13 avril, deux semaines plus tard.
La douleur.
On la connait tous. Personne ne peut y échapper, chaque être humain y est confronté. Pourtant connaissez-vous la douleur que l'on ressent après avoir retrouvé sa lettre de suicide?
Une lettre tachée de larmes et de sang dans une enveloppe à demi arrachée. Celle pleine de désespoir entre chaque ligne et qui nous déchire quand on se rend compte qu'on était vraiment au fond.
Mais que dans ce fond on s'y sentait en sécurité. Ressentir la tristesse était mieux que ne rien ressentir. Pourtant l'envie de retourner dans cette période n'est pas là évidemment mais on se demande si ça ne serait pas mieux de faire ce qu'on avait prévu.
Parce que revoir les raisons qui nous ont poussées à bout nous replonge dans la négativité et la souffrance. La détresse, le supplice, le tourment...
Moi je la connais.
Parce que j'ai retrouvé ce morceau de papier dans une boite fermée à clés. Je me suis demandé pourquoi l'avoir enfermée si elle était adressée aux personnes citées. Puis je me suis dit que finalement, même d'en haut je ne voulais pas voir leur visage de marbre quand ils la liraient.
Parce que je suis persuadée que mon père l'aurait déchiré avant même d'avoir posé un regard dessus. Quand bien même il ne l'aurait pas fait, son rire machiavélique aurait fait surface.
Mais pour une fois je n'ai pas envie de pleurer, assise contre la baie vitrée qui me sépare du vide dans le salon.
J'avais prévu de sauter depuis le dernier étage du lycée pour tout avouer, je n'avais pas la possibilité de faire autrement.
Je voulais que ce soit rapide.
Pourtant face au vide, je me suis désistée. J'ai tenu une dizaine de minutes comme ça à contempler le sol plus bas. Mais je n'ai pas réussi à lâcher la rambarde. Ce n'était pas par peur, mais un simple nuage en forme de croix est passé. Je n'étais pas croyante, je ne sais toujours pas si je lui suis.
Mais ça m'a renversée, je veux dire, vraiment renversée.
Parce que je me sentie si petite que ma jambe est repassée au-dessus de la barrière et que je me suis effondrée sur le toit en pleurs. J'ai attendu que ce nuage s'évapore avant de retourner à la maison complétement épuisée et vide.
Personne n'a remarqué à l'heure du repas que je venais d'essayer de mettre fin à mes jours quelques heures plus tôt. J'ai fini par me dire que même la mort je ne la méritais pas.
Le son d'une bourrasque de vent me ramène à la réalité et au papier que je tiens dans ma main. La pénombre éclaire les coins abimés de l'enveloppe renfermant les mots les plus déchirants que j'ai pu dire en tant qu'adolescente.
J'observe une dernière fois la ville éclairée avant de sortir délicatement le papier. Ce serait mentir de dire que je n'ai pas peur de la lire. Mes doigts caressent soigneusement la feuille de papier, arrachée à un carnet. Mon cœur bat la chamade quand mes yeux se posent enfin sur les premières lignes.
A tous ceux qui m'ont souhaité la mort:
Je vous félicite pour cette première réussite.
Il y a tellement de choses que je voudrais vous dire mais je n'ai plus le temps de gagner du temps. Vous m'avez fait très mal, surtout toi, papa, je me permets de t'appeler ainsi puisque c'est le titre qui te donne envie de me cogner. Mais tu ne pourras plus le faire dorénavant.
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love from a lie
RomanceEntre les cours, ses amis et son confort financier, Livie a tout pour être heureuse d'un point de vu extérieur. Une petite vie prosaïque. Pourtant un certain monstre ne cesse de faire croitre ses démons par des actions qui l'empêchent d'avancer. Peu...