Losing Game - Tome 1 [Antoine Griezmann]

Chapitre 16

PDV Gabrielle

C'est avec de grands sourires inhabituels que Louisa et moi arrivons au travail le lendemain matin – elle parce qu'elle a bientôt un date avec Benjamin et moi... parce que je suis tout simplement heureuse. On passe devant les secrétaires de l'accueil qui nous regardent avec confusion, ce qui nous fait glousser comme des ados. Je secoue la tête, essayant de reprendre contenance. On monte à nos étages respectifs en décidant de déjeuner ensemble. Assise derrière mon bureau, j'allume mon ordinateur et pousse un léger soupir. Ma mère ne m'a toujours pas répondu au sujet des prestataires, ce qui fait qu'ils s'impatientent. Je songe à monter dans son bureau pour lui en parler, mais si j'interromps un rendez-vous ça ne fera qu'aggraver les choses. Je décide de travailler sur les invitations, histoire de ne pas être là pour rien. Au bout d'une heure je regarde une dernière fois mes mails sans aucun espoir. Toujours aucune réponse. Là, ça m'agace. La liste des prestataires et la liste de secours en main, je monte au dernier étage pour aller voir ma mère, tant pis si elle est en réunion ou en rendez-vous. Si elle ne voulait pas que je la dérange, elle n'avait qu'à me répondre. C'est pas comme si elle dirigeait le pays. L'ascenseur étant en panne, je prends les escaliers et les monte quatre à quatre. J'arrive au dernier étage et marche vers la secrétaire de ma mère.

- Mademoiselle Gabrielle.

- Bonjour, est-ce que ma mère est occupée ?

- Pas pour le moment.

Je la remercie et frappe à la porte. On me dit d'entrer et j'entre dans la pièce, hésitante. Assise derrière son bureau, elle lève la tête vers moi, l'air un plus calme que d'habitude mais toujours avec du dédain - et un peu de surprise - dans le regard.

- Qu'est-ce que tu veux ? demande-t-elle sans cérémonie.

- Désolée de te déranger, je commence, mais elle soupire en roulant des yeux.

- Pour l'amour du ciel, Gabrielle, viens-en au fait, râle-t-elle d'une voix froide. Je n'ai pas toute la journée.

Je fais tout mon possible pour ne pas sortir une réponse cinglante, et prends une grande inspiration.

- Je suis venue te donner la liste des prestataires pour le gala qui approche, je lance.

Je lui tends la feuille, qu'elle prend avec un air déjà un peu plus intéressé.

- Je l'attendais par mail, dit-elle, lisant le contenu de la feuille.

- Je t'en avais envoyé un...

Je songe à lui dire qu'elle n'a pas daigné le lire mais je suis plus intelligente – et pas suicidaire.

- Mais tu n'as pas dû le recevoir.

- En effet, ce n'est pas ma faute si tu ne sais pas écrire et envoyer un mail correctement.

Elle continue sa lecture, et un silence – gênant pour moi – s'installe. Au bout de deux minutes elle jette la feuille sur son bureau.

- Garde la salle et les serveurs, change tout le reste. Je pensais t'avoir inculqué certaines choses depuis tout ce temps et que tous les galas auxquels je t'ai emmenée t'auraient appris à faire les bons choix, mais je constate que ça ne sert à rien. Il n'y a que ton frère qui soit suffisamment intelligent.

Je ne relève pas, et lui tends la liste de secours.

- Je ne sais même pas pourquoi je prends la peine de la lire, soupire-t-elle en la prenant à contre-cœur.