23 - doomed to remember

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Souvenirs douloureux

Souvenirs douloureux

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JAREK

Je clos mes paupières quelques instants en arrivant devant chez moi et mon front retombe sur la porte. Un soupir fébrile échappe mes lèvres quand plusieurs fragments de la journée me reviennent en mémoire et je me sens soudain si fatigué. Après avoir été absente hier, Kessyah est revenue aujourd'hui en cours. Elle était perdue dans ses pensées la plupart du temps et ni moi ni Ichiro n'avons su comment réagir.

- Qu'est-ce qui est arrivé à ton visage ? lui demandai-je en le prenant entre mes mains pour exposer sa joue meurtrie à la lumière.

Le choc qui m'assaillit à sa vue fut vite balayé par une onde de fureur en imaginant qui a pu lui faire ça. Face à ma voix tranchante, Ichiro se pencha aussi vers le visage de Kessyah afin d'observer la trace d'une main sur sa joue.

- Toujours dans la subtilité Kaminski, soufla Ichiro.

Bientôt sa nonchalance laissa place à une colère faisant écho à la mienne. Comme moi, ses sourcils se froncèrent et sa mâchoire se contracta. Il se recula en même temps que je lâchai le visage de Kessyah. Son regard se fit plus sombre quand il chercha à capter son attention mais elle tourna la tête.

- C'est à cause de mardi soir, c'est ça ?

Elle secoua la tête et passa une main sur son visage en fermant les yeux quelques secondes. Son regard erra derrière nous avant qu'elle se décide à nous faire face.

- Non. C'est pas ça. C'est une longue histoire. J'ai un peu pété les plombs et ça n'a pas trop plu à ma grand-mère. Mais j'ai pas envie d'en parler. On peut changer de sujet s'il vous plaît ?

L'épuisement perceptible derrière sa voix gracieuse eût le mérite de m'aider à relâcher la tension dans mes épaules et transformer ma colère en inquiétude.

- Est-ce que tu peux au moins nous dire si ça va ? dis-je en ramenant une de ses mèches derrière son oreille avant de poser délicatement ma main sur sa joue et la caresser.

Sa tête se pencha inconsciemment vers ma main et je ressentis ce petit serrement au cœur comme à chaque fois que je suis proche d'elle. Mon organe vital se compressa avant de s'emballer comme il le fait toujours à son contact et je fus soudain beaucoup trop conscient du moindre de ses faits et gestes. Du frémissement de sa joue contre ma paume au souffle qui s'échappait lentement de ses lèvres, j'avais l'impression de tout ressentir plus fort et mon corps ne pouvait pas s'empêcher de réagir. Un frisson me parcourut et je me concentrai sur son visage.

- J'ai été triste et en colère. J'ai pleuré et crié. Maintenant je me sens... vide.

Mon humeur maussade ne s'arrange en rien quand j'entre chez moi pour découvrir mon père aux côtés de ma mère sur le canapé. Ils sont en pleine conversation et ne me remarquent pas immédiatement. C'est toujours un peu étrange pour moi de me retrouver avec eux quand ils sont ensembles. D'un côté il y a ma mère avec qui je m'entends si bien, et de l'autre il y a mon père que je préfère éviter. J'ai l'habitude de prendre ma mère dans mes bras quand j'ai la chance de la trouver à la maison avant moi, mais c'est à peine si j'ose croiser le regard de mon père quand je rentre. Ne voulant pas m'éterniser, j'opte pour un bonsoir que je marmonne avant de monter m'enfermer dans ma chambre.

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