B-BOY (En Pause)

B-BOY 60

~Point de vue de Ayden~

Je conduisai jusqu’à la maison de mes parents dans les rues calmes et chics de Bonamoussadi, cela faisait un moment que je n’avais pas vu ma mère et puisque mon père était constamment en voyage, elle devait sûrement s’ennuyer toute seule dans cette grande maison. Je voulais aller lui tenir compagnie et également lui parler de ma vie, elle qui se plaignait que je ne lui en disait jamais assez, j’espère qu’elle sera à présent prête à entendre tout ce que j’avais à lui raconter.

Je franchis le portail en fer forgé tout en faisant un signe au gardien, je me dirigeai ensuite vers la porte de la maison en l’ouvrant joyeusement. En rentrant au salon, je trouvai ma mère en compagnie de ma tante et de mon petit cousin, qui était occupé à jouer à un de ces jeux vidéos un peu trop addictif à mon goût.

-Bonjour la famille ! M’exclamais-je en allant embrasser ma mère puis ma tante

-Ayd, tu as enfin décidé de venir rendre visite à ta pauvre mère.

-Pourquoi est-ce que tu dis ça comme si je t’avais abandonné ? Tu sais bien que mon travail m’occupe beaucoup.

-C’est vrai que ton travail est plus important que ta mère. Répliqua-t-elle d’un ton dramatique

Ma tante ayant l’habitude des comédies dramatiques de sa sœur, se contenta de sourire en m’adressant un regard entendu. Je pris place sur un canapé libre près des deux femmes et nous commençâmes à taper la discussion. Ma mère me tint donc informer des nouveaux déplacements de mon père. Il était d’origine et de nationalité britannique et il ne rentrait pas souvent à la maison, c’était très rare de le voir, même pendant les vacances puisque son travail lui prenait énormément de temps et ne connaissait ni les fériés, ni les jours festifs. Mon père était réalisateur de documentaires mondiaux, il avait justement rencontré ma mère en venant réaliser un documentaire sur un pays du continent africain—le Cameroun— qu'on lui disait-on être l'Afrique en miniature.

À cette époque, elle n’était encore qu’une simple étudiante en licence de journalisme étant en stage chez un particulier mais elle avait fait preuve de tellement de professionnalisme et de dévotion en l’aidant dans ses recherches qu’il était tombé sous le charme. Je peux comprendre, contrairement à la plupart des femmes qui attendent qu’un homme riche vienne leur offrir une vie de rêve sur un plateau d’argent, ma mère avait réussi sa vie rien que par le prix de ses efforts.

Ambitieuse, ma mère savait que si elle cédait au charme du bel étranger, ça pourrait compromettre ses plans pour devenir la journaliste en chef de l’une des meilleures chaînes nationales du pays. Pour cette raison, elle avait toujours catégoriquement refusée ses avances jusqu’à ce qu’elle soit diplômée et puisse elle-même payer ses propres factures. Il l’avait attendu tout ce temps et avait respecté son choix parce qu’il l’aimait et la respectait. J'ai toujours cru qu’ils exagéraient tous les deux cette histoire et que l'amour ne pouvait pas être aussi fort entre deux personnes, du moins jusqu’à maintenant...

Ma mère m’avait toujours fait comprendre que rien ne valait mieux que le goût de l’effort et que peu importait qui l’on était, les récompenses étaient toujours meilleures lorsqu’on se battait fermement pour les obtenir. Moi, je n’avais pas d’objectifs ou de rêves qui me fassent tout abandonné ou tout mettre de côté pour m’y consacrer mais pour avoir été élevé par cette femme remarquable, je n’en aimais et n’en respectais que davantage la femme qui avait su trouver le chemin de mon cœur à présent.

Elles s’entendraient à merveille toutes les deux. Deux femmes fortes, ambitieuses, indépendantes, belles et pleines de caractère mais avec un cœur aussi tendre que la rosée. J’en venais même parfois à me demander si ce n’était pas à cause de ma mère et de leurs ressemblances que j’étais si fou amoureux de Rahéna.