Quand trois adolescents tourmentés par la vie trouvent la force de continuer à se battre dans leur amitié...
Kessyah, Jarek et Ichiro nouent un lien fort et unique lors de leur dernière année de lycée, cette période de croisement entre les derniers...
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ICHIRO
— Ces tartelettes sont délicieuses, Ichiro. Peut-être que tu devrais passer en cuisine au lieu de rester serveur. Tu serais le bienvenu en tout cas.
Mon oncle m'offre un grand sourire qui accentue les pattes d'oie autour de ses yeux et il me regarde avec tendresse. Mon cœur se gonfle de fierté. Après un début houleux, notre relation est aujourd'hui au beau fixe. Je me suis rendu compte que ma colère contre lui n'avait pas lieu d'être. Pour être honnête, étant donné qu'il s'est manifesté dès qu'il a eu connaissance de notre existence, c'était sûrement plus de la peur que de la colère. J'appréhendais les changements qu'il apporterait dans notre petite routine. La vraie personne à qui j'en voudrais toujours, c'est mon père.
— Bof, je sais pas. (Je hausse les épaules, faussement humble.) J'aime bien le contact avec les clients. Et les pourboires qui vont avec.
Je finis ma phrase par un clin d'œil blagueur et mon oncle éclate de rire tandis que ma mamie secoue la tête de gauche à droite avec un petit sourire.
— Et qui pourrait te résister avec ce magnifique sourire ? ajoute ma mamie en tirant gentiment sur ma joue.
— C'est le charme familiale, rétorque mon tonton avec suffisance.
— Ça coule dans mes veines.
— Allez, file avant d'être en retard pour rejoindre tes amis. Vous vous faites un resto ce midi, non ?
À plusieurs reprises, mon oncle a voulu nous aider financièrement en voyant notre situation compliquée et à chaque fois, on a refusé. Faut dire qu'il gagne bien sa vie avec sa chaîne de restaurants, et il vit seul. Mais ça ne nous semblait juste pas correct d'accepter de l'argent de la part d'un homme qu'on venait à peine de rencontrer. Famille ou pas. J'ai fini par accepter de travailler au resto, par contre. Cela me permet d'aider ma grand-mère à payer nos charges tout en ayant un peu de sous de côté. Mais surtout, ça m'a permis de tisser des liens avec le frère de mon père et j'ai pu voir à quel point il est généreux et désireux d'être présent dans nos vies pour rattraper le temps perdu.
— Ouaip, je file. À plus.
Je m'empresse de faire une bise sur la joue de ma grand-mère avant qu'elle me serre rapidement dans ses bras, puis je cogne mon poing contre celui de mon oncle et il me tapote gentiment l'épaule.
— Amuse-toi bien, petit.
À ce moment-là, le sourire qui vient étirer mes lèvres est cent pour cent sincère. Pour la première fois de ma vie, j'ai l'impression d'avoir une figure paternelle. Et après dix-sept ans, ça fait un bien fou.
[...]
— Bah putain ! m'exclamé-je après avoir bu mon verre d'eau. Tes frères sont bien gentils. Hanae ne m'aurait jamais laissé faire ça.