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Quelques jours plus tard, nous sommes déjà en milieu de semaine, et je n’ai toujours pas adressé la parole à Théa. Elle n’a pas réellement essayé de venir me parler non plus, en réalité. Mais c’est mieux ainsi, je suis du genre à fuir la rivalité et la confrontation. Et Théa serait capable de me rentrer dedans et de me mettre minable juste pour montrer sa petite personne.

Depuis que nous ne nous parlons plus, j’ai commencé à apprécier ma propre compagnie.
Je pensais que manger seule, aller en cours seule et marcher seule allait me déranger. Je pensais que cela allait me rendre encore plus bizarre que je ne l’étais déjà. Mais en réalité, pas vraiment.
J’apprécie me retrouver seule et aller m’assoir sur un banc avec un livre, sans une « amie » qui me raconte ses plans-cul incroyable à longueur de temps. Toute ma vie sexuelle est basée sur les dires de Théa, de toute manière, cela ne risque pas de me manquer…

En fait, je me rends compte que la blonde n’était absolument pas indispensable à ma vie. Si elle revient me parler, que grand bien lui fasse, mais pour moi, elle ne sera jamais plus qu’une amie du lycée, et encore.

Alors que je suis assise sur le banc, mon fidèle Rubik’s Cube à la main, j’entends quelqu’un approcher de ma position. Je ne lève pas la tête de mon jeu, car de toute façon, je sais très bien que la personne n’est clairement pas là pour moi. Si elle veut s’installer à côté de moi, qu’elle le fasse, le banc ne m’appartient pas.

- C’est vraiment un truc d’intello, ton jeu, j’entends devant moi.

Je me fige en reconnaissant la voix qui vient de prononcer ses mots.
Je lève la tête et croise le regard de Harrington.
Encore lui, non mais c’est pas possible.
Trois jours de paix, je n'ai eu le droit qu'à trois jours de paix.

- C’est vraiment un truc de con, ta coiffure, je réponds en feignant la désinvolture.

Steve semble outré voir vexé de ma réponse, car il passe frénétiquement sa main dans ses cheveux pour les remettre en place, puis me répond :

- Quoi ? Arrête tes conneries, je passe deux heures à les coiffer chaque matin.

L’intérêt qu’il porte au nid d’oiseau sur sa tête est totalement ridicule. Enfin, chacun son truc. Mais je doute fort qu’il passe autant de temps qu’il le dit à arranger sa vieille tête.

- Bah, tu devrais changer de technique, parce que là, ça ne ressemble plus à rien, je rajoute en baissant de nouveau mon regard sur le cube entre mes doigts.

J’essaye d’être la plus froide et la plus distante possible, parce que je ne veux pas qu’il reste ici.
Mais qu’est-ce qu’il me veut, au final ? Pourquoi vient-il me parler, alors que je l’ai totalement repoussé la nuit de sa soirée ?

Sa présence à mes côtés me dérange, comme s’il prenait toute la place et rayonnait, tandis que moi que je faisais mourir les fleurs sur mon passage.

- Qu’est-ce que tu veux, Harrington ? je finis par demander en le fixant, un peu sur les nerfs.

Ce n’est pas normal qu’il vienne me parler, alors s’il a un truc à me demander, qu’il le fasse tout de suite, comme ça on est réglé.
Ensuite, il prendra sa magnifique cape de super-maman et son gel qui coute trois fois mon loyer, et hop, ça dégage.

Le brun me regarde et fronce les sourcils.

- Euh, je sais pas trop. Je t’ai vu toute seule alors…

- Alors tu as pensé que j’avais besoin d’un baby-sitter ? je complète sa phrase en le coupant.

Il fait une grimace et secoue la tête.

Remember MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant