Quand trois adolescents tourmentés par la vie trouvent la force de continuer à se battre dans leur amitié...
Kessyah, Jarek et Ichiro nouent un lien fort et unique lors de leur dernière année de lycée, cette période de croisement entre les derniers...
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KESSYAH
- Bonjour madame Kaminski ! m'exclamé-je quand je franchis le pas de sa maison.
Elle m'ouvre en grand la porte et me sourit. Son sourire me rappelle celui de son fils, mais c'est l'un des seuls traits qu'ils ont en commun. Ses cheveux bruns et ondulés sont attachés en une queue de cheval qui dégage son visage. Elle semble moins fatiguée que la dernière fois que je l'ai vue. Cette fois-ci, aucune poche ne surplombe ses yeux noisettes. Je baisse la tête vers elle pour lui faire la bise parce qu'elle est aussi beaucoup plus petite que Jarek. Décidément, il doit sûrement ressembler à son père.
- Appelle-moi Julia, me reprend-t-elle gentiment. Les garçons sont au salon. Moi, je retourne en cuisine sinon mes lasagnes risquent de cramer.
Après m'être débarrassée de mes chaussures et de ma doudoune, je la suis dans le couloir jusqu'au salon où je découvre mes deux amis. Ils sont assis côte à côte sur le canapé dans la même position. La tête appuyée sur le haut du canapé avec les yeux fixés sur le plafond et les bras croisés. On dirait un peu des morts-vivants.
- ¡ Holà ! déclaré-je d'un ton enjoué.
Je pousse leurs grandes jambes pour me faire de la place et je me faufile entre eux, au milieu parce que c'est ma place préférée. Je passe mes bras autour des leurs puis je les croise et fixe le plafond, comme eux.
- Kessyah. Tu es enfin là, affirme Jarek.
- La seule et l'unique, rétorqué-je en souriant de toutes mes dents.
- Tu en as mis du temps ! se plaint Ichiro en m'envoyant une pichenette sur l'épaule.
Je tourne ma tête vers lui en fronçant les sourcils. Sa voix a des inflexions plus maussades que d'habitude. Comme ces derniers jours, son regard me paraît vague et soucieux même s'il prend le soin de sourire de temps en temps pour garder la face. Mais ce n'est pas ce sourire mi-charmeur mi-insolent auquel il nous avait habitués. J'ai l'impression qu'il se force à avoir l'air d'aller bien, pourtant je vois bien qu'il a la tête ailleurs. Derrière la bonne humeur qu'il affiche, il semble préoccupé et je m'inquiète pour lui.
- Bon Ichiro, qu'est-ce qu'il se passe ? T'as l'air de broyer du noir en ce moment.
- J'arrive pas à trouver du boulot, soupire-t-il. J'ai postulé dans tous les endroits possibles et imaginables et je me prends toujours des refus. Je suis trop jeune et j'ai aucune expérience.
Je pose ma tête sur son épaule et je serre son bras pour lui faire un câlin. Dans cette position, on dirait plutôt que c'est lui qui me fait un câlin, mais le cœur y est. Je relève ma tête vers lui et je tapote sa joue.
