10 - so here's the story...

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Vérité ou vérité ?

Vérité ou vérité ?

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KESSYAH

Quand je passe la porte de la maison de Jarek, la première chose que j'aperçois, c'est un verset biblique accroché au mur.

Moi et ma maison, nous servirons l'Eternel.
Josué 24:15

Étonnée de découvrir qu'il vient d'une famille chrétienne, je lui jette un regard intrigué qu'il ne remarque pas. Il a disparu derrière une porte au bout du couloir. Sûrement le salon. Ichiro, lui, retire précautionneusement ses baskets et les pose à l'entrée, près d'une plante verte. Voyant le regard que je darde sur lui grâce au miroir face à nous, il pose les yeux sur moi.

- Quoi ? Je ne peux pas garder mes chaussures chez quelqu'un, question de principe.

Il hausse les épaules et je lève les yeux au ciel en enlevant à mon tour mes converses.

- À vrai dire, je suis plus étonnée par tes chaussettes que d'apprendre que notre éducation se rejoint sur ce point.

Je les pointe du doigt et il baisse les yeux vers elles en souriant. Chacune d'elles comporte l'inscription «suck my dick» en caractère gras sur le côté.

- Tu voudrais les mêmes, avoue.

J'éclate de rire face à ses haussements de sourcils ridicules.

- Vous venez ou je vous apporte le thé ? crie Jarek au même moment.

On longe tous les deux le long du petit couloir qui nous mène au salon. Je parcours rapidement la pièce du regard. La décoration est simple mais chaleureuse. Quelques photos ornent les murs beiges. Le canapé est recouvert d'un plaid et de coussins. Oh et miracle, il n'est ni trop mou, ni trop dur. Deux pots de fleurs reposent sur la table basse juste devant mais Jarek se lève et les dépose sur la table de la salle à manger avant de disparaître quelques secondes puis de revenir avec de quoi grignoter. Il dispose le tout sur la table basse puis se tourne vers nous.

- Si vous avez besoin de quoi que ce soit, dites-moi.

- Pas de soucis, rétorque Ichiro en étirant ses longues jambes devant lui du fauteuil où il s'est installé.

- Tes parents ne sont pas là ? demandé-je en m'emparant d'une canette de coca.

Même s'il est affalé à l'autre bout du canapé, j'ai l'impression de voir son corps se raidir à l'entente de ma question. Dans un geste nerveux, il passe la main dans ses cheveux châtains et quand il pose les yeux sur moi, je crois voir une lueur de chagrin dans ses iris azurées vite remplacée par une expression flegmatique. Mais c'est trop tard. Quand on est habitué à faire semblant d'aller bien, on sait reconnaître une autre personne triste.

- Ils sont partis en week-end, réplique-t-il avec un sourire crispé.

Comprenant que c'est un sujet plus ou moins sensible, je hoche la tête sans insister. Je sais à quel point ça peut être compliqué la relation avec ses parents... ou la relation entre ses parents. Cela ne fait que deux jours que ma mère s'est installée temporairement chez ma tante Mary mais je ressens tellement son absence que j'ai l'impression que ça dure depuis deux semaines. Depuis la fois où je l'ai vu sortir de ses gonds pour la première fois, mon père semble avoir retrouvé son tempérament imperturbable. Pourtant, son calme olympien a été mis à rude épreuve avec toutes les questions qu'on lui a posées Mayron, Kenayah et moi. Nous voulons des réponses honnêtes sur ce qui se passe entre eux. Or mon père n'est pas prêt à nous les donner.

Nos combats les plus précieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant