28.Contract

89 6 0
                                    

Le malaise me prend d'office dès lors que je retire mes sous-vêtements. Prendre des douches chez les autres est l'une de mes pires craintes.

Mais je n'aurais pas pu faire sans car cette trainée noir sous mes yeux devait impérativement disparaître. J'ai affreusement peur que quelqu'un puisse entrer à tout moment. Heureusement pour moi, sa mère n'est pas là. Je ne lui ai jamais vraiment parlé d'ailleurs mais loin de moi l'envie de le faire.

Après ce qui s'est passé la première fois que Liam ait dormi chez moi, je ne l'ai plus jamais revu, c'est pour dire. Du moins, pas vraiment. J'ai plusieurs fois senti son parfum émaner du couloir quand je descendais me chercher quelques chose à grignoter. Mais visuellement parlant, non.

La salle de bain du noiraud n'est pas très spacieuse. Leur maison n'est pas au gout du jour et semble plutôt ancienne mais cela ne me dérange pas. Je pense préférer. Certes les joins du carrelage mural sont jaunis par le temps et le calcaire réside sur le pommeau de douche mais c'est vivant. C'est la réalité.  La vraie vie.

Il n'y a qu'une petite cabine de douche dont la porte fermante se trouve être griffée et plus très solide. J'y entre avant d'ouvrir le robinet. Pour une fois, je choisis une température raisonnable. En vue de mes coups dans le dos, c'est préférable. Même si pour tout avouer je pense que j'aurais poussé la température chez moi.

Là n'est pas la question.

Je fourre mon visage sous le jet et laisse l'eau faire son travail. Les yeux fermés, je profite de cet instant de calme et de sécurité. Un moment à part où ma présence ne m'est pas insupportable.

Mes cheveux sont immédiatement imbibés. J'attrape le premier gel douche qui me vient sous la main car je ne peux ouvrir les paupières par peur d'être irritée. Sont odeur est particulière, un mélange d'agrumes et de plantes.

Je me frotte en faisant attention à l'arrière de mon corps qui je pense doit supporter plusieurs marques que je ne veux pas voir. Mieux vaut rester dans l'ignorance plutôt que s'infliger une autre douleur. Même si je n'ai pas toujours respecté cette consigne de vie.

Ma douche s'achève après quelques minutes. Je rince l'entièreté de mon corps puis ferme le robinet. La serviette que j'attrape sur l'étagère absorbe les gouttes et l'humidité de mon enveloppe. Je me presse pour me vêtir d'un de mes pyjamas en satin que j'ai enfouis dans mon sac tout-à-l'heure.

Deux petits nœuds en dentelle sont cousus sur le bord de mes manches. C'est l'un de mes préférés, le seul qui ne me met pas mal-à-l'aise d'être en pyjama devant quelqu'un. Les gouttes d'eau dégoulinent lentement sur le tissu de mes épaules. Je n'ai pas de sèche cheveux à porté de main et même si c'était le cas je ne me serais pas permise de l'utiliser.

La pièce embrumée me signale qu'il est temps pour moi de sortir de là. J'inspire avant d'ouvrir la porte. C'est très calme, il n'y aucun bruit. Pas même les jurons du noiraud en fond pour combler le vide. 

-" Liam?" Tenté-je une première fois, cachée à moitié dans la salle de bain. La pénombre de me rassure pas, je préfère attendre un quelconque signe de vie qui me prouve que ma douche ne m'a pas menée vers un monde parallèle entre deux.

Et cette fois suffira car il me répond directement. 

-" Par ici." 

Sa voix me parvient de la cuisine. Je m'y rend en serrant les dents pour oublier qu'il n'y absolument aucune lumière d'allumée derrière moi. Heureusement que sa maison n'est pas si grande. Elle me rassure.

Les néons éclairent à peine la pièce carrelées du sol jusqu'aux murs. Je le trouve assis autour d'une table en bois un peu bancale sur laquelle est posé un tas de papier et de babioles en tout genre.

love from a lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant