Quand trois adolescents tourmentés par la vie trouvent la force de continuer à se battre dans leur amitié...
Kessyah, Jarek et Ichiro nouent un lien fort et unique lors de leur dernière année de lycée, cette période de croisement entre les derniers...
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KESSYAH
Ma joue repose contre mon oreiller alors que je suis allongée sur mon lit bien au chaud sous ma couette. Hier, j'ai passé une bonne partie de la nuit à cogiter avant de m'écrouler de fatigue sans prendre la peine de tirer les rideaux ou fermer les volets. Alors bien évidement quand mon réveil a sonné pour que j'aille en cours, je l'ai éteint sans réfléchir et je me suis rendormie. Je n'avais aucune envie de me rendre au lycée et agir comme si de rien n'était alors que j'ai l'impression que mon monde s'écroule. Or, la lumière du jour m'a réveillé, me forçant à affronter la réalité. Je pousse un long soupir et me tourne sur le dos. Les yeux fixés au plafond, je me demande s'il n'existe pas un moyen de revenir en arrière et faire comme si la soirée d'hier où mes parents m'annoncent leur divorce n'avait jamais eu lieu.
- Kessyah ? chuchote la voix de ma sœur en frappant à la porte. Je peux entrer ?
Mon regard se tourne automatiquement vers la porte de ma chambre mais je ne dis pas un mot et j'essaie d'être la plus silencieuse possible. Avec un peu de chance, elle croira que je dors encore. Je ne veux pas me lever. Je veux passer la journée entière dans mon lit et ignorer les récents événements. Cela ne sera pas possible si je dois voir ce qu'est devenue ma famille. J'aperçois la poignée tourner puis la tête de Kenayah apparaît dans l'embrasure avant qu'elle entre en fermant après elle. Habillée de son pyjama et pieds nus, elle s'assoit sur mon lit à côté de moi comme si elle avait été invitée à le faire et je me redresse en position assise aussi.
- Je ne t'ai pas dit d'entrer, marmonné-je.
Sans prêter gare à ce que je viens de dire, elle passe une main dans mes cheveux pour repousser les mèches qui tombent sur mon visage et elle prend ma main dans la sienne.
- Quand papa et maman t'ont répété de vive voix ce que Mayron t'avait annoncé au téléphone, tu n'as eu aucune réaction, commence-t-elle abruptement. Tu n'as pas pleuré, ni crié, ni rien du tout en fait. Tu es juste allée t'enfermer dans ta chambre. Avec Tay' et Mayron on s'inquiète pour toi, ma puce.
Je fronce les sourcils et détourne mon regard de son visage soucieux.
- Est-ce que ça aurait changé quoi que ce soit ? S'ils avaient vu ce que ça m'a fait quand je l'ai appris, est-ce qu'ils auraient décidé de faire autrement ?
Je ne lui laisse pas le temps de me répondre que j'enchaîne :
- Je te rassure tout de suite. Oui, j'ai pleuré quand j'étais avec Ichiro et Jarek. On dirait bien que je suis toujours la même petite fille pleurnicharde et faible. (Je me tourne de nouveau vers elle et ramène mes genoux contre mon torse que j'entoure de mes bras.) J'ai regardé les statistiques hier, tu sais. Environ 46% des mariages se terminent par un divorce et un mariage tient en moyenne jusqu'à quinze années. Papa et maman allaient fêter leur vingt-cinq ans de mariage cette année. Vingt-cinq ans, répété-je avec amertume. S'ils ont tenu dix ans de plus que des milliers de couples, qu'est-ce qui les empêche de tenir encore ?
