18 mai, deux semaines plus tard.
Je pense que personne- sauf les concernés- ne peut comprendre ce que c'est que de témoigner contre son père. De se retrouver à parler de lui comme s'il n'était qu'un inconnu qui vous a fait du mal. De parler de toutes ses injures que vous avez tentées d'oublier. De décrire les actes qu'il a commis, la violence que vous avez subi.
De vous ouvrir à des inconnus en uniformes qui ne cherchent qu'à incriminer un coupable sans prendre en compte la douleur de la victime. Parce que oui, j'en suis une. Liam m'a réconcilié avec ce statut. Pour moi, il existe de pires situations sur terre et je n'étais pas une victime. Mais il m'a ouvert les yeux et je l'assume doucement. J'en avais honte.
Je crois que j'avais honte de ne pas être assez forte mentalement comme physiquement pour m'en sortir. De ne pas savoir m'enfuir par peur. Mais aujourd'hui je suis fière d'avoir partagé mon histoire à des inconnus.
Assise sur le canapé noir du salon, je continu d'y penser en silence sans pour autant ressentir quoi que ce soit de négatif. Je crois qu'en fait je ne ressens rien. J'observe sans conviction l'écran de télévision afficher les images d'une série policière.
Il a certains jours comme ceux-là dans lesquels je ne trouve aucun intérêt à vivre. Pourtant Liam est assis près de moi, occupé à taper quelque chose à l'ordinateur. Dire qu'il est cruellement beau est un euphémisme. Ses mèches lui retombent sur le visage et ses lunettes lui offrent un air sérieux qui parvient à m'arracher un sourire.
J'aime cet endroit. L'appartement qu'il a choisi est parfait. Tout est parfait grâce à lui. J'ai ma chambre et il a la sienne, parce que même s'il est officiellement mon petit ami, c'est compliqué pour nous d'abandonner notre espace personnel respectif.
Un mouvement de sa part attire mon attention. Il referme son ordinateur portable et retire ses lunettes au passage en les posant sur la table basse. Ses yeux dérivent soudain vers moi.
— Qu'est-ce qui te fait rire sourire comme ça? me demande-t-il en se relevant.
— Toi.
Je l'observe se diriger vers la porte d'entrée.
— Moi ou mes lunettes? me lance-t-il d'un sourire en coin.
— Oups, je suis démasquée.
Le noiraud revient et se penche près de moi lorsqu'il se retrouve à ma hauteur. Son souffle caresse mon oreille et les battements de mon cœur s'intensifient à sa guise.
— Je les porterais ce soir rien que pour toi. me chuchote-t-il avant de disparaître à nouveau et de me frustrer intérieurement.
Cela fait deux semaines qu'il s'amuse à me perturber comme cela. Ce qu'il n'a pas encore compris c'est que je suis loin d'en rester là.
— Je reviens tout de suite, je vais à la boite aux lettres. m'informe-t-il plus loin.
Je hoche la tête et pense déjà à notre petite soirée de ce soir. Le groupe devrait arriver au plus tard à dix-huit heures et Maxime est lui aussi convié. Il fait partie de notre cercle d'amis maintenant, il s'est passé beaucoup trop de choses pour que ça ne soit pas le cas.
J'entends la porte claquer et laisse mon regard balayer la pièce.
Avec Liam, nous avons arrêtés d'aller à la fac, seule Malya continu d'y aller. J'ai pris cette décision depuis que les médias ne font que de me harceler pour avoir des poussières de l'histoire avec mes parents. Liam à fait la même chose pour les mêmes raisons. De mon coté je continu d'avancer sur mes projets d'édition.
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love from a lie
RomanceEntre les cours, ses amis et son confort financier, Livie a tout pour être heureuse d'un point de vu extérieur. Une petite vie prosaïque. Pourtant un certain monstre ne cesse de faire croitre ses démons par des actions qui l'empêchent d'avancer. Peu...