35. Red

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- "Il paiera un jour, je peux te le jurer." Résonne une voix rauque à mon oreille.

Un frisson parcourt mon échine à ce son maintenant familier. Je souffle en signe d'abandon, épuisée par ces jours.

Je crois que plus le temps passe et plus je m'engouffre au fond d'un trou. Je ressens des améliorations dans mon comportement, il y a beaucoup de changements. Mais j'ai bien l'impression d'être plus vite à court de batterie sociale.

Cela doit faire partie de la guérison, je pense.

"Je veux juste oublier tout ça Liam."

- "Je crois pas que ce soit si simple de le faire."

Et ce déchargement social me rend susceptible. Tout m'agace même si je ne le montre pas. Un rien peut me rendre hors de moi parce que je veux être seule et au calme pour me ressourcer. Parce que quand vous êtes fatigués, vous êtres irritables pour tout.

Même si j'aime le grésillement de sa voix, j'aime l'imaginer lunettes sur le nez dans son lit à fixer le plafond et être inquiet pour moi- même si ça ne doit pas être le cas-, là je n'ai envie de parler à qui que ce soit. Je finirai par culpabiliser mais pour le moment je ne sais passer outre ma colère.

"Ce n'est pas possible de toute manière. Mais ça ira, je vais me... débrouiller."

-"Essaie de ne pas rester seule Livie. T'as Malya et les autres."

Je serre les dents en me mordillant l'intérieur de la joue pour essayer d'ignorer mon sang chaud. Très chaud. 

"Et toi?" Lancé-je plus froidement que prévu.

-"Moi, je compte pas. Tu vaux mieux que ça."

J'ai envie de rire. D'ailleurs mes lèvres s'étirent naturellement. La nervosité bas son plein. Je ne veux plus lui parler c'est décidé.

"Je sais ce que je vaux toute seule, j'ai pas besoin que tu me le dises."

Je ne vaux pas grand chose, inutile de se voiler la face à cause d'un enfoiré qui pense être le pire humain de cette planète.

Il n'a pas à me dire ce que je vaux même si ça partait d'une bonne intention. Et encore, je n'en suis pas si certaine...

Je ferais mes propres choix et personne ne pourra décider de ce que je dois ou peux ressentir. Je pourrais très bien faire la même chose et lui dire de prendre telleou telle décision car j'estime que c'est mieux pour lui.

-"Evidemment que tu le sais." Répond-t-il calmement comme pour se justifier.

"Je vais me coucher. Quand toi tu sauras vraiment ce que tu vaux tu me feras signe, Liam."

Je ne le laisse pas répondre. La fatigue ou même l'angoisse m'ont forcées à le faire. Ce n'était pas une bonne idée d'accepter cet appel. Il n'a servi à rien mais en même à quoi pouvais-je m'attendre venant de sa part?

Si ça se trouve il va mal et moi je ne fais qu'aggraver la situation. 

Je suis mauvaise. Mon père à raison depuis le début je ne voulais juste pas l'entendre. Je suis tellement mauvaise que s'il m'avait parlé de ses problèmes j'aurais raccroché. Parce que je n'aurais pas eu la force d'entendre sa douleur qui pourrait être bien pire que la mienne.

Je ne veux pas dormir par peur d'être déjà demain, la fac m'angoisse mais ce n'est pas le pire. Le pire c'est de devoir aller au restaurant avec un inconnu qui peut nous faire ce qu'il veut si une pulsion le prend. 

love from a lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant