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Je reste dehors quelques minutes, et au passage, j’essaye de chercher Théa. Je l’ai vu sortir en même temps que moi, mais je ne sais pas du tout où elle est. Je fais le tour de la propriété et la cherche tant bien que mal, en vain.
Elle reste introuvable.
Comment c'est possible, vu la tenue fluo qu'elle porte je devrais la voir de loin !

Je ne devrais pas m’inquiéter, car elle sait ce qu’elle fait et elle est responsable, mais si elle est saoule, il peut lui arriver quelque chose sans qu’elle ne soit au courant.
Ne jamais lâcher ses copines lors d'une soirée pleine de monde, c'est la règle numéro une. Et je l'ai lâchement transgressé...

Je bouscule les gens sur mon passage et rentre dans la maison, me faisant accueillir par une magnifique odeur de gerbe. Le tapis a du morfler...

Je ne sais pas si Théa a eu l’occasion de monter à l’étage, mais je ne compte pas la laisser seule si je la retrouve.

- Tu cherches quelqu’un ? me demande une voix dans mon dos.

Je me retourne rapidement, surprise, et constate que Harrington se tient là, adossé au mur, un verre à moitié plein à la main.

- Théa, je réponds simplement en jetant des coups d’œil autour de nous.

Steve grimace, pose son verre et s’approche de moi pour se faire entendre (la musique est bien trop forte).

- Je ne l’ai pas vu depuis un petit moment, il m’informe. Attends, je vais t’aider à la chercher.

Je recule un peu et secoue la tête, déclinant poliment son offre.

- Ne t’embête pas, je réponds. Va profiter de ta fête, je m’en occupe.

J’emboite le pas et monte les escaliers, mais sa main se referme sur mon poignet et il me retient doucement.

- Laisse-moi t’aider, Anna. S’il te plait.

Mon prénom entre ses lèvres me retourne l’estomac. Il y a quelques années, j’aurais rougi et ri comme une idiote. Mais maintenant, cela ne me fait plus de tels effets, pas aussi fort, en tout cas. Je lui en veux toujours, il ne faut pas l’oublier.  

Je lève les yeux au ciel et fais un mouvement de tête en direction des escaliers. Cette réponse semble le satisfaire, car il me sert un de ses sourires d’enfant et me suis à l’étage.

Je sais très bien que cet endroit est, en règle générale, réservé à… enfin, aux choses privée. Et je n’ai aucune envie d’interrompre qui que ce soit pendant ce moment. Ainsi, je laisse Steve passer devant. De toute façon, il est censé connaitre sa maison mieux que moi qui ne suis jamais venue.

Il ouvre les portes une par une, mais les refermes toutes. Au bout de la troisième, il se stoppe et fronce les sourcils.

- Eh ! Salissez pas les draps, bande de pervers ! il dit en claquant la porte.

Malgré-moi, je ne peux me retenir de rire. C’est un sacré numéro, ce type.

- Elle n’est pas ici, il me dit en se tournant vers moi, un air désole sur le visage.

Mon visage se décompose et je commence à réellement m’inquiéter. Théa, où tu t’es fourrée, encore ?

Voyant que je ne réagissais pas, perdue dans mes pensées, Steve secoue sa main devant mes yeux.

- Eh oh… On va la retrouver, t’inquiète pas, il essaye de me rassurer.

Même si j’apprécie vraiment le geste, j’aimerais le tenir à distance de Théa et moi. On n’a pas besoin de lui dans nos vie, il a déjà assez fait de dégâts comme ça.
En plus de cela, je ne veux pas qu’il passe sa soirée d’anniversaire à se préoccuper de choses qui ne le concernent pas vraiment.

Alors sans répondre, je sors de ma transe et dévale les escaliers en sens inverse. Je l’entends dans mon dos qui m’appelle, mais je ne me retourne pas.

Je refais le tour du jardin en premier, pendant bien cinq longues minutes, puis je retourne à l’intérieur. Lorsque mon regard tombe sur mon amie, assise sur le canapé entourée de trois garçons, une bière à la main, bien sagement, je crois que je vais péter un câble.

Je me dirige vers le canapé où elle se trouve d’un pas pressé et me plante devant elle.

- Annaëllllleeee, elle dit en me voyant.

Il ne faut pas être devin pour comprendre qu’elle a bien plus de trois grammes dans le sang.

- Je t’ai cherché partout pendant trois quart d’heure, je dis en lui lançant un regard noir.

Elle me regarde et sourit, totalement dans les vapes.

- Oh, je m’amusais, désolé. Tu devrais essayer, de temps en temps.

Je serre la mâchoire et essaye de contenir ma rage. Je déteste quand elle se comporte comme une idiote et qu’elle me rabaisse devant tout le monde. Enfin bon, elle est saoule, donc on va dire que ça peut lui pardonner la part des choses.

- D’ailleurs, je vous propose un action ou vérité ! Histoire qu'on pimente cette soirée, elle déclare en levant sa bière en l’air.

Elle a failli la renverser sur sa tête, au passage.

Je lève les yeux au ciel et m’approche d’elle pour la soutenir.

- On ne va rien faire du tout, on va rentrer. Tu es déchirée, ta mère va criser, je dis en essayant de la lever.

Mais, avec le peu de lucidité qu’il lui reste, elle me repousse et fait une grimace.

- Non ! Je ne veux pas rentrer, je veux jouer ! Et toi aussi, tu vas jouer.

Sa dernière phrase sonnait plutôt comme un ordre et je n’aime pas du tout ça.

Qu’est-ce qu’elle fait ?

Je secoue la tête.

- Non, moi je rentre, je dis simplement en reculant.

Théa me regarde et, l’espace d’un instant, j’ai l’impression que tout l’alcool qui coulait dans ses veines s’est évaporé. Elle me fixe et me répond d’un ton autoritaire et sec.

- Tu ne vas pas rentrer. C’est moi qui ai les clefs. Tu viens jouer avec nous.

Je reste abasourdie face à sa réaction.
Pour qui elle se prend, à me commander de la sorte ? Je ne suis pas sa marionnette, non mais je rêve !

Mais je n’ai pas le temps de répondre quoi que ce soit que Harrington arrive derrière moi, me prend par la taille et me fait avancer vers les canapés.

- Bien sûr qu’elle va jouer ! Et je me joins à vous !

La blonde crie de joie et se redresse, tandis que j’essaye d’échapper à l’emprise de Steve.
Je me dégage facilement et me place le plus loin possible de lui, c’est-à-dire en face, séparé par la table basse.

Tout ceci n'annonce rien de bon...

Remember MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant