Quand trois adolescents tourmentés par la vie trouvent la force de continuer à se battre dans leur amitié...
Kessyah, Jarek et Ichiro nouent un lien fort et unique lors de leur dernière année de lycée, cette période de croisement entre les derniers...
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JAREK
Les derniers rayons de soleil de la rentrée ont laissé place à un ciel gris et nuageux. Le temps est humide et la brise matinale, en ce mois d'octobre, me fait frissonner. J'enfonce mon menton dans l'encolure de mon manteau et mes yeux se dirigent vers toutes les feuilles qui jonchent le sol et font de lui un incroyable tapis coloré teinté d'orange, de rouge et de brun.
Je suis soulagé quand j'arrive devant la porte de chez moi. Faisant passer le sac rempli de viennoiseries que je tiens dans mon autre main, je fouille la poche de mon jean pour en extirper mes clés.
- Maman ? Je t'ai ramené des pains au chocolat tout chauds ! je m'écrie quand j'arrive dans la cuisine.
Je pose le sac sur le comptoir et tends l'oreille mais je n'entends rien. Quand je me suis réveillé, la maison était vide et je suis parti à la boulangerie avec l'espoir que mes parents seraient là à mon retour. Du moins ma mère. Je ne connais pas l'emploi du temps de mon père. Ma mère, elle, est ambulancière et travaille parfois de nuit. Lorsque c'est le cas, comme cette nuit, elle rentre très tôt le matin. Mais aujourd'hui, je ne l'ai pas entendue rentrer.
Préoccupé, je me dirige vers ma chambre les sourcils froncés. Je jette un coup d'œil à ma montre en avançant dans mon antre. Cette dernière est dans un état lamentable, ce qui explique que je me prends les pieds dans un tee-shirt qui traîne au sol. Je soupire en me rattrapant de justesse à mon armoire. J'en sors d'ailleurs un jogging et un sweat à capuche que j'enfile sans attendre pour être à l'aise. Puis je m'affale sur mon lit en étoile de mer.
Il est 8h47.
Près d'une heure plus tard, après avoir poireauter sans vraiment savoir quoi faire, je reçois enfin un message de ma mère. Elle m'explique qu'elle a dû remplacer une de ses collègues en urgence et qu'elle ne rentrera pas avant cet après-midi. La perspective de passer ma journée seul ne m'enchante pas le moins du monde. Je soupire en fermant les yeux. C'est incroyable comme tout peut basculer en quelques mois. Un jour, on a l'impression d'avoir le monde à ses pieds et le lendemain tout ce qu'on pensait avoir acquis nous est enlevé brutalement...
L'an dernier à la même période, je n'aurais jamais eu à m'inquiéter de m'ennuyer à rester seul à cause d'un père qui a tendance à se volatiliser et d'une mère qui travaille beaucoup. Je les avais eux. Ma clique. Des centaines de souvenirs refont surface dans ma mémoire. Les images défilent devant mes yeux et je peux entendre l'écho de nos voix résonner en moi. Comme toujours dans ces moments-là, la nostalgie m'assaille en première. Puis vient l'amertume, la honte et surtout la culpabilité. Au milieu des vestiges d'un temps révolu qui se caractérisait par l'insouciance propre à notre âge, un souvenir se démarque des autres. Celui-ci me rappelle constamment mes erreurs passées et surtout cette erreur là qui a été fatale. Malgré moi, je le vis en boucle encore et encore. Mais l'effet qu'il produit sur moi est toujours le même. La tristesse m'envahit.
