Ma différence, mon fardeau
KESSYAH
Mon tote bag fermement maintenu contre moi, je me faufile parmi la multitude de lycéens qui déambulent dans la cour. Au passage, j'en bouscule quelques-uns volontairement puis je prends une mine désolée quand ils me foudroient du regard. Ils n'avaient qu'à pas se mettre en plein milieu. J'ouvre ensuite la porte du bâtiment si vite que le pauvre garçon de l'autre côté se la prend contre le front. Mais je n'ai pas le temps de m'éterniser. Je murmure quelques excuses et je monte les escaliers le plus vite possible. C'est toute essoufflée que j'arrive au troisième étage. La salle où je devrais être depuis dix bonnes minutes est juste devant moi et, malheureusement pour moi, fermée. Pourtant, je ne rentre pas tout de suite. Le dos courbé et les mains sur les genoux, j'essaie de reprendre ma respiration. Mon bus n'a pas été fichu de se pointer à l'heure.
Alors que j'étais toujours à la recherche de plus d'air, un ricanement me parvient. Je me redresse et mes yeux se posent sur un élève de ma classe sûrement en retard aussi. Or, comparé à moi, il est tout à fait décontracté. Sa silhouette svelte s'approche lentement de moi d'un pas souple. Il n'a pas l'air pressé pour le moins du monde. Arrivé à mon niveau, il passe une main dans ses cheveux noirs de jais pour écarter quelques mèches de ses yeux bridés. Puis il retire la sucette qu'il avait en bouche pour m'adresser la parole.
- Rassure-moi, tu sais que même si tu te dépêches c'est trop tard puisque tu es déjà en retard ?
La lueur rieuse qui s'allume dans son regard noisette me fait lever les yeux au ciel. Ma réaction lui arrache un sourire qui ne fait qu'amplifier son air facétieux.
- Je préfère avoir cinq minutes de retard plutôt que dix.
J'accompagne ma réponse d'un haussement d'épaules pendant qu'il secoue la tête en chuchotant « inutile », le tout accompagné d'un sourire taquin. Sans plus attendre, je frappe à la porte qui s'ouvre sur le visage sévère de mon professeur d'anglais et la trentaine de paires d'yeux de mes camarades. Prenant mon courage à deux mains, je fais mon possible pour parler d'une voix distincte et sans bégayer, en ignorant tous ces regards braqués sur moi.
- Bonjour monsieur, je suis désolée pour mon retard. Je-
- Êtes-vous passée à la vie scolaire ? m'interrompt-il abruptement, provoquant par la même occasion les rires de certains élèves.
Je remonte mon sac sur mon épaule d'un geste mécanique et j'enfonce mes ongles dans ma paume.
- Non, j'ai pensé que puisque-
- Allez à la vie scolaire, conclut-il en refermant la porte.
Dans un premier temps, je reste coite face à la porte devant moi. Une flopée d'injures me vient à l'esprit, toutes destinées à ce vieux bougre. Au bout de quelques minutes, je me retourne vers le garçon de ma classe qui est resté pendant tout ce temps un peu plus loin et donc non visible par les autres. Adossé au mur, il suçote sa sucette en pianotant sur son téléphone. Lorsqu'il remarque mon regard, il me rejoint en quelques enjambées, délaissant son portable.
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Nos combats les plus précieux
Подростковая литератураQuand trois adolescents tourmentés par la vie trouvent la force de continuer à se battre dans leur amitié... Kessyah, Jarek et Ichiro nouent un lien fort et unique lors de leur dernière année de lycée, cette période de croisement entre les derniers...