Le lendemain matin, j’ai le droit à un super et magnifique interrogatoire de la part de ma mère.
Elle a dû être déçue quand je lui ai dit que, non, nous ne nous sommes pas embrassés. Pourquoi brusquer les choses, de toute façon ?
Et s'il ne voulait pas, justement ?Le week-end m’a paru tellement long. Pourtant bien chargé, j’avais l’impression que le lundi ne viendrait jamais. Je crois qu’au fond de moi, Steve me manquait un petit peu. Je n’ai pas arrêté de ressasser notre soirée ensemble, ce qu’il s’est passé, moi contre sa poitrine, écoutant les battements de son cœur, sa peau qui frôle la mienne, ses yeux qui cherchent les miens…
Cette soirée était tout bonnement magique, tellement magique que j’ai l’impression que ce n’était pas réel.D’un côté, je suis vraiment pressée de retourner en cours pour voir Steve, mais d’un autre côté, j’appréhende.
Qui me dit qu’il ne va pas faire comme si de rien n’était ?
Comme s’il n’y avait pas cette alchimie entre nous ?
Comme si on ne s’était pas vu vendredi soir ?
Pire, comme s’il regrettait ?Toutes ses questions tournent en boucle dans ma tête pendant les deux longs jours qui composent le week-end.
C’est une des premières fois que je me plains d’être en congé, d’ailleurs.*
Calée contre mon casier et le nez dans mon bouquin d’histoire, je ne vois pas Steve arriver vers moi. Il s’empare de ma taille et me fait tourner pour m’avoir face à lui.
Je lâche un petit cri, surprise, et finis par éclater de rire.
- Espèce d’idiot, tu m’as fait peur, je dis en tapant son torse.
- C’était le but, dit-il en me faisant un clin d’œil.
Comme une impression de déjà vu.
Je pouffe et mets un petit peu de distance entre nous, afin de frôler un minimum le raisonnable.
- Où est-ce que tu étais en train de trainer ? je demande. Tu es tout sale.
En effet, sa veste est pleine de poussière.
- Ah bon ? il demande, perplexe, en cherchant à chasser la salissure.
Je pouffe et lui demande de ne pas bouger, le temps que je retire toutes ses cochoncetés. J’époussette son épaule rapidement et passe ma main dans ses cheveux doux et soyeux (mais sales) pour y retirer les quelques toiles d’araignées.
Sérieusement, il est allé ramper sous le bâtiment, ou bien ?
Steve me sert son plus beau sourire, se penche un petit peu vers moi, et dépose un délicat baiser sur ma joue en guide de remerciement.
- Merci, déclare-t-il simplement, sans réellement se rendre compte de l’impact que ce geste a sur moi.
Je cherche à cacher mon violent rougissement et lui fais un clin d’œil.
Pour mon plus grand bonheur, Steve se comporte normalement avec moi.
Toutes mes appréhensions de la veille s’envolent soudainement. Je pourrais même dire que l’on s’est un petit peu rapproché, tous les deux. Au moins, il ne m’a pas jeté, c’est tout ce que je voulais.- Qu’est-ce que tu lis ? il me demande en me piquant mon livre des mains.
Je râle un peu pour la forme et essaye de reprendre mon bouquin, mais il le tient bien hors de portée de ma petite taille.
- Harrington ! C’est juste mon livre d’histoire. Tu as le même que moi, je te signale, alors rends-le moi, s’il-te-plaît !
Il arrête ses mouvements, se tourne vers moi et sourit simplement.
- Et voilà pour vous, Madame, dit-il en me tendant mon bouquin.
Je lui tire la langue et le fourre dans mon casier.
Harrington rigole et ne commençons notre chemin ensemble vers notre prochaine salle de classe, dans une atmosphère légère et tellement agréable.
Mais lorsque nous arrivons devant la salle, mon sourire s’évapore. Nancy Wheeler se tient là, et elle semble attendre quelque chose.Je n’ai rien contre cette fille, mais je sais qu’entre elle et Steve, c’est compliqué. Etant donné que je prendrai toujours le parti de mon ami, j’aime autant savoir Nancy loin de lui. Loin de nous. Si tenté qu’un jour, il y ait un nous.
