrir. Sa musculature me possède. Il est si imposant que je ne peux que me sentir petite à cote de lui. Mon père. Mon géniteur. Mon cauchemar.

Il ne dit rien mais me contemple dangereusement. Je n'ai toujours pas bougé d'un poil comme si j'attendais un quelconque signal de sa part. Ses poings sont serrés, il me brule de ses yeux bruns. Son torse se bombe continuellement. Il me détruit en un regard. Il me prévient inconsciemment de ce qu'il compte faire. Pourtant je suis incapable de le comprendre.

Sa colère n'est que message.

-"Monte dans ta chambre." M'ordonne-t-il de son ton autoritaire. Rien de paternel n'en ressort. En réalité je n'ai aucune idée de ce qu'est la paternité. Probablement pas ça.

La peur qui me noie m'oblige à lui obéir comme une petite fille. Je me lève en hâte et difficilement. Ma main glisse quand je tente de m'appuyer dessus. Mais la panique fait que je réussis à me lever, à marcher. J'ai mal partout.

J'ai très mal. 

Il me suit comme un prédateur. Je suis sa proie. Ma gorge est tellement nouée et mes muscles sont si faibles. L'arrière de ma tête est douloureux lui aussi.  En montant les escaliers, je me sens encore capable de surmonter cette nouvelle épreuve.

Il fait trémuler mon âme quand il repasse sur mes pas. Je traverse le couloir en respirant profondément. Je remarque une main tremblante quand elle se pose sur la poignée. Il ne dit toujours rien mais il pense beaucoup.

Le monstre de mes cauchemars pense à la façon dont il pourrait m'emprisonner. 

J'entre dans ma chambre aussi prudente que possible. Je m'arrête près du lit et attend. Mon ventre se tord quand il verrouille la porte. Mon organe se tord d'une façon alarmante. Mon corps détecte le mal. 

love from a lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant