Quand trois adolescents tourmentés par la vie trouvent la force de continuer à se battre dans leur amitié...
Kessyah, Jarek et Ichiro nouent un lien fort et unique lors de leur dernière année de lycée, cette période de croisement entre les derniers...
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KESSYAH
J'entame ma première semaine de vacances par un fast food avec les garçons. On a pris nos menus à emporter au Macdonald's pas loin de la plage, puis on s'est posés sur le sable face à la mer. C'est l'avantage de vivre dans le Sud de la France. Certes il fait très froid en cette soirée de fin d'octobre, mais emmitouflée dans mes vêtements chauds et en compagnie de Jarek et Ichiro qui ne manquent jamais une occasion de me faire rire, je n'y fais même pas attention.
- On aurait dû aller au Burger King, affirme Jarek avant d'avaler une nouvelle bouchée de frites. C'est beaucoup mieux.
- Non, c'est faux, protesté-je. Macdo restera toujours indétrônable.
Je bois une gorgée de mon coca tout en promenant mon regard sur les alentours. Ce soir, le ciel nuageux nous empêche d'admirer correctement le coucher du soleil. Les derniers rayons du soleil se faufilent à travers les nuages pour éclairer le visage d'Ichiro, et ses cheveux noir de jais qui lui arrivent maintenant en dessous des oreilles, quand il secoue la tête en signe de désaccord avec moi. Mis à part nous trois, la plage est quasiment déserte. Le mauvais temps a fait fuir plusieurs personnes qui étaient là à notre arrivée.
- Les temps changent et maintenant c'est l'ère Burger King. MacDonald's n'a qu'à bien se tenir, conteste Jarek.
Il se tourne vers moi, son big mac à la main, et une bourrasque de vent plaque quelques mèches dorées de ses cheveux devant ses yeux. À côté de lui, Ichiro acquiesce d'un signe de tête puis il finit d'avaler ce qu'il a en bouche avant de prendre la parole :
- Je suis à cent pour cent d'accord avec toi, renchérit Ichiro.
Ils échangent un check et un sourire satisfait tandis que je lève les yeux au ciel.
- Toi, tu mets du nappage au chocolat sur ton mcflurry alors tu n'as pas le droit à la parole.
- Et toi, tu mets carrément aucun nappage sur ton mcflurry ! C'est inhumain, Kessyah.
- Pour le coup, vous avez tous les deux tort. Le meilleur, ce sera toujours le nappage caramel. C'est tout, réplique Jarek.
Notre débat puéril fait naître un sourire sur mes lèvres qui se reflète bien vite sur celles de mes amis. Je baisse les yeux sur mes genoux pour voir ce qu'il reste de mon menu, c'est-à-dire presque rien. Depuis la rentrée, j'ai beaucoup pris sur moi pour parvenir à mon objectif de prendre du poids. Au cours de ces longues semaines, je me suis forcée à manger des quantités semblables à celles que je voyais dans les assiettes des autres. Autrement dit bien plus que ce que mon corps était habitué à ingurgiter ces dernières années. Cela s'est soldé d'échecs cinglants et j'ai souvent fini recroquevillée dans les toilettes à pleurer après avoir vomi mes tripes. C'est pour cette raison que la simple vue des quelques feuilles de salade échappées de mon burger qui jonchent l'emballage m'émeut. Finalement, peut-être que je suis sur la voie de la guérison. Quelques mois en arrière, ça me semblait impossible. Mais je crois que je commence à voir cette lumière au bout du tunnel. J'ai fait du chemin.