Je ne suis pas réellement jalouse d’elle, car ses airs de sainte ni touche ne me plaisent guère, mais je sais que Steve a été follement amoureux d’elle. Et malgré tout ce qu’il s’est passé entre eux, je sais qu’elle restera à jamais son premier vrai et grand amour. C’est peut-être cela qui me dérange, au fond ? Qui sait ?Inquiète, je lance un regard au brun à mes côtés. Il me regardait déjà, un sourcil arqué, l’air de me demander « mais qu’est-ce qu’elle fait là ? ».
Elle n’a pas cours avec nous, et on vient de croiser ses amis à l’instant à l’autre bout du couloir, et ils partaient dans la direction opposée à la nôtre.Lorsque Nancy nous voit arriver, elle me dévisage rapidement et se dirige vers Steve, sans daigner m’adresser un autre regard de gentillesse.
Décidément.
- Steve ? elle appelle en arrivant près de nous.Il souffle discrètement et lui lance un regard.
- Oui, Nancy ?
Malgré-moi, je sais très bien que Nancy n’a besoin que de claquer des doigts pour avoir Harrington à ses pieds. Et ça me rend dingue.
Elle l’a trompé, cela ne lui suffit pas ?- On pourrait parler ? elle demande sérieusement. En privé, elle rajoute en me lançant un regard noir.
Alors que je m’apprêtais à leur laisser l’intimité demandé, mon ami me retient doucement par le bras.
- En privé, elle peut rester, il répond en la défiant du regard.
Et j’ai bien compris qu’il me faisait simplement un appel à l’aide. Il me demande de le retenir de faire une connerie. Il me demande ainsi de l’aider. Et je compte bien le faire.
Nancy souffle bruyamment.
- J’aimerais parler de nous, dit-elle froidement.
Steve secoue un peu la tête, lâche mon bras et se gratte le derrière de la nuque.
- Il n’y a plus de nous, Nancy… répond-il tristement.
Bien dit.
Quoi ?
La femme semble surprise de cette réponse, et apparemment, elle ne lui plait pas beaucoup non plus.
Ainsi, elle pensait pouvoir le récupérer aussi facilement ? Après l’avoir trompé, repris, quitté, roulé dans la farine et brisé le cœur ? Elle rêve, quel culot !
- Mais je-
Elle n’a pas le temps que commencer sa phrase que Steve la coupe.
- Ecoute, commence-t-il en levant la main pour apaiser les tensions. Nous deux, ça ne collait clairement pas. Il y a eu des torts dans les deux camps, mais il faut savoir passer à autre chose. Tu m’as brisé le cœur, Nancy, plus jamais je ne le laisserai entre tes mains. S’il-te-plaît, laisse-moi essayer d’aller de l’avant.
Son discours me laisse perplexe.
J’avoue que je ne m’attendais pas à ce qu’il la remballe comme ça. Chacune de ses paroles semblaient venir du plus profond de son cœur, et je trouve ça vraiment magnifique. Triste, mais magnifique.
Il a enfin eu le courage de lui dire ce qui le pesait, et maintenant, il va peut-être pouvoir guérir ses horribles blessures qu’elle lui a infligé.Nancy ne bronche pas, serre les dents, me lance un regard meurtrier (comme si j’avais fait quelque chose de mal, tiens), finit par tourner les talons et par partir rapidement en faisant claquer ses ballerines sur le sol carrelé du lycée.
J’attends une réaction de la part de mon ami, et je m’attends au pire. Je n’ai pas vraiment envie de devoir le ramasser à la petite cuillère…
Mais heureusement pour moi, je n’ai pas besoin de tout ça. Il me lance un regard fatigué, prend ma main dans la sienne, la serre un petit peu, et m’entraine jusque dans notre salle de classe.
VOUS LISEZ
Remember Me
FanfictionAnnaëlle et Hawkins, ce n'est pas une histoire d'amour. Elle déteste cette ville. Et elle déteste Steve Harrington, aussi. Le Roi du lycée qui lui a brisé le cœur il y a des années. Mais quand elle se retrouve prise au piège entre pouvoirs magiq...